La vérité éclate, l’opinion se réveille

Une demi-route en mer au lieu de la NRL : le basculement

24 février 2018, par Manuel Marchal

Depuis que la Région Réunion a indiqué envisager la mise en service de la moitié de la route en mer dans quelques années tandis que la réalisation de l’ouvrage est remise à plus tard, la vérité a éclaté. Et les réactions sont nombreuses pour déplorer l’amateurisme de responsables politiques qui ont choisi de supprimer le tram-train et la NRL au profit d’une route en mer dont la livraison reste hypothétique. En effet, les Réunionnais seront condamnés à subir les embouteillages liés aux basculements de la circulation de la route du littoral côté mer en cas de pluie. Le viaduc entre Saint-Denis et la Grande-Chaloupe ne règlera pas ce problème, car les automobilistes devront rouler sur la route du littoral actuelle entre La Possession et la Grande-Chaloupe.

Les embouteillages à cause du basculement de la route du littoral vont continuer. Le viaduc ne règlera pas ce problème.

Jeudi, des milliers de Réunionnais ont été pris dans un gigantesque embouteillage. 30 kilomètres de bouchon depuis l’Ermitage jusqu’à La Possession. La raison de ce grave incident était une panne sur la machine chargée de déplacer les blocs qui matérialisent la séparation des voies de circulation sur la chaussée côté mer de la route du littoral quand la route du littoral est basculée.

En effet, lorsque la pluiviométrie observée sur la route du littoral dépasser un certain seuil, un décret du Conseil d’État impose la fermeture des voies côté falaise, et le basculement de la totalité de la circulation côté mer. Sous la présidence de Paul Vergès à la Région Réunion, les conditions de circulation dans ces conditions ont été considérablement améliorées. Auparavant, il n’y avait que deux voies, ce qui signifiait des embouteillages à Saint-Denis et à La Possession. Aujourd’hui, il est possible de rouler à trois véhicules de front sur cette chaussée. C’est possible grâce à une machine qui déplace des blocs de béton afin que deux voies soient ouvertes dans le sens du trafic le plus important. Ces mouvements suivent les déplacements pendulaires des Réunionnais : deux voies vers Saint-Denis le matin, et deux voies vers l’Ouest le reste de la journée.

Les investissements de Paul Vergès

De plus, sous la présidence de Paul Vergès, 100 millions d’euros ont été investis dans la pose de filets et la construction d’un piège à galets en pied de falaise. Ceci a permis de modifier le décret du Conseil d’État. La valeur retenue pour déclencher la fermeture de la circulation côté montagne a augmenté, ce qui diminue le nombre de jours de basculement.

Mais depuis la livraison de ces travaux, le nombre de véhicules n’a cessé d’augmenter, avec l’importation chaque année d’environ 20.000 véhicules en moyenne. C’est la conséquence de l’arrêt du chantier du tram-train et du sous-investissement en matière de transports collectifs. Ceci impose comme mode de déplacement l’usage de l’automobile. Autrement dit, depuis 2010, date de l’arrivée de Didier Robert à la présidence de la Région Réunion, ce sont plus de 100.000 voitures neuves qui ont été importées. Autant dire que le réseau routier est au bord de la rupture, et il suffit d’un incident pour qu’aussitôt les embouteillages prennent des proportions considérables.

Avec Didier Robert, les embouteillages

Pour vendre son projet de route en mer, Didier Robert a misé sur l’exaspération des Réunionnais coincés dans les embouteillages causés par les basculements de la route du littoral. De par sa nature maritime, le nouvel ouvrage est très éloigné de la falaise. Ceci doit donc le rendre moins vulnérable que la route actuelle aux chutes de pierre et aux effondrements de la falaise. En conséquence, la promesse de la route en mer, c’était la fin des basculements et des bouchons qui en découlent.

Mais en envisageant de livrer une demi-route en mer, la Région Réunion revient sur cette promesse. En effet, elle condamne les Réunionnais à continuer à rouler sur une zone exposée aux dangers de la falaise entre La Grande-Chaloupe et La Possession. C’est précisément dans ce secteur qu’eut lieu le dernier effondrement de plaque. C’était en 2006, toute la route du littoral a été recouverte par des tonnes de galets et trois personnes ont été tuées.

Cela implique donc que les basculements vont continuer. Comme la politique mise en place à la Région Réunion a empêché la réalisation d’un train, le nombre des véhicules ne pourra que continuer à suivre la progression démographique de La Réunion. Plus de voitures et de camions sur un réseau routier qui n’est pas extensible, c’est mécaniquement plus d’embouteillages.

Elus discrédités

Aussi, il est clair que même si la machine déplaçant les blocs fait correctement son travail, la longueur du bouchon augmentera. Cela signifiera la paralysie de Saint-Denis, et le blocage de la voie express entre La Possession et Saint-Paul.

Depuis que la Région Réunion a annoncé qu’elle était dans l’impossibilité de livrer en totalité la route en mer à l’échéance prévue, et qu’elle envisageait l’ouverture de la moitié de cet ouvrage, des milliers de réactions sur les réseaux sociaux ont dénoncé l’amateurisme des initiateurs de ce projet. Nombreux sont ceux qui notent que la volonté de Didier Robert d’apparaître comme un grand bâtisseur comme Paul Vergès tourne à la déconfiture, avec les Réunionnais qui sont priés de passer à la caisse. D’autres demandent où sont les 2.000 bus, et regrettent l’abandon du tram-train. Ce qui ressort le plus de ces commentaires, c’est l’image d’élus incompétents qui jouent avec l’argent public.

En effet, le chantier a été lancé sans s’être assuré au préalable de la disponibilité des matériaux disponibles.

L’opinion bascule

De plus, pour financer la route en mer, la Région Réunion a décidé de stopper le chantier du tram-train et de supprimer celui de la nouvelle route du littoral. Ces projets étaient inscrits dans l’accord signé entre Paul Vergès et Dominique de Villepin, Premier ministre, en 2007 à Matignon. Si ces deux chantiers n’avaient pas été remis en cause en 2010, ils seraient déjà terminés. Les Réunionnais auraient donc déjà droit à une liaison sécurisée entre Saint-Denis et La Possession. En plus, ils auraient le choix entre le train et l’automobile.

La Région Réunion a été contrainte d’avouer la vérité. Cela a réveillé l’opinion. Elle constate que les arguments du PCR, de l’Alliance et de plusieurs associations étaient la ligne juste. Didier Robert a démontré son incapacité à tenir ses promesses, les conséquences sont désastreuses, c’est le basculement de l’opinion. Elle a compris que tout ce que les promoteurs ont dit sur les avancées de la route en mer n’était que de la publicité.

M.M.

A la Une de l’actuRoute du littoralTrainDidier Robert

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Messages

  • C’est vrai que à défaut de pouvoir terminer totalement la nouvelle route sur toute sa longueur entre la possession et saint Denis on pourrait livrer la partie Viaduc comprise entre Saint Denis et la Grande Chaloupe . Mais lorsque les pluies obligeront à fermer la partie de la route actuelle comprise entre la Possession et la Grande chaloupe , le basculement de cette portion de route sur le coté mer continuera de provoquer les énormes bouchons qui commencent quelques fois depuis l’étang Saint Paul , et ne supprimera pas le bouchon qui se créera automatiquement sur la partie du viaduc dans le sens Saint Denis / Saint Paul avant de prendre le couloir du canal bichique .

    Et comme les situations provisoires de ce genre peuvent durer une éternité , parce que on ne pourra rien faire pour changer les choses tant que l’on n’aura pas l’argent nécessaire ,( ce qui nous pend au nez avec la réforme de la fiscalité locale entreprise par le président de la république ) Les réunionnais vont devoir continuer de vivre leur long calvaire de la prison des bouchons pendant encore très longtemps . et la richesse produite par la Région Réunion continuera de descendre vers celui des pays les plus pauvres de la planète , car ce n’est pas en perdant du temps dans les bouchons que l’on peut accomplir le travail nécessaire pour augmenter notre PIB (produit intérieur Brut annuel ) c’est à dire notre richesse produite chaque année

    Avec une telle solution l’avenir de la Réunion sera chaque année une plus grande pauvreté , et une assistance sociale encore plus grande qui sera un jour jugée insupportable par tous nos compatriotes de France métropolitaine qui trouveront sans doute la pilule difficile à avaler ,ou le boulet un peu lourd à trainer, et qui pourraient nous donner notre indépendance malgré nous et en terminer une fois pour toute avec l’entretien des danseuses de la république .

    Certains diront que c’est un bon avenir, car il vaudrait mieux être indépendant pauvre que français complètement à part assistés et méprisés par tout le monde , non seulement par nos compatriotes de métropoles mais également par nos voisins les mauriciens et le malgaches qui eux auront réussi à se hisser à un niveau supérieur en augmentant leur richesses par leur intelligence et leur travail ,mais pour ce qui me concerne concerne je dirais que c’est notre descente aux enfers que nous sommes en train de construire en acceptant de telles décisions .

    La nouvelle route du littoral est commencée , il ne faut pas l’arrêter .Si on ne peut pas construire la partie digue entre La Possession et la Grande Chaloupe , il faut modifier le projet , mais il faut absolument terminer ce que nous avons commencé sans attendre des années . Chacun sait que les situations provisoires sont des situations qui durent plus que prévu . Il ne faut pas tomber dans ce piège infernal .

  • Pour moi, les responsables politiques qui ont choisi de supprimer le tram-train et la NRL au profit d’une route en mer, ont confirmé leur incompétence qui leur mène à prendre des décisions à la légère et de manière inconsciente, fermant ainsi la porte au développement du transport collectif dans notre pays, l’île Bourbon-La Réunion.

    Les premières victimes sont les usagers les plus démunis ne possédant pas de voiture particulière et j’en fais partie de cette catégorie d’sager de service public de transport interurbain.

    Nous sommes à la croisée des chemins, ceux et celles qui continuent à tourner le dos au développement du transport en commun en site propre, porteront et porteront longtemps l’énorme responsabilité du coma circulatoire sur nos réseaux routiers.

    Le projet TCSP "tram-Train" qui a été reconnu d’utilité publique après enquête et retenu en 1998 par la Région et l’Etat comme faisant partie des priorités en terme vde déplacement, était une solution responsable et porteuse en terme d’aménagement du territoire et aurait permis de mieux se déplacer pour vivre mieux aujourd’hui, car sa mise était prévu pour 2013.


Témoignages - 80e année


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