Illustration de l’écart entre le dynamisme des Mauriciens et l’immobilisme d’une partie de la classe dirigeante et politique à La Réunion
Air Mauritius : une ligne Europe-Australie via Maurice
27 septembre, par
12 ans après la suppression de la ligne d’Air Austral Paris-Australie (Sydney) via La Réunion créée par Paul Vergès et Gérard Éthève, les Mauriciens communiquent sur la ligne d’Air Mauritius Europe-Australie (Perth) via l’aéroport de Maurice. Les Mauriciens comptent sur les atouts touristiques de leur pays comme avantage comparatif par rapport aux escales traditionnelles en Asie ou au Moyen-Orient. La Réunion dispose également de ces atouts. Mais Didier Robert et l’équipe constituée autour d’un ancien cadre d’Air France n’avaient pas cette vision de développement que comptent bien concrétiser les Mauriciens : ils ont supprimé la ligne d’Air Austral entre La Réunion et l’Australie. Ceci montre l’écart existant entre le dynamisme des Mauriciens et l’immobilisme d’une partie de la classe dirigeante et politique réunionnaise, essentiellement tournée vers Paris plutôt que vers le monde.
En avril 2009, lorsqu’Air Austral ouvrit la liaison Paris-Sydney via La Réunion et Nouméa, la compagnie réunionnaise ouvrait une nouvelle route dans le Sud. Elle était l’oeuvre de la présidence de Paul Vergès, et de la direction de Gérard Éthève. Ces deux Réunionnais réussissait à inscrire La Réunion sur la carte du monde, une escale entre l’Europe, l’Afrique australe, l’Asie et désormais l’Océanie.
Cette idée était née en 2006, « nous avons compris qu’il y avait une demande et qu’il fallait mettre en place une ligne sur mesure », déclarait trois ans plus tard Gérard Éthève lors du premier vol régulier entre Paris et Sydney via La Réunion. C’était une démarche qu’Air Mauritius avait initié depuis déjà 25 ans.
Les dirigeants d’Air Austral avaient identifié un potentiel de 35 000 francophones à Sydney, 95 000 passagers dans le sens Australie-France et un potentiel de 400 000 passagers en correspondance vers d’autres destinations, déclarait Gérard Éthève.
À cela s’ajoutaient un potentiel de 100 000 Mauriciens en Australie. Du fait du retrait d’Air Mauritius d’Australie en 2009, Air Austral proposait aux émigrés mauriciens une alternative plus rapide : un vol avec escale à La Réunion plutôt que de passer par une escale à Londres en Europe.
Air Austral seule compagnie à relier l’Europe à l’Australie par l’océan Indien en 2009
La ligne d’Air Austral entre Paris et Sydney faisait plus de 18.000 kilomètres, parcourus en 28 heures. C’était la plus longue ligne aérienne régulière du monde.
Elle fut lancée au moment où Air Mauritius avait dû se retirer de l’Australie en cessant ses liaisons Maurice-Sydney, Maurice-Melbourne et Maurice-Peth.
Malheureusement, lorsque Didier Robert s’octroya la présidence d’Air Austral en 2012, une des premières décisions fut de supprimer la ligne La Réunion-Nouméa-Sydney en correspondance avec le Paris-La Réunion. Depuis, notre île est coupée de l’Australie.
Et c’est Air Mauritius qui a repris le flambeau, comblant le vide laissé par la disparition d’Air Austral sur cet axe entre l’Afrique et l’Océanie.
Air Mauritius rappelle la justesse de la réalisation de Paul Vergès et Gérard Éthève.
La compagnie mauricienne exploite notamment une ligne reliant l’aéroport de Maurice à celui de Perth, capitale de la côte Est de l’Australie. Elle propose aux voyageurs venant de cet aéroport australien de faire escale à Maurice pour se rendre en Europe plutôt que de passer par l’Asie ou le Moyen-Orient.
Ile Maurice Tourisme met notamment en avant les atouts touristiques de Maurice comme avantage comparatifs aux escales en Asie ou Moyen-Orient.
Le voyage fait partie des vacances
Ces atouts visent à compenser un temps de trajet plus long.
Dans cette idée, le voyage fait partie des vacances. Une pause d’une journée à Maurice sur la route ou en provenance de l’Australie, voici ce qui distingue la proposition mauricienne des routes traditionnelles. Et c’est bien ce qui pourrait assurer le remplissage des avions d’Air Mauritius entre l’Europe et l’Australie via Maurice.
La Réunion dispose également de ces atouts. La ligne d’Air Austral permettait aussi d’offrir une alternative aux correspondances en Asie pour les passagers désirant se rendre en Kanaky Nouvelle-Calédonie depuis Paris. Mais Didier Robert et l’équipe constituée autour d’un ancien cadre d’Air France n’avaient pas cette vision de développement que comptent bien concrétiser les Mauriciens.
Ceci montre l’écart existant entre le dynamisme des Mauriciens et l’immobilisme d’une partie de la classe dirigeante et politique réunionnaise, essentiellement tournée vers Paris plutôt que vers le monde.
M.M.