Une éruption volcanique bloque le trafic aérien

Nouveau rappel de la nécessité d’anticiper

19 avril 2010, par Manuel Marchal

Mis à part le départ prévu hier soir de deux avions de la compagnie Air Austral pour Toulouse, La Réunion était totalement enclavée sur le plan aérien. Cette situation est le résultat de l’éruption d’un volcan situé en Islande. Elle montre combien l’importance d’anticiper et de proposer des solutions l’emporte sur la gestion à la petite semaine.

Cela fait déjà plusieurs jours que l’éruption d’un volcan en Islande est à l’origine d’une paralysie sans précédent du ciel européen. Sans les vols assurés par la compagnie réunionnaise vers et depuis Toulouse, le lien entre La Réunion et la France aurait été totalement rompu en termes de transport de passagers. Cette situation rappelle que des phénomènes naturels ou liés aux activités humaines peuvent avoir des conséquences très importantes. Ce qui souligne la nécessité d’anticiper.
Plus de 20 ans après Tchernobyl, c’est un autre nuage qui touche l’Europe. Et comme celui déclenché par une erreur humaine, le phénomène naturel a des conséquences qui seront inconnues. Pour le moment, la seule donnée calculée est son coût économique : 150 millions d’euros par jour. En effet, par principe de précaution, des dizaines de milliers de vols ont été annulés. Moins de dix ans après les attaques du World Trade Center, le transport aérien est touché par une nouvelle crise. Lorsque l’on se souvient de l’impact des événements de 2001, l’inquiétude est là. Car survient une autre inconnue : la durée.
En 2001, l’espace aérien d’un seul pays, les États-Unis, avait été fermé durant une journée. Cette fois, c’est l’Europe entière qui ferme son ciel, et cela pour une durée indéterminée.
En effet, l’éruption du volcan islandais d’Eyjafjallajokull peut encore durer quelques jours, quelques semaines ou quelques mois. Cette incertitude a poussé des compagnies aériennes européennes à faire des vols d’essai, pour étudier la réaction des avions à ce phénomène méconnu qu’est un nuage de cendres volcaniques à traverser.
À cela s’ajoutent les dangers que peuvent faire courir ce nuage à la population quand les cendres vont commencer à retomber. Sont notamment vulnérables les personnes ayant des problèmes respiratoires. En effet, le nuage se compose de particules qui peuvent être suffisamment fines pour être capables de venir se loger dans les poumons.
Se pose également la question des conséquences de ces retombées de cendre sur la flore, et donc sur toute la chaine alimentaire en Europe. Les conséquences sanitaires ne sont donc pas encore évaluées, car jusqu’à présent, le nuage de cendre est encore à plusieurs kilomètres du sol.
Ce phénomène illustre la nécessité d’anticiper pour s’adapter aux conséquences de phénomènes naturels. Dans ce cas précis, nul doute que des recherches vont explorer la capacité de résistance des moteurs d’avion à la cendre volcanique, afin peut être de déboucher sur de nouvelles techniques de construction.
Cette anticipation, elle a été le maître mot de la Région au cours des douze dernières années. Elle a permis d’aller vers la construction de plusieurs outils de développement, notamment Air Austral qui a été la seule compagnie à faire le lien avec la France ces derniers jours.

Et à La Réunion ?

Mais pour arriver à ce niveau de conscience et de résultat, il ne faut pas raisonner comme un gestionnaire à la petite semaine. C’est là que se situe la différence fondamentale entre l’ancienne et l’actuelle équipe de la Région.
Tous les jours en effet, les Réunionnais sont confrontés à une erreur d’aménagement qui est la conséquence d’un manque d’anticipation : la route du littoral.
Pour corriger cette erreur, l’ancienne équipe avait obtenu l’accord de l’État pour co-financer deux projets : le tram-train et une nouvelle route du littoral. Les deux infrastructures doivent emprunter deux itinéraires différents afin qu’en cas de problème sur le littoral, la liaison soit possible grâce au tram-train.
Or, dès son arrivée à la tête de la Région, Didier Robert annonce sa volonté de supprimer le tram-train et de tout miser sur les 13 kilomètres de la route du littoral. 50 ans après l’erreur majeure, cet élu penserait-il que sa simple volonté permettrait d’empêcher les chutes de pierres et la montée du niveau des océans ? Ce projet de suppression n’est rien d’autre qu’un manque d’anticipation.

Manuel Marchal


La Réunion est bien dans l’océan Indien

Pour La Réunion, la conséquence de ce phénomène est un allongement considérable du temps de trajet des marchandises en provenance d’Europe. D’une dizaine d’heures, la durée passe à plusieurs semaines. Quant au transport de passagers, il est impossible ou fortement perturbé. Les solutions mises en œuvre en déviant le trafic sur des aéroports du Sud de la France doublent facilement le temps de trajet entre La Réunion et Paris, et n’offrent qu’un nombre de places limité.
Ce phénomène naturel replace brutalement La Réunion dans sa réalité géographique : une île tropicale de l’hémisphère Sud, à 10.000 kilomètres de Paris.
Par contre, les liaisons entre La Réunion et toutes les autres régions du monde ne sont pas touchées par cette perturbation. Pas de nuages à l’horizon entre La Réunion et l’Australie, entre notre île et l’Afrique, entre les îles sœurs de La Réunion et Madagascar. Pas de problème non plus pour aller à Maurice, voyager en Inde ou en Chine. Tout cela pour une simple raison : La Réunion est dans l’océan Indien.


Le changement climatique favorise les éruptions en Islande

« Notre travail suggère qu’il y aura un grand nombre d’éruptions ou du moins sur un rythme plus fréquent en Islande dans les prochaines décennies », estime Freysteinn Sigmundsson, un vulcanologue de l’Université d’Islande.
« Le réchauffement climatique fait fondre la glace et, en cela, peut influer sur le système volcanique », a-t-il dit à Reuters. « La fin de l’ère glaciaire, il y a 10.000 ans, a coïncidé avec une hausse de l’activité volcanique en Islande, apparemment en raison de la diminution de la calotte glaciaire, et une remontée du magma ».


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