La Région Réunion tente de minorer le coup d’arrêt donné à la route en mer

Tentative de passage en force pour la carrière de Bois-Blanc

12 juin 2018, par Manuel Marchal

C’est à Bois-Blanc qu’a eu lieu la plus grande manifestation jamais organisée à La Réunion pour la protection de l’environnement. C’était contre l’ouverture d’une méga-carrière porteuses de graves risques environnementaux et sanitaires. L’arrêté préfectoral rendant possible ce projet a été annulé par la Cour d’appel administrative de Bordeaux, ce qui donne un coup d’arrêt à la poursuite du chantier de la route en mer faute de matériaux. Mais la Région Réunion soutient un passage en force et annonce l’ouverture de la carrière l’année prochaine, tandis que l’Etat continue d’appuyer cette initiative.

C’est à Bois-Blanc, contre le projet de carrière, qu’eut lieu la plus grande manifestation jamais organisée à La Réunion sur le thème de la protection de l’environnement.

Quasiment le lendemain de l’arrêt de la Cour d’appel administrative de Bordeaux annulant le Schéma départemental des carrières autorisant l’ouverture de celles de Bois-Blanc, Dioré, Menciol et Bellevue, la Région a lancé une opération de communication avec visite de chantier à la clé pour affirmer que le projet de la route en mer se fera comme prévu.
Hier, la Région avait rendez-vous avec les organisations syndicales et patronales du BTP et des transports. Ces professions sont en effet inquiètes après la décision de justice. Pour le moment, le chantier de la route en mer est alimenté par des roches extraites de champs de canne et transportées sur des dizaines de kilomètres : les andains. Mais ces andains ne suffiront pas pour construire la digue entre La Possession et la Grande-Chaloupe. Ce choix technique avait pour but de remplir le carnet de commande de certains transporteurs. Mais il est à l’origine de l’impasse du chantier et provoque l’inquiétude de ceux qui ont cru aux promesses de Didier Robert. En effet, cette digue ne pourra être réalisée que si des méga-carrières sont ouvertes, ce qui est loin d’être fait.

Le discours de la Région s’est voulu rassurant : le rythme de déplacement des andains sera maintenu, et l’ouverture de la carrière de Bois-Blanc en 2019 permettra de régler tous les problèmes d’approvisionnement en matériaux du chantier. Manifestement, un passage en force se prépare pour la carrière de Bois-Blanc. Didier Robert est en effet pris au piège de ses promesses, et doit répondre dans l’urgence à l’impatience de ceux qui y ont cru et ont investi dans l’achat de camions neufs.

Promesse pleine d’insécurité juridique

Il eut été sans doute plus raisonnable d’attendre le traitement définitif par la justice des recours déposés contre l’arrêté préfectoral du 26 août 2014 permettant l’ouverture de méga-carrière pour la route en mer. En cas de recours contre la décision de la Cour d’appel administrative de Bordeaux, il ne reste en effet qu’une seule juridiction susceptible de trancher définitivement.
Comme l’indique le jugement du tribunal administratif d’appel rendu public le 29 mai dernier, « les modifications approuvées par l’arrêté en litige ne peuvent être regardées comme mineures. Par suite, elles ne pouvaient intervenir sans qu’une évaluation environnementale ne soit réalisée ou à tout le moins sans que l’évaluation ayant accompagnée la révision du schéma approuvé en 2010 ne soit réactualisée ». Depuis que le projet d’ouvrir ces carrières a été rendu public, les riverains et les associations de défense de l’environnement se sont mobilisées. Ceci rappelle que les impacts sur l’environnement et la santé sont bien rééls pour de tels projets, ce que confirment les juges de Bordeaux.

C’est donc sur la base d’un arrêté préfectoral annulé en Cour d’appel que se base la nouvelle promesse de la Région, qui nage en pleine insécurité juridique.
Au sujet de la carrière de Bois-Blanc, l’association ATR-FNAUT avait décelé un passage en force derrière l’annonce, par voie d’annonce légale, de la poursuite de la procédure pour l’ouverture de ce gisement. Et ATR-FNAUT de demander si cela ne signifiait pas que les promoteurs du chantier voulaient mettre la justice devant le fait accompli, ambitionnant de mettre en service la carrière avant que la dernière juridiction ait à se prononcer.

Besoin d’une mission d’expertise

Toutes ces péripéties n’auraient pas eu lieu si la simple demande d’une mission d’expertise financière et technique avait été satisfaite. Le projet du tram-train avait subi une évaluation de ce type qui s’était avérée positive ce qui prouvait bien la viabilité du projet. Mais aucune mission de ce genre n’a été diligentée pour la route en mer, malgré les demandes répétées du PCR et de l’Alliance.

Une telle mission aurait sans doute démontré que les besoins en matériaux du projet de Didier Robert signifiaient des nuisances pour une grande partie de la population réunionnaise, en raison du ballet incessant de camions chargés roches, rarement bâchés, ce qui peut provoquer des accidents. Des nuisances poussées à leur maximum à cause du besoin d’extraire des roches dans des carrières situées à des dizaines de kilomètres du chantier qui doit les recevoir.

Il est encore temps de sortir de cette impasse par le haut afin de régler le problème de la sécurisation de la liaison Saint-Denis/La Possession par une solution respectueuse de l’environnement.
Ce gouvernement a montré au sujet de Notre Dame des Landes qu’il était prêt à abandonner un projet qui rencontrait une forte mobilisation, pour préférer une alternative moins coûteuse sur le plan environnemental. C’est précisément cette résistance qui se manifeste au sujet des projets de méga-carrière. C’est à Bois-Blanc qu’a eu lieu la plus grande manifestation pour la protection de l’environnement précisément contre le projet de carrière, et c’est là que la résistance s’amplifiera. N’en déplaisent aux promoteurs de la route en mer et à ceux qui croient leurs promesses.

M.M.

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  • La Région pourra peut être obtenir l’autorisation d’ouvrir une carrière pour l’extraction de roches massives dans un an, mais pourquoi attendre un an quand on peut trouver dès maintenant les roches nécessaires à la construction de la digue de la nouvelle route en mer entre la Possession et saint Denis .

    Comme je l’ai déjà dit il y a suffisamment de roches massives dans le lit des rivières et ravines de la Réunion pour cette digue ,il faut s’organiser pour aller les chercher . Comme les rivières et ravines de la Réunion sont des cours d’eau non navigables en principes la gestion de leur lit relève de a compétence des riverains . Et comme les bords des ravines et rivières sont dans la plus part des cas dans le domaine de l’Etat , l’autorisation d’extraction des roches devraient relever de la compétence du préfet. Cela est évident pour toutes les ravines et rivières qui traversent les forêt domaniales . Pour ce qui concerne les parties situées sur la zone du littoral la décision appartiendrait au riverains sous le contrôles des maires concernés .

    Au lieu de baisser les bras et d’attendre qu’une nouvelle carrière soit autorisée légalement nous pourrions déjà commencer prendre les roches disponibles dans les lits des rivières et ravines qui relèvent de la compétence de l’Etat et de nos élus locaux . Il faut donc faire la liste des ravines facilement accessibles qui contiennent en abondance des roches massives et prendre la décision nécessaire . Toutes les ravines et rivières contiennent des grosses roches mais certaines qui sont facilement accessibles en contiennent plus que d’autres . C’est notamment le cas de la Ravine sèche entre le Pont Payet et la Plaine des palmiste, qui a elle seule pourrait fournir plus de la moitié des roches nécessaires à la digue . C’est aussi le cas de la Ravine des orangers à saint Anne , mais aussi de la Rivière des Roches la bien nommée, de la Ravine à Malheur juste au dessus de la digue (qui pourrait être rendue accessible par une piste ) , de la rivière des galets ,de la rivière Saint Etienne …....

    Personne n’annulera un arrêté préfectoral ou municipal permettant aux sociétés Bouygues et Vinci d’aller extraire les roches dont elles ont besoin dans ces rivières et ravines si celui ci est bien motivé. L’encombrement du réseau routier de la Réunion nécessite des mesures urgentes et exceptionnelles mais en plus ce serait une belle occasion de faire un curage général des ravines et rivières concernées et d’enlever les embâcles qui pourraient provoquer des catastrophes lors des crues cycloniques . Il faut se rappeler que l’ancien pont de la Rivière Saint Etienne a été emporté par un embâcle et que ce genre de phénomène pourrait se reproduire dans toutes nos rivières et ravines et causer d’importants dommage aux riverains et aux équipements publics .

    En enlevant les grosses roches de nos rivières et ravines on pourrait faire d’une pierre deux coups d’une part améliorer la sécurité de certains réunionnais et d’autre part accélérer la construction de la nouvelle route en mer dans l’intérêt de tout le monde .


Témoignages - 80e année


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