Observatoire des prix et des revenus

Prix du billet d’avion : la transparence est possible

7 septembre 2007, par Manuel Marchal

L’Observatoire des prix et des revenus abordait hier une question d’actualité : le prix des billets d’avion. Selon les éléments qui ont filtré de la Commission transport de l’Observatoire, une seule compagnie a mis toutes les cartes sur la table. Cela donne à l’Observatoire une idée précise des paramètres qui entrent en jeu dans le calcul d’un prix. Mais la rencontre d’hier clarifie aussi des difficultés pour faire la transparence sur la formation des prix à La Réunion.

L’Observatoire des prix et des revenus apporte une clarification sur la formation des prix du billet d’avion. (photo Toniox)

Hier à la Préfecture, la Commission transport de l’Observatoire des prix et des revenus auditionnait les compagnies aériennes desservant La Réunion. Et une seule a répondu pleinement aux attentes, relèvent quelques observateurs qui citent Air Austral. Parmi les questions posées : le coût d’une rotation entre La Réunion et la France.
Selon les premiers éléments qui ont filtré lors de cette rencontre, trois compagnies étaient présentes sur les quatre attendues. Ce sont les trois compagnies qui assurent la liaison régulière entre La Réunion et la France.
Pour le moment, la Commission transport en est au stade des auditions. Ces conclusions seront connues lors de la présentation d’un rapport lors d’une séance plénière de l’Observatoire des prix et des revenus. Ce document doit être bouclé vers la fin de l’année.

Apporter la clarification

Néanmoins, la séance d’hier matin a permis une première clarification. Sur les trois compagnies présentes, une a été semble-t-il plus coopérative. Elle aurait donné des éléments expliquant la formation des prix des billets d’avion qu’elle affiche : taux de remplissage, coût du kérosène, coût de l’amortissement des avions, ainsi que d’autres données. Des coûts qui, additionnés, expliquent le prix d’un billet d’avion.
Les deux autres compagnies présentes n’auraient pas été aussi loin. La raison invoquée tiendrait au fait que la liaison La Réunion-France ne serait pas appréhendée de la même manière que pour la compagnie réunionnaise.
En clair, les deux compagnies font partie de deux groupes qui raisonnent en global, car elles exploitent de nombreuses lignes moyen et long-courrier et ont une flotte plus importante. Elles ne sont pas gérées depuis La Réunion, mais à partir de sièges en Europe. Tous ces facteurs s’additionnent et auraient pour conséquence qu’il serait difficile pour elles de communiquer aussi précisément que la compagnie réunionnaise le coût d’une rotation entre La Réunion et Paris. D’où des difficultés à communiquer les données demandées par l’Observatoire des prix et des revenus.

Des éléments pour le débat

Tout cela permet d’aboutir malgré tout à une première clarification : une compagnie a répondu à la demande de l’Observatoire. Rien n’empêche donc d’avoir des éléments pour comprendre la formation du prix des billets d’avion entre La Réunion et la France. Quant aux raisons invoquées par les autres compagnies pour ne pas aller aussi loin dans la transparence que la compagnie réunionnaise, elles permettent une clarification.
Elles contribuent en effet à identifier les facteurs qui peuvent empêcher la manifestation de la transparence.
Au cours des mois qui viennent, la Commission transport de l’Observatoire des prix et des revenus va poursuivre son travail. Gageons qu’il puisse aboutir sur la plus grande transparence dans la formation des prix des billets d’avion. C’est une donnée essentielle pour débattre sur deux dossiers importants pour l’ouverture de notre île sur le monde : les conditions de la desserte aérienne de La Réunion et la continuité territoriale.

Manuel Marchal


Prix du billet, desserte aérienne et création d’emplois durables

Les trois compagnies aériennes auditionnées hier par la Commission transport de l’Observatoire des prix et des revenus ont un point commun : elles assurent une liaison régulière entre La Réunion et l’Europe. Par conséquent, cette activité est conditionnée par l’existence d’emplois durables à La Réunion en nombre plus ou moins important.
Par exemple, quand Air Austral a pris la décision d’ouvrir une ligne aérienne régulière entre La Réunion et Paris, cela a eu pour résultat la création de centaines d’emplois durables et qualifiés.
Cette part de l’humain doit être prise en compte dans le choix d’un billet d’avion. Elle prend encore davantage d’importance dans le contexte réunionnais, où la lutte contre le chômage massif est le premier des défis à relever.
Ceci doit bien être pris en considération par ceux qui misent sur les charters pour faire baisser le prix des billets d’avion. De par sa nature, le charter assure une desserte ponctuelle. Son affréteur ne vient donc que s’il a la certitude de disposer d’une clientèle suffisante pour remplir son avion, et donc amortir son investissement.
Pour attirer le client, il va pratiquer une politique tarifaire visant à proposer un prix inférieur à celui des compagnies aériennes. Il devra malgré tout tenir compte de dépenses incompressibles qui sont considérables sur une distance de près de 10.000 kilomètres. Ce qui fait que l’avantage tarifaire, s’il est réel, ne peut qu’être limité. Il peut néanmoins suffire pour opter pour le charter.
Or, à la différence de la compagnie régulière, le charter ne crée pas d’emplois durables à La Réunion puisque que par nature, il ne réalise que des coups ponctuels. Une fois qu’il a fait sa rotation, rien ne dit que le charter reviendra.
Mais ces coups ponctuels sont autant de coups portés à l’équilibre financier de compagnies qui investissent pour l’emploi durable à La Réunion, et qui assurent le désenclavement quotidien de notre île. C’est là toute la différence entre la recherche de l’intérêt général, qui passe par le maintien à La Réunion d’emplois durables et d’une desserte aérienne quotidienne, et celle du profit immédiat sans lendemain.

M.M. 


Une mission à élargir

Pour aussi importante qu’elle soit, la question du prix des billets d’avion ne renvoie pas au quotidien des Réunionnais.
Or, pour le moment, l’Observatoire des prix et des revenus ne comprend pas de Commission chargée de faire la lumière sur la formation des prix dans la grande distribution et les services.
Ce sont deux postes très importants de dépenses pour les familles, et il est essentiel de connaître tous les mécanismes qui ont pour résultat la vie chère.
Gageons que cette question sera à l’ordre du jour, car elle répond à l’attente de tous, en particulier de ceux qui voient leur pouvoir d’achat stagner, voire diminuer.

Lutter contre la vie chèreAir Austral

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Messages

  • Les grands groupes tels que Air france ou TUI-Corsair raisonnent en terme de CENTRES DE PROFIT. Chaque centre doit réaliser ses objectifs annuels ou pluri-annuels, et dégager des profits qui vont contribuer à l’atteinte de l’objectif du groupe en terme de résultat opérationnel.

    Il est difficile de croire qu’un centre de profit ne soit pas à même de décrire précisément les composantes du côut du billet qui vont lui permettre de fixer sa stratégie de prix, et par là-même de construire son résultat prévisionnel. D’autant plus que la connaissance de ces côuts est indispensable dans une stratégie axée sur l’amélioration de la rentabilité, qui nécessite de travailler en permanence au pilotage et donc à la diminution de ces côuts.

    Un peu plus de transparence serait donc la bienvenue, Messieurs et Mesdames les représentants de ces compagnies !


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