83 exemplaires du plus grand avion du monde commandés

Singapour et les Emirats : le pari du A380

26 mars 2008, par Manuel Marchal

Les Seychelles choisissent de miser sur le développement des échanges maritimes et investissent dans des supertankers. D’autres petits pays se positionnent fortement sur des créneaux porteurs liés à la mondialisation des échanges. C’est notamment le cas du transport aérien où Singapour et Dubaï illustrent l’évolution de l’économie mondiale. Qui aurait cru, il y a une vingtaine d’années, que ces deux petits pays d’Asie disposeraient de compagnies aériennes équipées du plus gros avion du monde avant leurs concurrentes européennes et nord-américaines ?

L’exemple des Seychelles dans les transports n’est pas isolé. Il suffit d’avoir à l’esprit que la première compagnie à avoir acheté l’Airbus A380, le plus gros avion du monde, est Singapore Airlines.
Alors qu’en 2006, Airbus rencontrait des difficultés liées aux retards pris dans la construction de l’avion géant, Singapore Airlines commandait 9 appareils supplémentaires, et prenait 6 autres options sur des avions afin de porter sa flotte à 25 avions géants. A titre de comparaison, Air France, qui sera livré en 2009, a commandé 14 avions (options comprises). C’est à peine la moitié.
C’est un A380 de la compagnie Singapore Airlines qui a en premier permis à des usagers d’un aéroport européen de monter à bord de cet avion.
Pourtant, Singapour est un pays 4 fois plus petit que La Réunion en superficie, peuplé par 4,5 millions de personnes. Mais cela ne l’empêche pas de miser sur le transport aérien et d’avoir une compagnie nationale ayant un rayonnement comparable à celui des plus grands pays occidentaux. En effet, pour l’exploitation du A380, Singapore Airlines est en avance de plusieurs années sur Air France. Et à la fin de l’année, Singapore Airlines fera voler 5 A380, ce qui accentuera son avantage.

Moins de 5 millions d’habitants

La deuxième compagnie qui exploitera l’A380 ne sera ni européenne et ni nord-américaine, mais encore une fois celle d’un petit pays d’Asie. Il s’agit d’Emirates, compagnie des Emirats arabes unis.
Emirates est la société qui a commandé le plus d’A380, soit 58. L’aéroport de Dubaï, sa plate-forme de développement, sera capable avant la fin de l’année d’accueillir 26 Airbus A380 simultanément, soit plus que le nombre d’avions fermement commandés par Air France et British Airways ! Ces travaux confirment que c’est à Dubaï que se situera un des plus importants carrefours d’échanges du 21ème siècle dans le domaine des transports aériens.
Il se pourrait également qu’un A380 d’Emirates serait le premier avion de ce modèle à desservir un aéroport parisien dès l’année prochaine.
C’est donc un petit pays qui dispose d’une compagnie nationale et d’un aéroport qui n’a rien à envier à la concurrence européenne ou nord-américaine. Car Emirates est basée aux Emirats arabes unis, un pays peuplé par moins de 4 millions d’habitants, soit encore moins que Singapour.
Et c’est ce pays qui disposera de davantage d’Airbus A380 que les compagnies françaises et britanniques réunies.
Par ailleurs, si on additionne le nombre d’avions commandés par Emirates et Singapore Airlines, le total est supérieur à celui des commandes passées par les compagnies européennes. Ce qui veut dire que deux pays ayant une population inférieure à 10 millions d’habitants posséderont davantage d’A380 que l’Union européenne, soit plus de 400 millions d’habitants.

L’initiative pionnière d’Air Austral

Cela donne une idée des changements provoqués par la mondialisation des échanges. Et cela montre que pour des petits pays, il est possible, en étant imaginatifs, de l’utiliser au profit du développement. C’est aussi dans ce contexte que se situe l’initiative d’Air Austral. La compagnie réunionnaise veut mettre en service en 2014 deux A380 selon un modèle d’exploitation "low cost".
Il ne s’agit pas seulement de garantir aux Réunionnais le droit au désenclavement aérien en proposant des billets d’avion 30% moins chers. L’enjeu est également de positionner La Réunion sur un créneau porteur de la mondialisation : la démocratisation du transport aérien. Air Austral a en effet réservé deux avions capables de transporter chacun plus de 850 passagers. C’est la première demande de ce type qu’a reçu Airbus. Ce qui place Air Austral comme pionnier dans ce secteur. L’intérêt manifesté par les Antilles est une illustration de la pertinence de cette stratégie réunionnaise face à la mondialisation.

Manuel Marchal

Les atouts de La RéunionMondialisationAirbus A380Air Austral

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Tout cet hymne à la mondialisation et aux transports tous azimuts est bien joli mais qu’est-ce qu’on mettra dans les réacteurs pour les faire voler quand le pétrole manquera et qui pourra payer le prix des billets quand le tarif du carburant les fera doubler ou tripler ?

    Voir en ligne : certains l’appellent JMT


Témoignages - 80e année


+ Lus