Dans deux mois, le premier vol commercial dans l’océan Indien de l’A380 atterrira à Maurice

L’A380 à Maurice et pas à La Réunion : les démolisseurs d’Air Austral ont atteint leur objectif

16 janvier 2013, par Manuel Marchal

Le 11 novembre 2011, un Airbus A380 vient se poser à Gillot. C’est la présentation aux Réunionnais de l’avion que leur compagnie Air Austral vient de commander. Ce n’est qu’après ce triomphe que l’A380 s’est posé à Maurice pour voir si le principal aéroport de cette île pouvait être une piste de secours en cas d’encombrement à Gillot. Mais depuis mars 2010, les démolisseurs d’Air Austral sont à l’œuvre, ils ont torpillé le projet d’A380 et poussé la compagnie au bord de la ruine. Résultat : c’est à Maurice que l’A380 effectuera un premier vol commercial en mars prochain dans l’océan Indien, pas à La Réunion.

Il n’a pas fallu attendre longtemps avant de connaître une explication au dossier de 5 pages à la une du "Quotidien" d’hier. Par un tour de passe-passe, notre confrère tentait de faire passer pour des sauveurs les responsables de la chute d’Air Austral et de la démolition du projet d’A380.
La nouvelle est tombée hier matin, c’est un communiqué d’Emirates dont voici la substance :

« Emirates va opérer un vol spécial de l’A380 pour Maurice
Emirates, une des compagnies qui croît le plus vite au monde, va présenter un des 31 Airbus A380 de sa flotte lors des célébrations qui auront lieu en mars à l’occasion du 45è anniversaire de la République de Maurice. Ce sera le premier vol commercial de l’A380 qui se posera dans l’île.
Emirates vole vers Maurice depuis 2002 et opère sur cette ligne avec un Boeing 777-300. En décembre 2012, fréquence a augmenté à 12 vols par semaine, avec deux vols par jour en réponse à la croissance de la demande.
L’atterrissage de ce vol spécial est prévu pour le 12 mars 2013, en tant que vol numéro EK701, à 9h40. En plus des passagers payants, il transportera un groupe de VIP et de représentants des médias qui pourront tester pour la première fois les produits et services de l’A380 à destination de cette île.
Plus tard dans la soirée, le vol retour décollera à 23h20, sous le code EK703 »
.
Emirates est heureux d’être capable « d’apporter encore plus de visiteurs » à Maurice, poursuit le communiqué. Sa conclusion, c’est la description de la force de frappe d’Emirates : 31 A380 en service, 59 commandés, et depuis le début du mois l’ouverture à Dubaï d’un terminal spécialement réservé à cet avion, capable d’accueillir 15 millions de passagers par an.
Les sièges de ce vol sont déjà en vente.

Le coup de main de la Fédération socialiste

Il n’a échappé à aucun observateur que cette première a été rendue possible uniquement par le sabotage du projet de l’A380 d’Air Austral. Ses auteurs portent une lourde responsabilité, et ils sont connus.
Il y eut tout d’abord l’ancienne direction de la CCI, incapable de démarrer les travaux d’adaptation de Gillot conformément aux engagements prévus.
Ce retard fut très préjudiciable. En effet, suite à la crise mondiale, il était possible pour Air Austral d’avoir une livraison de son premier A380 avec un an d’avance, soit en 2013. Autrement dit, si l’ancienne direction de la CCIR avait été imprégnée par la nécessité de faire progresser l’intérêt du pays, l’A380 serait sur le point de se poser à Gillot.
À ce travail de sape allait s’ajouter le coup de main des socialistes. En choisissant de donner la Région Réunion à l’UMP Didier Robert, ils offraient en toute connaissance de cause les clés du pouvoir à un élu dont le principal fait d’armes était alors la démolition du projet de la rocade du Tampon : un investissement de 100 millions d’euros jeté à la poubelle avec les emplois qui vont avec.
Ce programme de démolition allait pouvoir s’appliquer à une grande échelle : tram-train, Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, géothermie, furent stoppés, la nouvelle route du littoral remplacée par un projet irréalisable. Pour s’emparer d’Air Austral, Didier Robert a dû compter sur la complicité d’actionnaires qui lui ont permis de s’octroyer la présidence de la compagnie.
Aussitôt, il décide de casser le plan de redressement mis en place par Gérard Éthève et soutenu par Paul Vergès. Le président de la Région choisit de maintenir les lignes déficitaires et de refuser à Air Austral la possibilité de recentrer son activité sur des liaisons plus rentables. Le déficit d’Air Austral explose alors tandis qu’une campagne de presse attribue à la direction réunionnaise de la compagnie les conséquences des décisions de Didier Robert.

Les Mauriciens peuvent féliciter Didier Robert

La suite est connue. Didier Robert remplace les Réunionnais par des anciens cadres d’Air France. L’effet se fait sentir aussitôt : Air Austral s’enfonce encore davantage, repasse derrière Air France sur la liaison avec l’Europe. Prétextant le déficit, les ex-employés d’Air France cassent le projet d’A380 et ramènent Air Austral à son niveau d’il y a 10 ans, quand elle ne desservait que Paris et notre région.
Les concurrents d’Air Austral, et en premier lieu Air France, peuvent se féliciter des décisions de Didier Robert.
En effet, le projet d’Airbus A380 d’Air Austral était un avion utilisant un mode d’exploitation low-cost. Il devait embarquer plus de 800 passagers qui payaient leur billet d’avion 30% moins cher, quelle que soit la période de l’année. Sans subvention et même en utilisant Air Mauritius, Air France aurait été incapable de s’aligner sur le prix d’Air Austral et aurait définitivement perdu pied à La Réunion, ce qui aurait permis le développement encore plus important d’Air Austral, créatrice d’un millier d’emplois durables à La Réunion.
Air France et son instrument Air Mauritius poussent donc un grand ouf de soulagement : les Réunionnais n’auront pas droit à des billets d’avion moins cher grâce à leurs propres forces. L’A380 s’éloigne.
Pendant qu’à La Réunion, des démolisseurs étaient à l’œuvre, les alliés mauriciens d’Air France faisaient avancer leur projet d’A380. Ils construisent une nouvelle aérogare qui pourra accueillir les passagers de cet avion.
Et dans moins de deux mois, ils pourront voir le premier vol commercial de l’A380 se poser chez eux, et pas à La Réunion.
Quant aux Réunionnais qui voudront prendre l’A380, ils devront obligatoirement s’envoler pour Maurice.

Manuel Marchal

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