Organisé au Caudan Arts Center, l’événement a réuni plus de 200 participants. La conférence inaugurale a ainsi permis de présenter la mission régionale et d’ouvrir un espace de dialogue entre les différentes parties prenantes. Objectif : échanger sur les défis liés à la pollution plastique et explorer des solutions innovantes pour protéger les écosystèmes marins de la région. La conférence s’est notamment tenue en présence du ministre de l’Environnement, de la Gestion des déchets solides et du Changement climatique, et sa Junior Minister, le Secrétaire général de la COI, l’Ambassadeur de France à Maurice, la Directrice de l’Agence française de développement (AFD) Maurice-Seychelles et le CEO de la Mauritius Commercial Bank.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet ExPLOI (Expédition plastique océan Indien) de la COI, soutenu par l’AFD et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), avec l’appui de partenaires locaux engagés.
Une escale mobilisatrice au Caudan Waterfront
Après une première escale à La Réunion, le navire Plastic Odyssey, ambassadeur de la lutte contre la pollution plastique, sera sur les quais du Caudan Waterfront du 14 au 25 avril 2025. Cette escale mauricienne s’inscrit comme un temps fort de mobilisation et de sensibilisation, visant à créer un véritable espace de dialogue autour des enjeux de la pollution plastique. À travers un programme varié et accessible, mêlant conférences-débats, tables rondes, projections de documentaires et ateliers interactifs, le public pourra rencontrer et échanger avec des experts, chercheurs, entrepreneurs, décideurs politiques et membres de la société civile. Une occasion de mettre en avant des solutions concrètes et locales, en s’appuyant sur le partage de connaissances, d’innovations et d’expériences réussies dans la région.
Une mission scientifique inédite pour l’océan Indien
En parallèle, une campagne océanographique majeure est lancée par la COI en collaboration avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), mobilisant des chercheurs et laboratoires des cinq États membres de la COI. Objectif : collecter des données inédites sur la pollution plastique dans l’océan Indien, afin de mieux comprendre son origine, sa nature, son impact et nourrir la recherche appliquée.
Le Secrétaire général de la COI, Edgard Razafindravahy, a rappelé l’importance de l’information et de la formation dans ce domaine : « Un état des lieux scientifique de la pollution plastique dans l’océan Indien est essentiel pour guider nos politiques publiques, stimuler la recherche appliquée et renforcer les compétences dans la région. Grâce au projet ExPLOI, 20 doctorants et jeunes chercheurs, aux côtés de l’IRD et des universités partenaires, prendront place à bord du navire pour une expédition scientifique jusqu’en juillet prochain. Ces données soutiendront la mise en place d’un observatoire régional de la pollution plastique pour les chercheurs et les décideurs. »
Une mobilisation régionale et internationale renforcée
À travers le projet ExPLOI, la COI accompagne ses États membres dans leur transition environnementale, en soutenant l’élaboration et la mise en œuvre de politiques nationales de lutte contre la pollution plastique. Au niveau régional, sur le terrain, 40 projets innovants seront soutenus pour favoriser l’émergence d’une économie circulaire locale et durable. Chaque État membre bénéficiera ainsi d’un espace d’innovation dédié (incubateur et fablab) afin de concevoir, tester et déployer des solutions concrètes, adaptées aux réalités locales.
L’AFD, partenaire stratégique du projet ExPLOI, joue un rôle clé dans cet accompagnement. Son engagement aux côtés de la COI traduit une volonté partagée de soutenir la transition environnementale en appuyant la mise en place de politiques publiques éclairées par des données scientifiques fiables, et porteuses d’un changement systémique durable à l’échelle régionale. « C’est une aventure humaine et scientifique, mais aussi un message volontariste : oui, des initiatives concrètes existent pour agir contre l’utilisation du plastique pour protéger nos océans. Et oui, c’est un devoir des actrices et acteurs de la solidarité de les faire émerger là où les besoins sont les plus urgents. », confie la Laetitia Habchi, Directrice de l’AFD pour Maurice et les Seychelles.
La pollution plastique, un défi majeur pour l’île Maurice
À Maurice, la pollution plastique atteint un niveau critique. Chaque année, environ 75 000 tonnes de déchets plastiques sont enfouies à Mare Chicose, centre d’enfouissement de l’île déjà en situation de saturation. Moins de 4 % de ces déchets sont recyclés, tandis que la consommation de plastique à usage unique, notamment les emballages, ne cesse d’augmenter.
Cette situation a des répercussions graves sur l’environnement, la santé publique et les secteurs clés de l’économie, tels que le tourisme et la pêche. Face à cette urgence, le gouvernement mauricien prévoit de renforcer son cadre réglementaire et s’engage davantage pour une transition vers une consommation plus responsable. « Un comité statutaire de gestion des plastiques a été mis en place afin de coordonner les efforts entre les secteurs public et privé, la société civile et les milieux académiques. La prochaine réunion de ce comité est prévue pour le mercredi 16 avril, et permettra de présenter les actions prioritaires et de mobiliser l’ensemble des parties prenantes » a déclaré l’Honorable Monsieur Rajesh Bhagwan, ministre de l’Environnement, de la Gestion des déchets et du Changement climatique.
Dans les enceintes internationales, Maurice est activement impliqué tout comme les autres États membres de la COI dans les négociations du futur Traité mondial sur les plastiques. Le Secrétaire général de la COI, a d’ailleurs rappelé que la COI défend « une vision forte : réduction à la source, fin des plastiques à usage unique, et application du principe pollueur-payeur. Nous avançons avec nos alliés du PNUD, de l’IORA, de l’UICN et de la Convention de Nairobi. »
Pour rappel, cette mission océanographique et citoyenne pour un océan Indien sans plastique et l’ensemble des actions portées par la COI en faveur de l’océan seront également présentées à la 3ème Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC3), qui se tiendra à Nice en juin prochain.