La Réunion continue de perdre du terrain sur ses voisins

Emirates à Madagascar, à Maurice, aux Seychelles et pas à La Réunion

10 juin, par Manuel Marchal

Le 7 juin, l’annonce d’une liaison 4 fois par semaine entre Dubaï, Antananarivo et Mahé va connecter directement Madagascar et les Seychelles au plus important hub mondial en termes de passagers. Depuis plusieurs années déjà, Maurice est reliée quotidiennement à Dubaï par un vol quotidien d’Emirates en Airbus A380. La Réunion est à l’écart de ce monde en plein développement. La politique des visas décidée par Paris pour La Réunion est un obstacle à la venue de touristes à fort pouvoir d’achat qui peuvent créer des milliers d’emplois à La Réunion, comme c’est déjà le cas chez nos voisins.

A partir du 3 septembre, Emirates assurera quatre vols par semaine entre son hub de Dubaï, Antananarivo à Madagascar et Mahé aux Seychelles. Nos deux voisins rejoignent ainsi Maurice qui est desservie depuis plusieurs années par un vol quotidien d’Emirates en Airbus A380.
Madagascar et les Seychelles seront ainsi reliées au plus grand hub du monde en termes de passagers. Ce sera aussi une ligne directe vers une des régions du monde avec le plus fort pouvoir d’achat. C’est donc une grande opportunité pour les exportateurs de produits agricoles de Madagascar.

Le tourisme redécolle sauf à La Réunion

Emirates à Madagascar, à Maurice, aux Seychelles et pas à La Réunion.
C’est la conséquence d’une politique d’intégration à la France qui ne permet pas à notre île de participer à cette dynamique.
C’est en effet Paris qui décide qui peut ou pas entrer à La Réunion.
En effet, à La Réunion, n’importe quel ressortissant de l’Union européenne peut entrer avec une simple carte d’identité et sans avoir à justifier un billet de retour.
Les retombées de cette politique sont très limitées pour le tourisme. Il reste en grande partie affinitaire. Les Européens vivent sur un continent en pleine crise avec des effets sur le choix des destinations. L’inflation à grandement entamé le pouvoir d’achat. Les touristes européens peuvent facilement trouver une destination où le prix du billet d’avion et le coût de la vie sont moins élevés. Les chiffres comparatifs du tourisme diffusés récemment par l’IEDOM le confirment. L’an dernier, tous les pays de notre région ont connu une augmentation importante du nombre de touristes, pas La Réunion.

Quel intérêt pour Emirates de desservir La Réunion ?

Si une compagnie comme Emirates décide de se poser dans un pays, c’est parce qu’elle estime que les conditions d’accueil sont réunies pour ses passagers à fort pouvoir d’achat transitant par Dubaï, avec des prestations à la hauteur à commencer par l’accueil.
Ces conditions ne sont pas réunies à La Réunion, car ces passagers à fort pouvoir d’achat viennent du monde entier, et pas que de l’Union européenne. Ils sont contraints de subir la politique des visas imposée par Paris à La Réunion. Il n’est donc pas question pour eux d’acheter un visa à l’aéroport en déclarant une adresse et en montrant le billet de retour comme c’est le cas à Madagascar ou à Maurice.
Ces touristes doivent faire une demande de visa dans un Consulat de France. Ils doivent non seulement fournir une adresse, mais aussi justifier d’être en possession d’une somme d’argent minimale calculée selon la durée du séjour. Ils doivent également apporter la preuve qu’ils ont payé une assurance couvrant les frais médicaux et un rapatriement. C’est ensuite le Consulat qui accepte ou pas la demande. Les refus ne sont pas rares et souvent sans autre motif que “manque de garanties “, les frais engagés ne sont pas remboursés.
Si le visa est obtenu, le policier contrôlant les visas à l’aéroport est en droit d’exiger que le touriste compte devant lui l’argent en sa possession.

Parcours du combattant pour obtenir un visa de tourisme

Cette politique des visas entretient une suspicion vis-à — vis des touristes non européens. Ces démarches sont un véritable parcours du combattant. Il n’est donc pas étonnant que des milliers de riches touristes préfèrent aller dépenser leur argent à Madagascar et à Maurice plutôt qu’à La Réunion, quels que soient les atouts touristiques de notre île.
Cela prive La Réunion de nombreux touristes à fort pouvoir d’achat et des milliers d’emplois qui vont avec. Cela limite La Réunion à une seule provenance, l’Europe en déclin. Une telle politique a-t-elle pour but le développement de La Réunion où son maintien sous dépendance de transferts publics ?

M.M.

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