Les pilotes prêt à faire grève pour une augmentation considérable, car ils savent que l’argent est là

Air Austral : qu’attend Didier Robert pour baisser les prix de 15 % ?

16 décembre 2014, par Manuel Marchal

Dans son édition du 13 décembre, le Journal de l’île annonce que la baisse du prix du pétrole a un impact sur le prix du billet… en Polynésie. Rien ne bouge à La Réunion. Les compagnies interrogées ont des réactions convergentes. Il est donc clair que la première qui fera un geste pour les passagers obligera les autres à suivre. Les bénéfices sont là. Les pilotes d’Air Austral saisissent donc l’occasion pour demander une augmentation de 12 %. Qu’attend donc Didier Robert pour agir ? Le président du principal actionnaire d’Air Austral, de la compagnie aérienne et de la collectivité qui la subventionne va-t-il obtenir une baisse immédiate de 15 % pour que les passagers puissent bénéficier de la diminution du coût du kérosène ?

Air Austral est dirigée par un président qui est aussi celui du principal actionnaire, tout en étant celui de la collectivité qui distribue des bons de réduction aux passagers. Ce triple-président doit donc obliger la compagnie à répercuter la baisse du prix du kérosène sur le prix des billets d’avion. (Photo Air Austral)

Air Austral défraie la chronique. Les pilotes lancent un appel à la grève du 19 au 22 décembre. Selon la direction, une de leurs revendications est une augmentation de 12 %. Cette somme peut sembler importante. Mais la demande a lieu dans un contexte. Le prix du baril de pétrole est en chute libre. Il entraîne celui du kérosène. Dans un article paru le 13 décembre, le « Journal de l’île » confirme une chute de 40 %, qui va se prolonger.
Le même jour, le journal algérien El Watwan soulignait que le baril était passé en dessous de 60 dollars. Cela a une conséquence immédiate : les bénéfices des compagnies aériennes montent en flèche. Le 10 décembre dernier, « les Echos » indiquaient que ces sociétés vont réaliser « le meilleur résultat » de leur histoire.

Tout rend la baisse possible

Observateurs très attentifs, les pilotes d’Air Austral sont au courant de ces changements. Ils demandent donc de bénéficier d’une partie de ces profits. Ils revendiquent donc 12 % d’augmentation. N’étant pas suicidaires, ils savent que cela ne mettra pas en péril l’équilibre financier de leur entreprise.
Il est clair que les passagers doivent profiter de cette manne eux aussi. Mais les compagnies aériennes qui desservent La Réunion ne l’entendent pas de cette oreille. Dans le même article du « JIR », Air France et Air Austral avancent des arguments pour justifier le maintien de leurs tarifs. Pourtant ailleurs dans le monde, d’autres compagnies ont commencé à répercuter la baisse du prix du pétrole sur celui de leurs billets d’avion. C’est notamment le cas en Polynésie, au sein de la compagnie soutenue par le gouvernement local.
A La Réunion, Air Austral est dans une situation particulière. Elle a à sa tête le président de son principal actionnaire, la SEMATRA. Ce dernier est également le président du Conseil régional, collectivité qui verse plus de 10 millions d’euros par an à toutes les compagnies desservant La Réunion sauf Air Madagascar, en échange d’une baisse du prix de 360 euros.

Les pilotes réclament 12%

Autrement dit, le financeur public, l’actionnaire et la compagnie aérienne sont dirigées par la même personne. Ce triple président affirme qu’il est pour la baisse du prix du billet d’avion, et pour cela il n’a pas hésité à organiser une manifestation devant la préfecture.
Dans trois jours, les pilotes d’Air Austral vont déclencher une grève pour demander leur part du gâteau. Les passagers se feront-ils avoir en étant cloués au sol et en payant au prix fort le transport ?
Didier Robert dit qu’il est pour que les Réunionnais puissent avoir le droit de voyager plus facilement. Il est le président d’Air Austral, de son principal actionnaire et de la collectivité qui la subventionne. Qu’attend-il donc pour exiger d’Air Austral qu’elle baisse ses tarifs de 15 % ?

Le baril en dessous de 60 dollars


Les cours ont, une nouvelle fois, plongé cette semaine. Si le baril a dévissé jeudi pour atteindre les plus bas de mai 2009, comme au plus fort de la crise, la publication hier des prévisions de l’Agence internationale de l’énergie n’ont fait qu’accentuer la chute. Le Light Sweet Crude coté à la Bourse de New York a ainsi franchi un nouveau seuil psychologique en décrochant en dessous des 60 dollars et ce dès jeudi pour atteindre 59,04 dollars hier.

El Watwan (Algérie) du 13 décembre

Bénéfices historiques des compagnies aériennes


Selon les dernières prévisions de l’IATA, les bénéfices cumulés des compagnies aériennes devraient atteindre 25 milliards de dollars en 2015, soit le meilleur résultat de son histoire.
Le pétrole continue de dicter sa loi au transport aérien, pour le meilleur et pour le pire. Mais cette année, ce sera pour le meilleur. Selon les dernières prévisions de l’Association du transport aérien international (IATA), 2014 devrait se solder par un bénéfice net record de 19,9 milliards de dollars pour l’ensemble des compagnies aériennes, pour un chiffre d’affaires cumulé de 751 milliards (+4,7%). Et 2015 devrait être encore meilleure, avec un bénéfice net attendu de 25 milliards de dollars. Une embellie spectaculaire comparée aux 10,6 milliards de 2013, dont la cause principale est la baisse du prix du baril de brut .
Les effets de cette baisse, d’environ 10% sur un an, se feront principalement sentir sur les comptes des compagnies en 2015 et au-delà, du fait des politiques de couverture, destinées à amortir les soubresauts du pétrole. Elle devrait représenter de l’ordre de 16 milliards de dollars d’économies en 2015, comparé à 2013, malgré une hausse de 8% de la consommation de kérosène.
Le responsable des études économiques de l’IATA estime notamment qu’une partie de cette baisse se répercutera sur les tarifs aériens, qui pourraient décroître de 5,1% en 2015 pour les passagers, et de 5,8% pour le fret.

Source : Les Echos du 10 décembre

Air Austral citée en « exemple »


« Les effets pervers du yield management ne sont pas terminés
Les effets pervers du « Yield Management » ne sont d’ailleurs pas terminés. J’ai pu voir sur Amadeus plus de 100 tarifs et règles tarifaires différents sur un même vol de la compagnie Air Austral entre Paris et la Réunion !

Comment voulez-vous, avec une telle pratique, que les clients puissent ne pas être frustrés puisque le prix est déconnecté du produit qu’on leur vend ? »

Extrait de la Chronique de Jean-Louis Barroux, publiée dans « Tourmag », magasine des professionnels du tourisme

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