Inauguration de l’extension jusqu’à Curepipe : un réseau ferroviaire d’environ 40 kilomètres pour moins de 500 millions d’euros

Train Metro Express à Maurice : exemple à suivre pour La Réunion

11 octobre 2022, par Manuel Marchal

Dimanche, l’extension 2C du train Métro Express a été inaugurée ce 9 octobre. Elle permet de relier Port-Louis à Curepipe en passant par les plus grandes villes du pays en 40 minutes, pour moins d’un euro. Pour moins de 500 millions d’euros, les Mauriciens ont été capables de construire un moyen de transport moderne, rapide, écologique et pas cher. C’est un exemple à suivre pour La Réunion.

Inauguration du prolongement vers Curepipe par le Premier ministre de Maurice.

La phase 2C du train Métro Express, reliant Phoenix à Curepipe a été inaugurée dimanche et aussitôt mise en service. Étaient notamment présents à la cérémonie le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le vice-Premier ministre, Steven Obeegadoo, le ministre du Transport, Alan Ganoo, l’ambassadrice de l’Inde à Maurice, Nandini K Singh la, et le maire de Curepipe, Hans Marguerite.
Désormais, il est possible de voyager entre Port-Louis et Curepipe via Vacoas en 40 minutes pour environ 40 kilomètres et moins d’un euro par trajet.

D’ici la fin de l’année, ce réseau ferroviaire sera en service à Maurice. Le prolongement vers Mahatma Gandhi est la dernière section encire en chantier.

Moins de 500 millions d’euros pour un train de 40 kilomètres à Maurice

Cette inauguration intervient 5 ans après le lancement du chantier en 2017. La première tranche fut mise en service en janvier 2020 après moins de 3 ans de travaux. Le prolongement jusqu’à Curepipe via Vacoas a lieu 5 années après la pose de la première pierre. De Port-Louis à Curepipe sont reliées les villes les plus peuplées du pays. D’ici la fin de l’année est prévue la connexion de l’Université de Maurice et de la Cybercity par un embranchement à Rose-Hill à la ligne principale Port-Louis/Curepipe.

A Maurice, des gares ultra-modernes accueillent les usagers du train.

En 5 ans et pour moins de 500 millions d’euros avec le soutien de l’Inde, les Mauriciens ont droit à un réseau ferré desservant les zones les plus densément peuplées, la principale technopole et le cœur de l’industrie de la connaissance. Au moins 4 fois par heure et de 6 heures à 22 heures selon la fréquence initiale, un train de 350 places permet de réaliser rapidement des trajets en toute sécurité, et à un coût défiant toute concurrence. C’est un contraste saisissant avec La Réunion, engluée dans les embouteillages, avec comme conséquence des pertes de temps et d’argent en raison du prix des carburants importés.

Deux trains en gare de Curepipe à Maurice.

L’argent était là pour le train à La Réunion

10 ans avant le début du chantier du train Metro Express à Maurice, la Région Réunion présidée par Paul Vergès avait obtenu en janvier 2007 de l’État et de l’Europe les crédits nécessaires à la reconstruction du train à La Réunion entre Sainte-Marie et Saint-Paul en passant par Saint-Denis. Autant dire que le train devait rouler à La Réunion plusieurs années avant la pose de la première pierre du chantier à Maurice. Mais en 2010, tout a été cassé par l’arrivée à la présidence de Région de Didier Robert, qui s’est empressé de mettre en œuvre une politique au service du tout-automobile. Cela passait par l’arrêt du chantier du tram-train, et l’affectation des crédits qui lui étaient dédiés à une hypothétique route en mer. 12 ans plus tard, seule la moitié de cette route est fonctionnelle. Et une rallonge de 800 millions d’euros est nécessaire pour la terminer.

Le Premier ministre de Maurice et les officiels ont pris le train dimanche.

Encore 20 ans de retard sur Maurice comme au 19e siècle ?

Le seul moyen de transport moderne fonctionnel à La Réunion est le téléphérique urbain de la CINOR reliant plusieurs quartiers de Saint-Denis entre le Chaudron et Bois de Nèfles. Il a été inauguré en 2022, deux ans après le retour du train à Maurice. C’est une ligne de 2,7 kilomètres à l’intérieur de Saint-Denis.
Mais pour les liaisons entre les principales villes du pays, il n’y a pas de train. C’est l’automobile ou les Cars Jaunes avec une capacité et une fréquence très inférieures à celles du Metro Express à Maurice.
Au 19e siècle, le train avait circulé à Maurice en 1864. Il avait fallu attendre 20 années de plus pour que circule un train à La Réunion sur des voies plus petites que l’écartement standard en vigueur dans l’île sœur, avec un réseau de 120 kilomètres contre 250 kilomètres chez nos voisins. Ce retard de 20 ans sur Maurice se répétera-t-il encore au 21e siècle à La Réunion ?

Le carburant d’un train peut être intégralement produit à La Réunion

En tout état de cause, l’expérience de Maurice ne peut qu’inspirer La Réunion. C’est l’exemple à suivre et Maurice devrait logiquement être la destination de tous les voyages d’études dans le domaine des transports à La Réunion. Plus besoin de coûteux déplacements en France voire plus loin encore, tout est là, à 200 kilomètres de chez nous.
Souhaitons que la réussite du Metro Express à Maurice permette de revenir à l’essentiel à La Réunion : la nécessité de reconstruire rapidement un train entre les principales villes du pays. C’est en effet une condition pour sortir La Réunion du sous-développement en matière de transports. C’est aussi un moyen essentiel pour gagner la bataille de l’autonomie énergétique. Car un train peut fonctionner avec une électricité produite avec des énergies présentes en abondance à La Réunion : les énergies renouvelables.

M.M.

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