Assemblée plénière au Conseil régional

Validation du projet de tram-train

31 mars 2005

L’ordre du jour de l’assemblée plénière au Conseil régional était plus que chargé hier. Neuf points à l’ordre du jour, chacun tout aussi important. Le tram-train aura pourtant été le grand débat du jour. Une date historique pour l’avenir de notre pays. Le projet est adopté par 30 voix favorables, contre 7. Sept élus se sont abstenus.

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Le bulletin était choisi par vote nominatif. Chacun doit en effet être face à ses responsabilités. Le groupe socialiste, mené par Michel Vergoz, choisira de s’abstenir lors cette délibération essentielle pour le développement durable de notre île, pour l’avenir des futures générations réunionnaises. Les élus de l’UMP quant à eux - les uns, de l’Union fait La Réunion, les autres de la Relève -, préféreront voter contre, à trois exceptions près : Dominique Fournel et Roland Hoareau ont choisi de voter pour ce projet ambitieux. Minh N’Guyen quant à elle s’est abstenue.
Paul Vergès, qui présidait la séance, insistait sur le fait que les élus débattaient d’un sujet décisif, qui permettrait aux Réunionnais d’éviter à court terme un coma circulatoire.

Sortir du tout-automobile

Après restitution des avis des 5 commissions régionales en charge du dossier, toutes favorables, le débat s’ouvre. Il se clôturera 6 heures plus tard sur la validation du projet, nonobstant les boniments parfois superfétatoires de certains membres de l’opposition. Tous revendiquent pourtant l’utilité d’une véritable politique des déplacements à La Réunion, pour sortir de la tendance du tout-automobile. "Nous cherchons une solution réunionnaise à un problème réunionnais", déclarera Paul Vergès, qui exhortera à ne pas "rabaisser le sens du vote".
Comme le soulignait Christine Pombayen-Soupramanien, vice-présidente déléguée à la lutte contre l’illettrisme, il s’agit bien de travailler ensemble pour une politique de développement durable, qui ne devrait écarter aucune des quatre micro-régions. L’Est et le Sud profiteront de ce projet comme les autres micro-régions, a-t-elle dit, pour dissiper certaines craintes de l’opposition.
Raymond Mollard, vice-président délégué à l’éducation, note que ce projet servira à la redynamisation des micro-régions, dans un meilleur respect de l’environnement, tandis que Paul Vergès insistera sur le fait que ce projet permettra justement de "créer les conditions matérielles du rééquilibre entre les micro-régions".
Roland Hoareau, élu de l’opposition, qui avait d’abord estimé que la politique de transport de la Région risque d’amoindrir son pouvoir d’action, s’est finalement joint au vote de l’Alliance, déclarant : "le Sud a gagné sur toute la ligne".
Selon Alain Armand (Mouvement La Réunion Autrement), les deux projets d’envergure que sont le tram-train et la route du Littoral ne peuvent pas atteindre les quatre milliards d’euros, malgré les confus calculs de Didier Robert et de Thierry Sam-Chit-Chong. Ce dernier fut d’ailleurs le seul à tenir des propos outranciers au cours des débats et devant Télé-Réunion. Nous y reviendrons.

Combien ça coûte ?

Le financement de ce projet de tram-train rappelle une lourde décision prise à la fin des années 1950. Pourquoi donc avoir éradiqué les voies ferrées, alors que son utilité était avérée ? À la fin du 19ème siècle, un grand débat s’ouvrait sur l’utilité de la création du chemin de fer à La Réunion, propice à un nouvel élan de l’économie sucrière et servant à la mobilité de la population, même la plus indigente. La disparition définitive du chemin de fer et des infrastructures ferroviaires, dans les années 1960, au profit d’un réseau routier, est encore aujourd’hui lourde de conséquences.
Il faut aujourd’hui reconstruire ce qui était construit. Cela a un coût, mais qui ne doit en aucun cas faire reculer la détermination à résoudre un problème de société, les déplacements à La Réunion. "La Réunion a des capacités financières supérieures à celles d’il y a 120 ans", indique Wilfrid Bertile, vice-président délégué à la mobilité, notant quant à lui que le TCSP tram-train doit être l’axe majeur du réseau des déplacements.
L’État, l’Europe, ainsi que les partenaires privés s’associeront sans aucun doute pour cette solution définitive aux problèmes les plus lourds portés par les instances locales, nationales et européennes. Il était temps que ces projets avancent. Hier, un grand pas a été acté dans l’Histoire réunionnaise.

Compte-rendu : Babou B’Jalah, Pascale David


Le vote du projet de tram-train
Inscrits :45
Nombre de votants : 37
Absent : 1
Bulletins blancs (pour) : 30
Bulletins Bleus (contre) : 7
Abstentions : 7

o Approbation
Yvon Virapin-Kichenin, Christine Soupramanien, Raymond Mollard, Radjah Veloupoule, Pierre Vergès, Guy Ja rnac, Anick Le Toullec, Maya Cesari, Marie-Pierre Hoarau, Camille Sudre représenté par Yasmina Pansbhaya, Yasmina Pansbhaya, Wilfrid Bertile, Raymond Lauret, Yoalnde Pausé, Emmanuel Lemagnen, Dominique Fournel, Hilaire Maillot, Nelly Leperlier représentée par Guy Jarnac, Martine Sueur, Joachine Dhaussy, Denise Delorme, Marie-Paule Abriska, Alain Armand, Catherine Gaud, Paul Vergès, Roland Hoareau, Sylvestre Lamoly, Jocelyne Lauret, Philippe Berne, Véronique Denès.

o Rejet
Huguette Vidot, Margie Sudre représentée par Didier Robert, Thierry Sam Chit Song, Paulet Payet, Didier Robert, Rolande Chane Kaye Bone, Alain Benard.

o Abstentions
Monique Orphé, Michel Tamaya, Marie-Aline Tamon, Blanche-Reine Javelle, Paul Fotse-Njomgang, Minh N’Guyen, Michel Vergoz.

o Absence
Christiane Ramassamy.


Autres sujets

D’autres sujets étaient à l’ordre du jour, dont le schéma régional éolien. Une association sainte-rosienne, dont les adhérents se disent incommodés par les nuisances causées par l’installation de trois éoliennes, souhaitait rencontrer le président Vergès. Nous aurons l’occasion de revenir plus longuement sur ce sujet dans nos prochaines éditions, comme bien d’autres points exposés en soirée lors de cette assemblée plénière. Ces sujets sont en effet importants pour le développement de notre pays, comme l’octroi de mer sur les tabacs, le volet complémentaire du programme prévisionnel des investissements 3 (Lycées), etc.


Ils ont dit

o Michel Tamaya (groupe socialiste)

"Ce dossier va engager l’avenir de La Réunion et des Réunionnais. Le problème des déplacements et des transports est une des préoccupations majeures, avec l’emploi et le logement. Il existe une exaspération forte et il est urgent d’apporter des solutions. De nombreux arguments plaident en faveur d’un TCSP en mode ferré. Sur le principe, je suis pour, avec quelques interrogations sur le financement notamment. Il n’y a pas à mener à ce sujet de combat d’arrière-garde, encore moins un combat politicien...".

o Wilfrid Bertile

" Il faut un TCSP de plus grande capacité que le bus, de Saint-Joseph à Saint-Benoît. Bien sûr le coût est élevé. Mais une telle infrastructure ne peut pas ne pas coûter beaucoup. Dans le passé, dans un contexte financier colonial, (...) La Réunion a trouvé les ressources pour faire un port, un chemin de fer et un tunnel de 11 km. La situation a changé : nous pouvons compter sur l’Etat et sur l’Europe. Et donc, si l’on peut partager un certain nombre de réserves, il faut toujours penser que les Réunionnais ne supporteraient pas que nous ne fassions rien. Il n’y a pas d’alternative au tram-train, dont la compétence revient à la Région : le tram-train dépend de nous. Nous allons donc prendre une décision qui engage l’avenir. C’est une grande responsabilité... ".

o Alain Armand (La Réunion autrement)

" Nous ne sommes pas dans un débat cornélien. Il s’agit de se prononcer sur un projet historique, pour un TCSP - un projet tram-train qui permet de combiner transport en commun et transport interurbain. Il ne peut régler l’ensemble des problèmes de l’Aménagement du territoire, mais nous sommes appelés à rendre une décision historique : Il faut sortir de la nostalgie et faire un choix décisif, pour aujourd’hui et pour demain. "

Train

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