Les usagers d’Air Bourbon reçus au Conseil régional

Paul Vergès : ’Nous n’avons toujours pas les 3 millions d’euros’

23 décembre 2004

Le collectif des usagers d’Air Bourbon a vu ses doléances relayées et... utilisées par la Relève et le PS hier à la Région. Mais le problème est beaucoup moins facile qu’on le prétend, n’en déplaise à ceux qui ont vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Ah ! Démagogie et tromperie, quand vous nous tenez...

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Le collectif des usagers d’Air Bourbon, qui lutte pour faire respecter les droits des clients de la compagnie en liquidation judiciaire, a été reçu hier à la Région, où il a eu le soutien des élus de la collectivité. Mais pas de ceux qui ont cherché à tromper les victimes de cette faillite.
En effet, deux groupes de l’opposition, la Relève et le PS, ont déposé chacun une motion demandant la mise en place d’un plan d’urgence pour venir soi-disant en aide aux victimes de la compagnie Air Bourbon... avec les fonds délégués à la Région au titre de la continuité territoriale.
Il ne faut pourtant pas se leurrer. On imagine très bien toute la récupération qui s’installe autour de ce dossier.
Le président du Conseil régional, Paul Vergès, qui refuse d’être naïf, et encore moins responsable d’une illégalité devant les pouvoirs français et européen, demandait à l’assemblée d’élus de se prononcer librement sur le sujet.
Vingt-huit élus ont décidé de rejoindre Paul Vergès, tandis que 17 d’entre eux votaient pour le plan d’urgence. S’instaurait alors un débat. Si Michel Vergoz, qui dirige le groupe PS, reconnaissait que "le Conseil régional a fait ce qu’il devait faire, tout comme le Conseil général", en affrétant les naufragés d’Air Bourbon, il notait que "la détresse n’attend pas".
Ce dernier souhaite que soit utilisé le fonds de continuité territoriale pour rembourser partiellement ou totalement les billets et les rapatriements déjà payés. Paul Vergès souligne "l’ignorance de certains textes contraignants", et rappelle aux ténors de l’opposition l’impossibilité d’un tel écart à la législation.
"Il y a une incohérence dans votre demande, dont je laisse la responsabilité à ses auteurs", indiquera le président.
Il n’empêche que la Région Réunion reste attentive à la détresse des victimes de la liquidation d’Air Bourbon, assure le président. "Vous n’avez pas le monopole du cœur", dira-t-il à l’opposition, et atteste que la Région Réunion saura avoir le geste social approprié.

"La Région n’a aucune responsabilité ..."

Le président Vergès expliquait par ailleurs pourquoi l’utilisation du fonds de continuité territoriale n’est pas possible. "Nous n’avons toujours pas les 3 millions d’euros", déclarait-il. Il invitait Margie Sudre et Alain Bénard, qui faisaient preuve d’une mauvaise foi flagrante, à le vérifier directement auprès des services financiers de la Région Réunion.
Par ailleurs, par une lettre à l’attention de la ministre de l’Outre-mer, Brigitte Girardin, datée du 8 décembre 2004, le président Paul Vergès faisait part des préoccupations des deux groupes (la Relève et le PS), qui souhaitent faire intervenir la dotation de la continuité territoriale pour résoudre les conséquences découlant de la cessation d’activité d’Air Bourbon. Pour l’heure, Brigitte Girardin n’a donné aucune réponse.
"La Région n’a aucune responsabilité dans le naufrage financier d’Air Bourbon et dans la situation dans laquelle se trouvent certains passagers", reconnaîtra un membre du groupe la Relève.
Il demande cependant que la Région Réunion fasse tout son possible pour aider les plus lésés dans cette affaire. Reste une solution que le président décidait de partager avec l’opposition : deux ministres sont en visite dans l’île, notamment celui de la Cohésion sociale.
"Demandez audience avec les deux ministres Borloo et Daubresse", recommandera Paul Vergès. Ils seront plus à même de faire part auprès du gouvernement des revendications du collectif des usagers d’Air Bourbon. Peut-être auront-ils plus de chance d’être écoutés !
Les adhérents du collectif des usagers d’Air Bourbon ont par ailleurs adressé à chaque élu une lettre leur demandant d’intervenir pour que leur revendication soit entendue. Selon leur porte-parole, Karl Georget, il faut que "l’État gère ce problème d’une manière plus humaine et prenne des mesures exceptionnelles pour une situation exceptionnelle".

Bbj


Le Conseil régional : Que l’État ne soit plus créancier prioritaire

La Région a publié hier le communiqué suivant.
"Une délégation représentant le collectif des usagers d’Air Bourbon a été reçue ce jour à la Région.
"Dans la recherche de solutions concrètes pouvant contribuer au règlement de leur situation, ils ont émis la proposition suivante : l’abandon par l’État de sa position de créancier prioritaire vis-à-vis d’Air Bourbon afin de valoriser l’indemnisation des passagers victimes.
"Considérant la situation de détresse dans laquelle se retrouvent des centaines de passagers d’Air Bourbon suite à la liquidation de cette entreprise, le Conseil régional réuni en assemblée plénière ce jour :
1. exprime son accord avec cette proposition du collectif et demande au gouvernement d’y répondre dans les meilleurs délais possibles ;
2. propose que l’ensemble des collectivités locales (Conseil général, communes, communauté de communes et Conseil régional) ainsi que l’État, se concertent pour traiter le rapatriement des personnes se trouvant en situation d’urgence.
"Adoptée à l’unanimité des présents, par l’assemblée plénière du Conseil régional réunie le 22 décembre 2004."


Dominique Bussereau a déjà répondu à Michel Vergoz

Après le “crash” d’air Lib, Dominique Bussereau, alors secrétaire d’État aux transports et à la mer, a été auditionné par la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale française sur les conditions de gestion d’Air Lib (11 juin 2003).
Voici un extrait de ses déclarations, relevé dans le procès-verbal de la séance du mercredi 28 mai 2003. Cet extrait est en soi une réponse à la requête formulée hier par Michel Vergoz au Conseil régional (lire ci-dessus).
..."Je me permets d’attirer l’attention de la Commission sur le problème des licences. Une licence, dans le domaine aéronautique, garantit non seulement les questions de sécurité, mais aussi la capacité financière de l’entreprise. Le fait d’être entré dans un système de licence provisoire n’était pas lié à des questions de sécurité. Nous n’avons eu aucun problème s’agissant de la sécurité des appareils et la préparation les vols, mais nous sommes restés très attentifs à l’ensemble. La licence n’est donc pas simplement un acte administratif ou technique, mais aussi un acte économique" ...


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