Air Bourbon

Un paille-en-queue à Milan

6 avril 2004

« Il faut arrêter de penser métropole et ouvrir La Réunion sur d’autres destinations européennes », disait le 7 novembre 2003 Érick Lazarus, président d’Air Bourbon. De la parole aux actes, il n’y a eu que le temps de préparation nécessaire à la mise en place de la ligne. Depuis le samedi 3 avril 2004, la rotation La Réunion - Lyon - Milan est une réalité.

Dimanche dernier, l’Airbus A340-200 de la compagnie au paille-en-queue s’est posé à 12 heures 20 sur la piste de Roland Garros avec à son bord, outre les passagers en provenance de Lyon, des journalistes des tours operators italiens et 16 touristes embarqués à Milan.
10 mois à peine après son arrivée dans le club très fermé des compagnies aériennes internationales (le 7 juin 2003), Air Bourbon est le premier à ouvrir une liaison régulière avec une ville européenne autre que celles de Métropole. Une performance qu’Air Bourbon fête en même temps que ses 9% de parts de marché conquis face à ses concurrents en janvier et février 2004.
Milan, ville d’arts, de mode et de loisirs, sera desservie une fois par semaine, tous les samedis. Mais les trois rotations hebdomadaires La Réunion - Paris offrent aussi la possibilité aux usagers d’Air Bourbon de se rendre dans plusieurs villes italiennes. Des accords ont en effet été passés entre la compagnie réunionnaise et les deux compagnies italiennes Alitalia et Volareweb. À l’achat de leur billet pour Paris, les passagers ont ainsi la possibilité de réserver des correspondances pour Rome, Florence, Venise, Boulogne etc... au départ d’Orly, l’aéroport où atterrit Air Bourbon.
L’idée, que l’on aurait pu penser un peu folle, de lancer cette rotation est basée sur plusieurs réalités concrètes.

Destination demandée

Il s’agissait tout d’abord de "conforter la liaison sur Lyon", indique Érick Lazarus. De plus, tous les ans, environ 1.500 touristes italiens font le voyage jusqu’à notre île et des centaines de Réunionnais font la “traversée” dans l’autre sens.
"En fait, en tant que destination culturelle, cultuelle ou encore pour ses possibilités de shopping, l’Italie est une destination très demandée, mais jusqu’à présent nous ne pouvions pas la vendre en quantité suffisante puisque nous manquions de capacité en termes de places d’avion", explique Serge Sylvan, d’Alizés Voyages, pour qui la rotation La Réunion - Milan "est une véritable aubaine".
Stefano Bardile, l’un des directeurs du tour operator Hotelplan Italy qui tous les ans envoie 250 touristes italiens dans l’île, estime que l’on peut au moins doubler ce nombre grâce à Air Bourbon. "La destination - qui reste encore à bien faire connaître - est agréable. Elle devrait beaucoup plaire aux amateurs de trekking et aux amoureux de la nature", dit-il.
"L’Italie - et Milan en particulier -, c’est le pays de la mode et du shopping. La Réunion c’est le soleil de l’Europe. Réunionnais et Italiens devraient donc y trouver leur compte", commente pour sa part Érick Lazarus (voir encadré) . À croire que les tour operators italiens croient en notre île. Un accord avec la compagnie réunionnaise leur alloue un quota de 100 places hebdomadaires dans le sens Milan - La Réunion.

Une bonne chose pour les P.M.E.

Le président d’Air Bourbon insiste aussi sur le volet économique que cette liaison devrait favoriser. "L’ouverture sur l’Italie intéresse beaucoup de dirigeants de PME (petites et moyennes entreprises - NDLR). Les usines de carrelage, de matériels de cuisine, de pièces mécaniques ou encore les fabriques de plâtre sont nombreuses en Italie. La rotation sur Milan permettra à ces chefs d’entreprise de se rendre plus facilement sur place pour traiter directement avec les fournisseurs. Cela leur évitera de passer par des intermédiaires avec tout ce que cela signifie en termes de surcoût", souligne Érick Lazarus.
À noter que compagnie au paille-en-queue qui démontre son dynamisme à deux mois de son premier anniversaire, a plus d’un projet en dans son "nid". Certains sont quasiment concrétisés. C’est le cas pour les dessertes Mayotte - Paris - Mayotte et Paris - Moroni - Paris, qui seront effectives dans la seconde quinzaine de juin 2004.
L’acquisition d’un second Airbus devrait intervenir courant octobre ou novembre 2004. "Cela nous permettra d’effectuer nos rotations sur les Comores et Mayotte et de lancer une cinquième rotation sur Paris", explique Érick Lazarus, qui ne croit pas en l’utilité d’un vol quotidien. "Selon les périodes, nos concurrents volent parfois à moitié vide. Le mieux est d’avoir 5 rotations par semaine dans les deux sens et de monter à 7 lorsque la demande l’exige", note le président d’Air Bourbon.
Quant à savoir si la compagnie au paille-en-queue à l’intention d’ouvrir d’autres destinations, la réponse est plutôt positive. Il est question de l’Espagne et de l’Allemagne, mais c’est là une autre histoire ou plutôt un autre vol...


Horaires et prix

Les prix du Réunion - Lyon - Milan ont été fixés en classe Bourbon à 1.575 euros en aller simple et à 2.288 euros en aller-retour (un tarif promotionnel en quota limité est fixé à 1 525 euros).
En classe Mascareignes, selon la période, l’aller simple va de 413 à 890 euros et l’aller-retour de 766 à 1.273 euros.
Les taxes aéroportuaires pour les aller-retours sont fixées à 40,34 euros.
Les horaires pour l’aller sont les suivants : départ de Roland Garros le samedi à 10 heures 35, arrivée à Lyon à 19 heures 40, départ de Lyon à 21 heures 20 et arrivée à Milan à 22 heures 20.
Retour : départ de Milan le samedi à 23 heures 30, arrivée à Roland Garros le dimanche à 12 heures 20.


Milan va plaire aux Réunionnais

Friand de shopping mais aussi de découvertes culturelles, le touriste réunionnais devrait apprécier Milan, capitale de la Lombardie, et plus largement l’Italie.
"En 2001, j’ai envoyé un groupe de 50 personnes en Italie. En 2002 et 2003, six groupes de 50 personnes chacun sont partis. Entre janvier et mai 2004, sept groupes de la même importance ont été constitués. La destination est littéralement en train d’exploser", note Serge Sylvan, d’Alizés Voyage.
Ce tour operator, qui jusqu’à présent faisait voyager ses clients via Maurice, en est même à refuser de la demande par manque de disponibilité dans les avions. "Milan est la capitale de la mode, Venise celle des amoureux, Florence celle de l’art, Rome celle de l’Histoire. L’Italie fait rêver plus d’un Réunionnais", commente Serge Sylvan, qui se félicite de l’ouverture de la rotation régulière vers Milan.

Léonard de Vinci et Michel Ange
"Cette ville est aussi le carrefour vers plusieurs pays européens", note Emmanuel Laurent, de Corail Voyages, en citant la Suisse, l’Autriche ou encore l’Allemagne. "C’est intéressant pour ceux qui veulent un combiné vers différentes destinations", dit-il encore.
Milan, c’est également une ville d’architecture et d’arts, comme le prouve la magnifique cathédrale (la 3ème du monde par sa taille après Saint-Pierre de Rome et la cathédrale de Séville en Espagne), et l’imposante forteresse des ducs milanais construite au milieu du 15ème siècle. Le travail de décorations sur les murs d’enceintes et sur ceux des salles est magnifique. Quant au plafond de la salle des banquets peint par Léonard de Vinci en personne, il mérite à lui seul le déplacement. Encore que la vedette lui soit disputée par la Pieta Rondanini, la statue inachevée de Michel Ange (la dernière qu’il ait réalisée) représentant le Christ porté par la Vierge Marie après son martyr sur la croix. Instants chargés d’émotions que ceux passés dans cette visite...

Shopping, shopping
Et il y a la mode, le shopping plus largement. Milan offre de multiples possibilités. Les magasins de décoration, de chaussures, de vêtements... sont légion. De la jupe haute-couture à 600 euros à la chemisette en prêt à porter à 9 euros, tous les porte-monnaies et Réunionnais friands de shopping - pouvant se rendre en Italie - devraient s’y retrouver.
Côté Italien, la destination Réunion ne demande qu’à être plus connue. "L’île est très belle, elle est dotée d’une nature magnifique et elle offre de multiples possibilités pour les sports de pleine nature comme le trekking (randonnée - NDLR) par exemple. C’est sur ce côté que nous allons insister pour démarquer La Réunion des autres îles de la zone, qui ont plus pour image de marque les plages et les cocotiers", note Stefano Bardile, de Hotelplan Italy.

Jouer la carte réunionnaise
Ce tour operator estime que La Réunion a de multiples atouts, à condition de jouer sa propre carte et "d’arrêter de faire des hôtels pour la France". "Il existe une vraie architecture réunionnaise, avec ses lambrequins et ses lambris, une vraie cuisine locale. Il faut jouer à fond sur ces spécificités et ne pas faire uniquement ce que l’on pourrait trouver en France métropolitaine", dit-il.
Il ajoute qu’à son sens, les opérateurs du tourisme local devront "soit baisser les prix des nuitées en hôtels, soit augmenter leur qualité afin d’offrir aux touristes un meilleur rapport qualité - prix". Dernier vœu formulé par Stefano Bardile, l’apprentissage de l’italien par le personnel œuvrant dans le tourisme "afin de faciliter le séjour des touristes".


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