Route du littoral

Une grande cause réunionnaise

11 janvier 2008, par Manuel Marchal

Imposée contre la volonté des Réunionnais, la route du littoral est plus que jamais un levier du rassemblement le plus large pour la mise en service du tram-train et du nouvel itinéraire, car ce sont les seules solutions qui garantissent aux usagers une sécurité totale pour leurs déplacements entre l’Ouest et le Nord de l’île.

Le 19 janvier 2007, dans le cadre du transfert de la route du littoral à la Région, l’Etat s’engage à être le principal financeur du nouvel itinéraire totalement sécurisé qui doit être construit entre La Possession et Saint-Denis.

Une nouvelle fois, la route du littoral a endeuillé une famille. Imposées contre la volonté des Réunionnais, les deux premières routes ont été à l’origine de nombreux drames. Tout comme la première version inaugurée en 1963, la quatre voies mise en service en 1978 continue d’être également un gouffre financier et une catastrophe pour l’économie réunionnaise.
Le 1er janvier, un événement majeur est intervenu. La route du littoral a été transférée à la Région. Dans le cadre de cette décision, l’État s’est engagé à financer une partie des investissements nécessaires à la réalisation d’une nouvelle route. C’est un des volets du Protocole de Matignon signé le 19 janvier 2006. Cet itinéraire permettra de sécuriser totalement la liaison entre Saint-Denis et La Possession. Pour rappel, la contribution de l’Etat inscrite dans le contrat s’élève à 394 millions d’euros, celle de la Région à 191 millions, celle de l’Europe à 130 millions. Le solde est assuré par la concession.
Signé par le Premier ministre et le Président de la Région, ce protocole a été approuvé par la Région le 13 février 2006. Il a été contresigné par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, lors de sa dernière visite à La Réunion.
Les travaux doivent commencer en 2010 pour une livraison prévue en 2017.

Contre la volonté des Réunionnais

Ce transfert donne une nouvelle responsabilité aux Réunionnais. Jusqu’au 1er janvier dernier, toutes les décisions relatives à la gestion de la route du littoral étaient prises par l’Etat. Cela s’est traduit par le choix du premier tracé en pied de falaise, de la construction d’une quatre-voies à quelques mètres de là, et des réouvertures successives aux travaux effectués suite aux éboulements. Or, entre la décision de construire la route du littoral et la date du transfert à la Région, aucune solution garantissant une sécurité totale aux usagers n’a été mise en œuvre. Pourtant, pendant toute cette période, chaque accident a rappelé la dangerosité du choix initial. Tout comme ces cinquante dernières années ont également été marquées par la bataille pour résoudre cette question. Mais du fait que la compétence sur cette route était du ressort de Paris, la décision appartenait au gouvernement. Et force est de constater que les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas écouté les Réunionnais.

Corriger deux erreurs

Parce qu’elle refusait que le transfert des routes nationales signifie l’héritage d’une monumentale erreur d’aménagement du territoire sans avoir les moyens de la corriger, la Région a réussi à obtenir de l’Etat l’engagement dans un partenariat pour réparer les erreurs du passé.
Il vise non seulement à construire une liaison enfin sécurisée entre le Nord et l’Ouest, mais aussi à financer le chantier du tram-train. Cela veut dire réparer les conséquences de deux décisions prises voici cinquante ans : la construction de la route en pied de falaise et la suppression du chemin de fer.
Autrement dit, la sécurisation de l’axe Saint-Denis/La Possession est plus que jamais une grande cause réunionnaise : pour réduire au maximum les risques sur le tracé actuel, pour la mise en service du tram-train et pour l’inauguration de la nouvelle liaison.

Manuel Marchal

Lors du débat sur la construction de la quatre voies actuelle en décembre 1974 au Conseil général, Paul Vergès rappelle que si le choix du tracé littoral est maintenu, il est possible de le sécuriser davantage.
Survenu en juillet 1989, cet éboulis rappelle le danger permanent imposé aux usagers.
En mars 1995, Paul Vergès intervient à nouveau pour souligner le danger. Malgré la succession des accidents, pas de nouvelle route.
Nouvel éboulis et fermeture totale de la route en avril 1998. La conséquence d’une décision prise 40 ans plus tôt.
Le 24 mars 2006, un pan de falaise engloutit la totalité de la route. Cela était déjà arrivé en 1980. Cet événement tragique a accéléré la recherche d’une solution de la part de l’Etat. Lors de sa visite, Dominique Perben, ministre des Transports, avait notamment déclaré : « Il faut faire très vite le choix alternatif d’une voie de circulation sécurisée et cela à une échéance humaine acceptable »

Réouverture hier à 17 heures

Dans un communiqué diffusé hier, la Région indique que suite aux expertises réalisées hier et au rapport communiqué par la DDE, et suite à la proposition du Directeur de l’Equipement, le président du Conseil régional a décidé la réouverture hier à partir de 17 heures de la route du littoral dans les deux sens de circulation, côté mer en mode 2+1.

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