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Le week-end dernier, une quinzaine de cyclistes du Port se lançaient dans un tour de l’île durant deux journées... C’était la première fois, pour la quasi-totalité d’entre nous. Ils s’y sont préparés par quelques balades à vélo de plusieurs dizaines de kilomètres. Et ce samedi matin à 6 heures 30, la petite troupe s’élançait vers le Sud.
La chaussée de l’Ouest est étroite du côté du Cap de la Marianne et avant d’arriver près de Boucan-Canot, mais nous nous mettons bien en sécurité en roulant sagement l’un derrière l’autre, en regardant très souvent dans notre rétroviseur (très utile à vélo pour voir le danger qui vient de derrière) et en avertissant clairement les automobilistes qui arrivent dans notre dos, le bras bien tendu, dès qu’un obstacle sur la route nous oblige à dévier de notre trajectoire.
Du côté de Saint-Gilles, nous sommes désagréablement accueillis sur une piste cyclable mal entretenue, jonchée de verre et de gravillons et surtout par la végétation, notamment des épinards très menaçants qui ont poussé largement sur la chaussée à hauteur de visage.

Automobilistes courtois

Nous constatons, tout au long de notre randonnée, que les automobilistes sont très prudents, voire courtois, aimables, accompagnant de commentaires drôles le déplacement de notre petite équipe, très voyante il faut l’avouer, car tous étaient vêtus de jaune ou de rouge bien vif !
Après plusieurs haltes brèves et nutritives, nous arrivons à Saint-Pierre, où nous attend une restauration plus consistante, devant le joli port où quelques voiliers se balancent au gré du vent toujours fort dans cette région.
Puis arrivent les choses sérieuses : la montée de Grands-Bois, “sa lé longue”, pas facile, mais on s’encourage mutuellement et on y arrive. Arrive aussi le premier incident mécanique : une inévitable crevaison, réglée en quelques minutes par les experts du groupe... il en faut !

Au “Pinpin d’Amour”

Puis commence l’enchantement : Grande Anse, Saint-Joseph, Vincendo, Saint-Philippe, des régions magnifiques, qui apparaissent lentement à chaque tour de roue.
Et nous voilà arrivés au “Pinpin d’Amour”, une table et chambre d’hôte que je vous recommande chaleureusement : quel accueil de la part de Marie-Claude et Louis-Joseph Damour, et quel cadre merveilleux ! Une charmante demeure créole entourée d’une véranda panoramique qui vous dévoile au loin une mer émeraude ; une maison nichée dans un véritable jardin de verdure, où l’arbre dominant est bien entendu le vacoa et son fruit, le pinpin.
Du repas qui fut excellent, je ne vous dirai que ceci : nous avons goûté le pinpin sous toutes ses formes, salées, sucrées, et nous nous sommes vraiment régalés. Voilà un légume qui mérite de figurer dans les livres de cuisine et sur les tables réunionnaises !

Le jardin du Sud

Le lendemain matin, nous poursuivons notre promenade sans forcer, en nous imprégnant de ce magnifique jardin du Sud, si vert, si beau. Nous avons rencontré beaucoup d’autres cyclistes. Ils avaient bonne et fière allure à côté de nous, l’air de bien connaître la région et nous saluaient chaleureusement. Entre cyclistes...
Nous avons fait ce matin-là de multiples haltes pour mieux voir, sentir, écouter cette partie de l’île si loin du Port et où en général nous passons plutôt en voiture : les plants de vanille sur leurs différents tuteurs, les fougères arborescentes, les palmistes, tous ces beaux arbres en bonne santé qui nous ont apporté leur ombre et leur parfum. Un vrai bain de nature !
Entre Sainte-Rose et Sainte-Anne, la montée vers le pont de la rivière de l’Est, vous connaissez ? Nous, on ne l’oublira plus ! Il faut vraiment le mériter.

Une île cyclable

Sur les bords ombragés de la rivière des Roches, nous avons pris un frugal repas de midi et là il ne nous restait plus que le retour par Sainte-Suzanne, Sainte-Marie et la route du littoral avec le vent dans le dos.
Le Port était atteint à 15 heures, tranquillement et sans forcer.
On imagine l’atout que représentera la future piste cyclable en site propre tout autour de l’île, proposée par le président de la Région. Cet équipement contribuera à faire de La Réunion une île cyclable pour le plus grand bien des Réunionnais et pour les touristes qui viendront du monde entier pour apprécier un tel outil de découverte.
Notre groupe a bénéficié de l’assistance de deux véhicules et de la disponibilité des chauffeurs qui se sont privés de faire du vélo pour nous rendre service. Ainsi, les plus fatigués ont pu se reposer pendant quelques étapes ; les plus fatigués mais aussi ceux qui n’ont pas eu de chance avec leur vélo qui les a lâchés !
Apprécier le Sud et l’Est à vélo, quand on habite dans l’Ouest c’est une aventure qui vous régénère ! Avec un peu d’entraînement et un vélo que vous maîtrisez bien, c’est tout à fait possible, même pour une mamie comme moi ! Et je ne peux pas m’empêcher de vous le dire : en tandem c’est encore meilleur !

Simone Biedinger