Fort-de-France

L’hommage de la Martinique aux victimes du crash

25 août 2005

La cérémonie pour les 160 victimes, dont 152 martiniquaises, de l’accident d’avion de la West Carribean au Venezuela, a eu lieu hier en présence de 35.000 personnes dans le stade de Fort-de-France. Elle a été suivie d’une messe à l’église Notre-Dame de Paris.

Des dizaines de milliers de Martiniquais vêtus de noir et blanc, couleurs de deuil, ont rendu hommage mercredi aux 160 victimes de l’accident d’avion du 16 août dernier dans l’ouest du Venezuela. Le président français Jacques Chirac et le président vénézuélien Hugo Chavez, ainsi que le ministre de l’Outre-mer François Baroin et le maire de Fort-de-France, Serge Letchimi, ont déposé une gerbe sur le gazon du stade Dillon. La foule émue a ensuite observé une minute de silence.
La cérémonie d’hommage national avait commencé à 10h avec un prélude musical de l’orchestre symphonique de Martinique. Des jeunes vêtus de blanc ont disposé des bougies autour du chapiteau dressé sur la pelouse, sous la stèle recouverte des photos des victimes. Puis les familles ont défilé avec des bouquets, déposés dans un grand cœur blanc dessiné sur le gazon à l’intérieur duquel est inscrit un poème de l’écrivain sénégalais Birago Diop : "les morts ne sont pas morts, ils sont dans l’arbre qui frémit. Ils sont la foule, ils sont là".


Pierre Vergès : "La Réunion solidaire du peuple martiniquais"

“Témoignages” a pu joindre Pierre Vergès hier soir en Martinique à la fin de la cérémonie œcuménique organisée au stade de Dillon près de Fort-de-France en hommage aux victimes du crash aérien du mardi 16 août au Vénézuela.
Le 3ème vice-président de la Région a d’abord rappelé que "la collectivité réunionnaise a tenu à être présente sur le sol martiniquais pour communier avec les milliers de personnes venues partager cette épreuve. Ainsi, La Réunion a pu se montrer solidaire du peuple martiniquais".
Pierre Vergès a également noté qu’"à cette occasion, on s’aperçoit qu’il y a une véritable onde de choc qui se propage après cette tragédie". En effet, après la disparition de 160 personnes, "de nombreux problèmes surgissent, comme celui des orphelins ou celui des services administratifs amputés de certains de leurs membres".
Revenant sur la cérémonie d’hier après-midi, l’élu réunionnais a souligné que "la foule présente sur le stade a pu mesurer l’ampleur de la tragédie en voyant défiler 160 enfants et adolescents venus déposer chacun une bougie à la chapelle ardente. Elle a aussi ressenti une grande intensité émotionnelle à travers la douleur des proches des victimes qui ont déposé des fleurs sur la stèle réalisée en hommage aux victimes de la catastrophe".
Pierre Vergès a également insisté sur "la grande sobriété de cette cérémonie, marquée par les messages des différentes communautés religieuses et l’absence de discours officiels". Il a toutefois noté que "la présence du président vénézuélien en cette circonstance a montré le caractère inter-régional de la catastrophe".
"Une catastrophe dont il faudra également gérer l’après-deuil", a conclu Pierre Vergès. À ce sujet, le vice-président du Conseil régional a notamment évoqué la question de la sécurité des transports aériens : "chacun est amené à s’interroger sur les mesures à prendre pour qu’une telle tragédie ne se reproduise plus. En tant que territoires insulaires, les Antilles, La Réunion mais aussi la Guyane et les autres pays d’Outre-mer sont très concernés par ce problème comme par celui du désenclavement aérien".

L. B.


Hommage national aux victimes du crash du Venezuela

"La France est meurtrie dans sa chair", déclare Jacques Chirac à son arrivée

Venu assister à la cérémonie en hommage aux 160 victimes, dont 152 martiniquaises, de l’accident d’avion survenu le 16 août au Venezuela, le président de la République a été accueilli à sa descente d’avion par des élus locaux, dont le président du Conseil régional, Alfred Marie-Jeanne, ainsi que les ministres François Baroin (Outre-mer) et Léon Bertrand (Tourisme).
Dans une brève allocution, le chef de l’État a déclaré que "la France est en deuil. Elle est meurtrie dans sa chair". "Aujourd’hui, le cœur de chaque Française et chaque Français bat à l’unisson avec celui de leurs frères et de leurs sœurs martiniquais".
En cette journée d’hommage national, "la nation est rassemblée dans l’émotion, dans le recueillement. Elle est ici a Fort-de-France, à Paris, à Notre-Dame, sur l’ensemble du territoire, métropole et outre-mer, et aussi partout dans le monde", a-t-il poursuivi.
Jacques Chirac a assuré "que tout sera fait (...) avec les autorités vénézuéliennes (...) pour que la lumière soit faite sur les raisons, sur les circonstances et les responsabilités de cette épouvantable tragédie".
M. Chirac, qui a aussi salué les membres de la cellule de crise installée à l’aéroport, se rendra ensuite au stade de Dillon pour rencontrer en privé les familles des victimes, avant d’assister à la cérémonie d’hommage qui devait débuter à 10 heures (heure locale) en compagnie de son homologue vénézuélien, Hugo Chavez.


L’allocution du Président à l’aéroport du Lamentin

"Mes chers compatriotes de Martinique,
Ici à Fort-de-France sur cette terre de Martinique profondément meurtrie par la tragédie, nous sommes rassemblés toutes et tous, dans un moment d’émotion très forte et de recueillement très intense.
Mes pensées vont d’abord vers chacune de celles et chacun de ceux qui ont été des victimes de ce destin tragique et c’est le cœur serré que je m’incline profondément devant la douleur immense des familles et des proches.
Je pense à ces villages, à ces villes, à ces familles qui ont été frappés par la tragédie, ici mais aussi ailleurs en Métropole outre-mer par les liens familiaux et au nom de toutes les Françaises et de tous les Français, je voudrais leur dire la solidarité profonde et la compassion de la nation tout entière.
Je voudrais aussi les assurer que tout sera fait avec les autorités régionales et nationales, et avec les autorités vénézuéliennes que je tiens à remercier pour leur coopération. Tout sera fait pour que la lumière soit faite sur les circonstances et les responsabilités de cette épouvantable tragédie.
Aujourd’hui, la nation est rassemblée dans l’émotion, dans le recueillement. Elle l’est ici, à Fort-de-France, elle l’est à Paris, à Notre-Dame, elle l’est sur l’ensemble du territoire, métropole ou outre-mer et aussi, je peux en apporter le témoignage partout dans le monde. Et je tiens à signaler l’immense nombre de témoignages qui me sont parvenus de la part de la plupart des pays de la planète.
Aujourd’hui, le coeur de chaque Française, de chaque Français bat à l’unisson de celui de leurs frères et de leurs sœurs martiniquais.
La France est en deuil, elle est meurtrie dans sa chair.
Devant cette épreuve, la France exprime sa compassion, sa douleur, son attachement à la Martinique, aux Martiniquaises et aux Martiniquais meurtris, sa solidarité, en un mot, sa fraternité."


Messe à la cathédrale Notre-Dame

À Paris, une messe a été célébrée le même jour à 18h15 en la cathédrale Notre-Dame par Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, en présence notamment du Premier ministre Dominique de Villepin et de plusieurs ministres.

Pierre Vergès

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