Séminaire international de formation sur la route des Tamarins

Un levier du développement de La Réunion

20 novembre 2007, par Manuel Marchal

Un chantier exceptionnel de renommée internationale : la route des Tamarins est cette semaine l’objet d’un séminaire de formation rassemblant des ingénieurs venus de plusieurs pays. C’est l’occasion de donner un coup de projecteur sur la politique des grands chantiers, créatrice d’emplois et levier pour l’aménagement durable de La Réunion du million d’habitants.

“Le projet de la route des Tamarins : une référence exemplaire au service des professionnels de la construction” : cette semaine, des professionnels du génie civil participent à un séminaire de formation de haut niveau sur la route des Tamarins, organisé par l’Ecole des Ponts, en partenariat avec la Région et l’Association française du génie civil notamment. Inaugurée hier, cette manifestation se poursuit aujourd’hui à la Région, puis les ingénieurs se rendront sur le chantier mercredi et jeudi avant une dernière journée à l’IUT de Saint-Pierre où il sera question des aspects financiers et juridiques de ce grand chantier.
34 kilomètres entre Saint-Paul et l’Etang-Salé, 4 ouvrages d’art exceptionnels (viaduc de Saint-Paul, franchissements de la ravine de Trois Bassins, de la Grande ravine et de la ravine de la Fontaine), d’autres ouvrages non courants : le chantier du siècle à La Réunion concentre des réalisations exceptionnelles dans le domaine du génie civil.
C’est un chantier dont la portée dépasse La Réunion. En témoigne la tenue depuis hier dans notre île d’un séminaire de haut niveau organisé par l’Ecole des Ponts. Il rassemble des intervenants et des participants venus de La Réunion, de France et aussi de Madagascar et de Maurice. Un chantier de renommée internationale, dont les acteurs principaux sont les Réunionnais, ce qui est là pour rappeler le dynamisme des forces vives du pays.
Consacrée à la route des Tamarins, cette session permet d’apporter un éclairage sur la question des grands chantiers. Pour assurer le développement de La Réunion, anticiper sur la croissance démographique et aménager son territoire, la Région mène une politique de grands chantiers : route des Tamarins, tram-train et nouvelle route du Littoral sont les plus importants.

« Besoin de mains et de cerveaux »

Au cours de l’inauguration de ce séminaire hier à la Région, le Vice-président de la Région, Philippe Berne, a rappelé un des aspects des grands chantiers issus de la commande publique dont la route des Tamarins est la première concrétisation : « ces grands projets auront besoin de mains et de cerveaux ».
« Comment les entreprises réunionnaises peuvent s’insérer dans les appels d’offres de ces grands projets ? Comment faire pour que les Réunionnais puissent y participer ? ».
Ces deux questions sont au centre des préoccupations de la Région.
Sur le premier point, Philippe Berne indique que le travail sur l’allotissement porte ses fruits. Concernant l’embauche de jeunes Réunionnais, Philippe Berne rappelle qu’un partenariat avec la Direction du Travail, le CARIF-OREF, l’ANPE et les représentants du patronat ont abouti à une gestion prévisionnelle de l’emploi sur la route des Tamarins. Des centaines de jeunes ont ainsi pu être formés pour occuper des postes sur le chantier.
Il est également important d’ajouter que cette politique de grands chantiers contribue à la relance de l’activité économique. Récemment, la FRBTP soulignait en effet que le nombre d’emplois dans le secteur du BTP a triplé en quelques années, cela grâce à l’impulsion donnée par la commande publique.

Levier pour développer le Sud

Philippe Berne est également revenu sur les objectifs de la route des Tamarins. Il s’agit de fluidifier le trafic et de conforter les villes de mi-pente. Cela entre dans le rééquilibrage entre les Hauts et le littoral. Le vice-président de la Région rappelle que le choix de cette option à mi-pente n’était pas partagée à l’époque par les services de l’Etat. Il a donc fallu lutter pour que la décision finale prenne en compte l’aménagement durable du territoire de La Réunion.
La route des Tamarins a permis de « réfléchir sur les villes de mi-pentes qui souffrent d’un étalement urbain anarchique », précise Philippe Berne. Sa mise en service va contribuer à bloquer cet étalement, et à restructurer ces bourgs.
L’autre réflexion concerne le développement du Sud. « La construction de la 2 fois 2 voies dans l’Est sans anticipation sur la création d’activité » amène à une multiplication des déplacements. Chaque jour, des dizaines de milliers de personnes domiciliées dans les communes de l’Est viennent travailler à Saint-Denis, les embouteillages sont la conséquence.
« Nous voulons créer les conditions d’installation d’entreprises dans le Sud, par exemple à Pierrefonds, pour que la route des Tamarins fasse venir des travailleurs de l’Ouest vers le Sud », a dit en substance Philippe Berne.

Manuel Marchal


Philippe Berne, Vice-président de la Région

Déplacements : « une situation particulière »

Une poussée démographique avec la perspective du million d’habitants en 2025-2030, 200.000 logements, des lycées et des collèges, le problème de l’emploi, un parc automobile en constante augmentation et un réseau routier hérité de la mise en valeur de la filière canne-sucre. Quelques éléments du contexte réunionnais décrits par Philippe Berne ont introduit hier le séminaire d’étude de génie civil “Le projet de la route des Tamarins : une référence exemplaire au service des professionnels de la construction”.
A partir de ces éléments, le vice-président de la Région énumère les priorités de la Région en matière d’aménagement du territoire. Responsable du SAR, la Région souhaite la densification des agglomérations et le rééquilibrage entre les Hauts et le littoral. Elle mène également une politique de valorisation des espaces naturels : c’est la création du Parc national et de la Réserve marine.
Compétente dans les investissements routiers et dans le ferroviaire, la Région doit faire face à une situation particulière dans le domaine des déplacements. Tout d’abord, le financement assis sur un Fonds d’investissement routier et des transports (FIRT) dont la totalité est consacrée aux réseaux routiers et au transport en commun. Abondé par une taxe sur les carburants, le FIRT apporte 200 millions d’euros par an. Sur cette somme, la moitié est versée au Conseil régional, soit 100 millions d’euros. L’objectif est d’arriver à un Office des routes, indique Philippe Berne.
Aux côtés de la route des Tamarins, le tram-train et la route du Littoral sont les priorités de la Région en matière de déplacement.


Jean-Luc Masson, Directeur départemental de l’Equipement

L’enjeu des phénomènes climatiques

Jean-Luc Masson rappelle une des spécificités de notre île : une conurbation d’une densité proche de 1.000 habitants au kilomètre carré qui essaie de préserver 30.000 à 50.000 hectares de terres agricoles. Il constate également une problématique des risques importante.
Devant un réseau très faible pour des raisons historiques et géographiques, « le transport en commun est la réponse à mettre en place ».
Avec l’achèvement de la route des Tamarins, ce sont près de 30 ans qui ont été nécessaires pour réaliser la deux fois deux voies entre Saint-Benoît et le Tampon.
Le passage entre Saint-Denis et Saint-Paul cristallise les attentions. La route du Littoral, ce sont des éboulements, la houle et l’obligation de maintenir une circulation courante pour un trafic de 55.000 véhicules par jour. Pour améliorer la sécurité, c’est à court terme la pose de 500.000 mètres carrés de filets pour protéger des chutes de pierres, note le Directeur de l’Equipement. A moyen terme, c’est la construction d’une nouvelle route, un investissement d’environ 1 milliard d’euros.
Autre point sensible du réseau routier : les franchissements des ravines. Le Gamède a rappelé la fragilité d’ouvrages d’art face à l’impact des cyclones comme l’a montré l’effondrement d’un pont de la Rivière Saint-Etienne.


Zot la di

• M. Tanis, Président de l’AFGC

Des ouvrages hors du commun

« Des ouvrages techniques du dernier cri sont la raison essentielle de notre présence ici ». Président de l’Association française de Génie civil, M. Tanis a mis hier en avant un des résultats de la commande publique à La Réunion. Les ouvrages d’art des grands chantiers sont en effet des références de niveau international.
Cette action de formation regroupe des ingénieurs venus de La Réunion, de France, de Madagascar et de Maurice.
« Une manifestation d’ampleur organisée à La Réunion du fait de l’intérêt des réalisations et des projets », souligne M. Tanis.
La Réunion est en effet une terre de grands chantiers. Ils procurent « une activité régionale, nationale et européenne ».
Forte d’aujourd’hui environ 1 millier de membres, et d’une centaine d’entreprises, l’AFGC compte 6 délégations. « Nous aimerions que cette manifestation puisse déboucher sur la création d’un groupe des Mascareignes », poursuit le président de l’AFGC. Une septième délégation, composée de professionnels de La Réunion, Madagascar, les Comores, les Seychelles et Maurice.

• Mme Skouradis, responsable Génie civil de Ponts formation édition

Projet exemplaire : formation exceptionnelle

« Devant un projet exemplaire comme peut l’être la route des Tamarins, nous avons des moyens exceptionnels », dit en substance Mme Skouradis.
La formation continue de l’Ecole des Ponts cherche à rassembler pour créer des conditions d’échange, pour notamment capitaliser les expériences, poursuit-elle.
La session dédiée à l’étude de la route des Tamarins sera marquée par deux jours sur le terrain, à la rencontre des ouvrages d’art et des acteurs de ces réalisations exceptionnelles.

Route des Tamarins

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