Où est passé l’argent des passagers d’Air Bourbon ?

Des révélations importantes

13 avril 2006

Le report de l’audience prévue hier des anciens dirigeants d’Air Bourbon est l’occasion de revenir sur les circonstances de la cessation d’activité et sur la manière dont certains ont sauté sur l’occasion pour aussitôt lancer une attaque coordonnée contre la Région. Cela n’est pas sans rappeler toute la polémique déclenchée le 24 mars dernier, quand la falaise de la route du littoral s’est effondrée...
Le 8 décembre 2004, 165 salariés perdaient leur travail et des milliers de passagers étaient floués par la disparition d’Air Bourbon. Au-délà de ce drame, ce sont au moins 16.000 billets d’avion, pour des vols prévus jusqu’en mai 2005, qui sont devenus du jour au lendemain des chiffons de papier. Des centaines de personnes ont été obligées de vivre dans une salle d’attente de l’aéroport et de payer de leur poche leur rapatriement alors qu’elles avaient acheté un billet d’avion à Air Bourbon.
Rappelons que des billets ont été vendus jusqu’au jour de la cessation d’activité, le 26 novembre 2004, alors que la direction connaissait les difficultés quasi-insurmontables, révélées d’une part par les inquiétudes des employés sur le paiement de leur salaires d’octobre 2004, et d’autre part par le refus des 39 actionnaires de procéder à une troisième augmentation de capital en 18 mois.
On a alors vu alors certains se déchaîner contre un bouc émissaire : la Région. Point de départ de cette attaque : les déclarations du gestionnaire de la compagnie, affirmant qu’il lui manquait 390.000 euros pour continuer, n’ayant en caisse que 90.000 euros.
Érick Lazarus a attaqué les collectivités, qu’il a accusé de lui glisser des peaux de banane. Il s’en est ensuite pris à la Maison des civlisations et de l’unité réunionnaise. De son côté, l’association Coll’air demandait à la Région d’investir dans Air Bourbon. Quant à plusieurs membres de la Fédération socialiste, ils profitaient de la détresse des passagers floués pour leur distribuer des tracts attaquant la Région.
Pourtant, la réalité des chiffres était implacable. Sachant qu’au moins 16.000 billets étaient vendus, donc payés par les passagers, cette somme que l’on pouvait alors estimer à plus de 10 millions d’euros couvrait largement les 390.000 euros avancés pour continuer. Où est donc passé cet argent ? À cette question que nous posions dès le 27 novembre, la lecture du “JIR” d’hier en page 8 apporte un éclairage à travers les déclarations d’un des anciens dirigeants d’Air Bourbon, Frédéric Pralus. Ce dernier fait état de "transferts de fonds vers des comptes en Russie" "au cours des dernières semaines d’activités", de l’effacement de factures à un client-actionnaire. Il révèle aussi quelques détails d’une gestion à la petite semaine d’une compagnie aérienne faisant vivre 165 personnes et ayant la responsabilté d’assurer une liaison régulière entre La Réunion et l’Europe, s’appuyant dès le départ sur des fonds propres “virtuels”.
Dire que certains ont fait campagne à l’époque pour que la Région investisse des fonds publics dans une compagnie condamnée par sa mauvaise gestion. Ils sont aujourd’hui bien silencieux...
Tout ceci nous n’est pas sans ressembler à la campagne menée contre la Région lorsque la falaise de la route du littoral s’est effondrée.

M. M.


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