British Airways cède ses actions dans Air Mauritius

Une attitude radicalement différente d’Air France envers Air Austral

30 juin 2008, par Manuel Marchal

Mardi dernier, British Airways a annoncé la vente de ses actions d’Air Mauritius. Bien qu’Air Mauritius desserve l’Europe depuis Maurice, tout comme British Airways, la compagnie britannique n’envisage pas de concurrence Air Mauritius en se lançant dans la desserte régionale des îles de l’Océan Indien à partir de Maurice. Or, contrairement à British Airways, Air France a décidé de venir concurrencer sur les lignes régionales la compagnie dont elle détenait des actions, c’est-à-dire Air Austral.

Mardi, la compagnie britannique a annoncé la cession des 10,5% du capital d’Air Mauritius en sa possession pour un montant de 4,05 millions d’euros. British Airways est un actionnaire historique de la compagnie, depuis sa fondation en 1973. Deux raisons expliquent cette décision. Tout d’abord, Air Mauritius ne fait pas partie de la stratégie de British Airways. Ensuite, la compagnie britannique estime que maintenant, Air Mauritius a gagné le pari de son développement, et n’a donc plus besoin du soutien de British Airways.
Il est à noter que sur la ligne Maurice-Europe, British Airways et Air Mauritius sont concurrents depuis des années. Le retrait de la compagnie britannique ne s’accompagne pas de sa part de la volonté de venir concurrencer Air Mauritius sur les lignes régionales.
A l’heure où Air Austral fête les cinq ans de sa desserte quotidienne de l’Europe, il est à noter qu’au moment où la compagnie régionale a décidé de se lancer sur le long-courrier, Air France possédait environ 30% de son capital. Air France s’est ensuite retiré.
Mais pour une des premières compagnies aériennes mondiales, Air Austral est un concurrent qui a "tiré le premier" en se lançant sur le long-courrier. Confronté à la concurrence du TGV en France sur les lignes intérieures, Air France veut redéployer une partie de sa flotte dans la Caraïbe et l’Océan Indien. Autrement dit, Air France poursuit l’objectif de venir concurrencer Air Austral sur les lignes régionales.
L’attitude de la compagnie française est donc à l’opposé de celle de British Airways. British Airways considère Air Mauritius comme un partenaire, Air France traite Air Austral comme un concurrent à combattre, c’est toute la différence. Est-ce à dire que du côté de Londres, la décolonisation des esprits est accomplie, mais pas de l’autre côté de la Manche ?

Manuel Marchal


British Airways vend ses actions d’Air Mauritius

La compagnie aérienne britannique British Airways (BA) a annoncé mardi la vente des 10,5% d’Air Mauritius qu’elle possède, pour 3,2 millions de livres (4,05 millions d’euros), estimant que cette participation ne fait plus partie de ses priorités.
BA vend les 13,24% d’Air Mauritius Holding Company Limited, groupe d’actionnaires principal avec 51% de Air Mauritius Ltd, aux autres actionnaires de cette holding, et ses 3,84% de Air Mauritius Ltd au gouvernement mauritien qui possède déjà 4,5% de l’entreprise. Robbie Baird, le directeur du BA pour l’Asie Pacifique, qui représente BA au Conseil d’administration d’Air Mauritius, a estimé que cet investissement « n’était plus une partie centrale de la stratégie d’activité » de BA. « Nous avons investi dans la compagnie (en 1973, ndlr) quand elle débutait. Elle connaît désormais le succès, opère selon les critères les plus élevés et n’a plus besoin de notre présence et de notre soutien », a indiqué M. Baird, soulignant que la vente, qui sera effective en juillet, avait été effectuée avec "la pleine coopération" du gouvernement mauricien et de la compagnie.
Dans une déclaration, Robbie Baird, représentant de la British Airways sur le conseil d’administration d’Air Mauritius, a indiqué que cette dernière n’avait plus besoin de British Airways pour voler de ses propres ailes.
« Notre investissement dans Air Mauritius ne fait plus partie de notre business plan à long terme. Nous avons investi dans Air Mauritius alors qu’elle n’était qu’une start-up dans l’aviation. Elle est, aujourd’hui, une compagnie couronnée de succès et qui évolue dans les plus hauts standards. A ce titre, elle n’a plus besoin de notre implication et notre support ».
Dans un communiqué conjoint Sanjay Bhuckory, le président et Manoj R K Ujoodha, G.O.S.K., le CEO d’Air Mauritius, ont, pour leur part, déclaré : « Nous voudrions remercier British Airways et tous ses directeurs qui ont siégé sur notre conseil d’administration depuis 35 ans et qui ont partagé avec nous leur vision et leur soutien. Nous sommes confiants que nos relations avec British Airways continueront à être aussi solides qu’auparavant. Nous sommes également très heureux d’avoir pu mener cette opération avec nos actionnaires existants et nous leur remercions pour le soutien indéfectible à Air Mauritius ».

Les atouts de La RéunionAir Austral

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Messages

  • Je cite la fin de l’article..""...Est-ce à dire que du côté de Londres, la décolonisation des esprits est accomplie, mais pas de l’autre côté de la Manche ?""

    Je trouve que cette référence au colonialisme est totalement mal venue et n’a pas sa place ici.
    Mais l’auteur de cet article peut-il développer l’embryon de réflexion qu’il veut initier chez les lecteurs ? ça m’intéresse de savoir quel lien il fait entre le colonialisme et les décisions stratégiques de deux compagnies.......

    • Derrière cette décision stratégique, ne pensez-vous pas que l’on devine la volonté de faire gouter la concurrence à une compagnie régionale qui est un outil essentiel du désenclavement du pays ? Ne croyez-vous pas que la deuxième compagnie mondiale a la force de frappe nécessaire pour se lancer une guerre des prix sans autre objectif que faire plier une compagnie régionale qui a eu l’audace de se lancer dans le long-courrier pour faire avancer son pays ?
      De deux choses l’une. Soit Air France considère que la desserte régionale de l’océan Indien est essentielle pour son développement, ce qui de la part de la deuxième compagnie mondiale est étrange. Soit c’est la volonté de mettre des bâtons dans les roues à une compagnie qui desservira l’an prochain la ligne Paris-La Réunion-Sydney-Nouméa, et qui envisage dans cinq ans en première mondiale l’exploitation en low cost d’un Airbus A380 de plus de 850 passagers, afin de réduire de 30% les prix des billets d’avion au départ de La Réunion. Or, comment définir cette dernière possibilité si ce n’est par le fait de considérer que La Réunion est une chasse gardée pour ce géant mondial du transport aérien, comme au temps des colonies ?

  • Vosu écrivez : "Air France traite Air Austral comme un concurrent à combattre, c’est toute la différence." Qu’est donc Air Austral pour AF sinon un concurrent ? Si AF ne traitait pas Air Austral comme un concurrent, il y aurait certainement des journalistes, vous-même peut-être, pour dénoncer l’entente (illégale), le quasi-monopolole et son influence sur les prix des billets (que les Réunionais trouvent de toute façon toujours trop élevé pour un vol qui dure tout de même ONZE heures).

    D’autre part, je ne puis m’empêcher de comparer le prix de 4 millions pour 10%, ce qui valorise Mauritius à 40 millions, contre les 68 millions payés par BA pour acheter l’avion, toute petite compagnie.

  • Je vous remercie de votre réponse qui est très claire...et qui contient des relents d’une époque nauséabonde une fois de plus, et malgré vos efforts ...
    Ce qui est essentiel au développement du pays, c’est justement la concurrence....et on ne peut que se féliciter qu’elle fasse son apparition.
    Permettez moi de redéfinir ce qui se passe......d’un côté on parle de concurrence, même sur ce tronçon qu’il vous semble incongru de cibler et c’est là à mon sens, votre souci....au bénéfice, rappelons le, d’une clientèle et forcément à l’avantage d’une compagnie ..ou une autre.... le client choisira.
    La victimisation à ses limites, le protectionnisme aussi .... et le vrai gagnant est avant tout le client, réjouissons nous en !


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