A partir du 21 décembre, Ewa se posera à Pierrefonds et Gillot

Mayotte-La Réunion : Ewa annonce 4 vols par semaine, Air Austral attaquée par sa filiale

7 décembre 2021, par Manuel Marchal

Alors que l’affrètement pour Corsair se termine le 20 décembre, le Boeing 737 d’Ewa s’envolera de nouveau pour La Réunion le lendemain pour inaugurer la première liaison Mayotte-La Réunion exploitée par la filiale mahoraise d’Air Austral. 4 vols par semaine sont prévus, à partir de 129 euros. Ewa lance donc une guerre des prix sur le Mayotte-La Réunion. Elle attaque frontalement Air Austral dont elle est la filiale. Un autre objectif que le transfert d’activité sur la filiale est-il suivi par la direction d’Air Austral ?

Ewa, filiale mahoraise d’Air Austral, communique sur le thème « La compagnie mahoraise à l’aube d’un nouveau développement ». C’est un saut important que va en effet accomplir Ewa. En son nom propre, elle va exploiter à partir du 21 décembre 4 vols par semaine entre La Réunion et Mayotte : deux par semaine pour Pierrefonds, deux pour Gillot.
Voici la communication d’Ewa à ce sujet :

« Avec l’intégration au sein de sa flotte du 737-800 d’Air Austral sous forme de leasing, Ewa affichera dans quelques jours une flotte renouvelée de 3 appareils de jeunes générations et parfaitement adaptés aux contraintes à Mayotte.
Notre Boeing est actuellement à Varsovie en cours de reconfiguration. Il viendra compléter la flotte d’Ewa Air arborant un nouveau design marquant le nouveau dynamisme de la compagnie.
Le 737-800 d’Ewa Air se composera de 183 sièges composant une cabine tout économie.
2 vols par semaine vers Pierrefonds : les mardis et samedis
2 vols par semaine vers l’Aéroport de La Réunion Roland Garros : lundis et vendredis ».

Air Austral attaquée par sa filiale Ewa

Le premier prix est à 129 euros. Les lundis, mardis, vendredis et samedis, Ewa sera en concurrence avec Air Austral qui propose des prix plus chers. Elle sera donc le premier choix, et Air Austral le second.
En effet, qui prendra encore Air Austral pour aller à Mayotte ou en venir ? Or, Air Austral est la principale compagnie de la desserte de Mayotte. C’est sa ligne historique, à partir de laquelle tout s’est ensuite développé.
La seule concurrence venait de Corsair, qui assure 2 à 3 vols par semaine entre La Réunion et Mayotte. Mais un manque de pilotes l’a obligé à recourir à l’affrètement du Boeing 737 récemment loué par Ewa pour assurer son programme sur cette ligne. Annoncé le 25 novembre, ce partenariat entre Corsair et une filiale d’Air Austral sur la desserte de Mayotte dure du 7 au 20 décembre. Cette période a sous doute été mise à profit pour régler au moins deux questions.

Galop d’essai d’Ewa sous les couleurs de Corsair

La première est celle de la période de rodage d’une ligne nouvelle pour une compagnie aérienne. Avant d’exploiter Mayotte-La Réunion sous son nom propre, Ewa l’a fait sous le nom de Corsair pendant deux semaines. De quoi régler tous les détails de dernière minute afin d’être pleinement opérationnel le jour de l’ouverture de la Mayotte-La Réunion sous les couleurs d’Ewa.
La seconde est celle de savoir si une coopération est possible entre Corsair et Air Austral. Car au final, il s’agissait de faire voler des passagers de Corsair dans un avion d’une filiale d’Air Austral, avec aux commandes de l’appareil des pilotes d’Air Austral, aux conditions Air Austral. La compagnie réunionnaise est plombée par une dette astronomique. Selon « Tour Mag », une étude pour le Comité interministériel de restructuration industrielle a été divulguée aux représentants des salariés.
Parmi les hypothèses envisagées, la fusion de Corsair et d’Air Austral permettrait de dégager jusqu’à 70 millions d’euros d’économies annuelles. D’après « Tour Mag », Corsair demanderait alors à l’État de combler un passif de 200 millions d’euros, en échange d’une fusion.
Ceci ne serait pas sans conséquences pour les salariés, tandis que les Réunionnais ne seraient plus aux commandes d’Air Austral, adossée à une holding où le poids de Corsair, présidée par des représentants du lobbying antillais, serait sans doute déterminant. D’ailleurs, Corsair a transféré son siège de Rungis, près de l’aéroport d’Orly, à l’aéroport Pôle Caraïbes de Guadeloupe, elle est désormais une compagnie aérienne guadeloupéenne.

Affaiblir Air Austral sur sa ligne historique

Ewa lance donc une guerre des prix sur le Mayotte-La Réunion. Elle attaque frontalement Air Austral dont elle est la filiale. Un autre objectif que le transfert d’activité sur la filiale est-il suivi par la direction d’Air Austral ? Qu’en pensent les actionnaires ?
Si pour le moment, ce sont des pilotes Air Austral aux commandes du Boeing 737 d’Ewa, les hôtesses et stewarts sont d’Ewa, et sont donc payés selon le Code du travail en vigueur à Mayotte. Leurs salaires sont donc inférieurs à ceux qu’ils percevraient à Air Austral. 4 fois par semaine, les PNC d’Air Austral seront mis en concurrence avec ceux d’Ewa qui a structurellement un coût de fonctionnement moins élevé car c’est du « low-cost ». L’offre sur le Mayotte-La Réunion sera alors augmentée de 183 sièges 4 fois par semaine. La demande suffira-t-elle à absorber cette croissance alors que le monde est touché par la pandémie de coronavirus ? Air Austral pourra-t-elle maintenir un vol quotidien entre La Réunion et Mayotte ? Quelles conséquences pour les salariés d’Air Austral ?
A part affaiblir Air Austral en l’attaquant sur son axe historique, quel peut être le résultat d’une telle opération ?

M.M.

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