French Bee est l’application par Air Caraïbes d’un projet révolutionnaire de compagnie aérienne low-cost long-courrier concrérisé par un partenariat entre Airbus et l’ancienne direction d’Air Austral, mais torpillé par l’équipe nommée à la tête de la compagnie réunionnaise par Didier Robert. L’idée venait de Gérard Ethève et de Marc Rochet, non-exploitée à La Réunion, elle l’a été par Air Caraïbes qui a créé French Bee… présidée par Marc Rochet depuis sa fondation en 2016.
Le coeur de l’activité de French Bee est sa ligne entre Paris-Orly et l’aéroport de La Réunion. Elle a réussi à capter 20 % du trafic entre La Réunion et Paris grâce à une hausse de l’offre due à une baisse des prix entraînée par l’arrivée de French Bee. Le succès de French Bee rappelle que la filiale low-cost long-courrier imaginée par Gérard Ethève et Marc Rochet n’allait pas cannibaliser Air Austral.

Une réussite qui aurait dû être celle d’Air Austral

Ce succès constitue une assurance de revenus pour la maison-mère Air Caraïbes, à l’heure où le trafic aérien entre la France et ses anciennes colonies devenues département subit le contrecoup de la gestion de l’épidémie par Paris.
Manifestement, French Bee a les reins suffisamment solides pour constituer une alternative au rapprochement capitalistique envisagé par l’État et Corsair. Ce rapprochement vise à créer d’importantes économies d’échelle, de l’ordre de 70 millions d’euros par an, mais a pour effet d’intégrer Air Austral à Corsair, ce qui fera perdre aux Réunionnais la direction de la compagnie aérienne réunionnaise.
French Bee est différente de Corsair. Si Corsair et Air Austral sont concurrentes, French Bee et Corsair sont complémentaires. Et dans un entretien accordé à Tour Mag publié ce 18 décembre, Marc Rochet, également directeur général d’Air Caraïbes, « entrouvre de nouveau la porte à une alliance possible entre French Bee et Air Austral » :

« A la fin il faut payer l’addition… »

« Les responsables d’Air Austral disent que la situation est très critique.
Sans doute des choix qui ont été faits dans le passé et la façon dont elle a été gérée. A la fin il faut payer l’addition…Elle a l’air significative mais je n’en connais pas les chiffres.
Nous avions proposé à Bercy d’étudier les formules de coopération commerciale avec Air Austral mais on ne nous a pas répondu et le management d’Air Austral n’a pas souhaité regarder ces hypothèses là. Dont acte. »

« French Bee et Air Austral sont complémentaires »

« On y croyait avec Jean-Paul Dubreuil parce que French Bee et Air Austral sont complémentaires.
On est dans le trafic basse contribution dans le trafic à fort volume. Air Austral a une image et un positionnement différent, plus haut, initié par Gérard Ethève.
En termes de business je préfère me rapprocher de gens qui sont complémentaires plutôt que de ceux positionnés sur les mêmes segments de clientèle.
Air Austral est plus près de French Bee que de Corsair qui sont sur des produits identiques. Je veux bien qu’on me dise que si on rationalise on va faire des économies gigantesques, mais bonne chance à ceux qui derrière les tableaux Excel peuvent arriver à de telles conclusions.
L’offre est toujours valable et nous sommes prêts à faire un travail de fond sur ce dossier. Mais je pense que nous aurons l’occasion d’en reparler rapidement. »

M.M.