Nou le kapab

1.000 projets pour l’avenir des jeunes réunionnais

La Réunion : Collectif jeune pour les États-Généraux de l’Outre-Mer

9 juillet 2009, par Jean Fabrice Nativel

Où va la jeunesse réunionnaise ? Même avec un Doctorat, un jeune se retrouve sans emploi ! Que faire face à pareille situation ? Des jeunes, pères et mères de famille réunis en Collectif jeune pour les États-Généraux de l’Outre-Mer ont pris l’initiative d’aller à la rencontre d’autres jeunes afin de bâtir avec eux un projet pour leur avenir intitulé ’Nou le kapab ! 1.000 projets pour l’avenir des jeunes réunionnais’. Présentation.

A La Réunion, le Collectif jeune pour les États-Généraux de l’Outre-Mer compte remettre son projet intitulé « Nou le kapab ! 1.000 projets pour l’avenir des jeunes réunionnais » au Premier ministre lors d’une audience pendant la visite du chef du gouvernement. À la veille de l’arrivée de François Fillon, le collectif a présenté cette feuille de route à la table d’un restaurant à Sainte-Clotilde.

Même formés, pas travail

Le ton était grave ! Les intervenants ne masquaient pas leur inquiétude quant au devenir des jeunes. Qu’ils soient formés ou non, peu trouvent du travail. Au mieux, on leur propose une remise à niveau, un bilan de compétences… Cela ne débouche sur rien de concret si ce n’est le « désespoir ».
« Aujourd’hui, un jeune sur deux est au chômage, 52% de la population réunionnaise vit en dessous du seuil de pauvreté, un étudiant sur deux est boursier, et parmi eux, 70% le sont à l’échelon maximum ». Inquiétant ! Que faire face à ce constat ? Agir, c’est qu’a entrepris le collectif qui, après des échanges, propose des solutions pour sortir de la jeunesse de l’impasse.

Identifier les besoins prévisionnels en emploi

Selon Gilles Leperlier, il est urgent « d’identifier d’une part les besoins prévisionnels en emploi pour adapter les formations et d’autre part les filières créatrices d’emplois telles la santé, l’environnement, l’aide à la personne — de l’enfant à la personne âgée ». À ce sujet, Donald rappelle « il y a 28.000 enfants à La Réunion pour 3.000 places de crèches ». Et développer leur garde à domicile serait source d’emplois notamment.
Aussi, ne peut-on pas penser à un CAP ou un BEP spécifique à la pose des panneaux photovoltaïques ? Un savoir-faire dont bénéficieront La Réunion et les pays voisins. « La mobilité », il la veut « choisie » ou liée avec les îles de l’océan Indien tout particulièrement.

Que de difficultés, mais des solutions !

Un jeune au chômage ne peut vivre chez ses parents éternellement même « si kari momon lé bon ». À un moment ou un autre, sortir du cocon familial est nécessaire. Cela passe par la location d’un logement. Et là, il déchante car il lui est demandé 3 mois de caution. Eddy Dijoux « demande à ce que l’État se porte caution ». Dans ses déplacements, il est pénalisé car tout se paie, leur gratuité ou l’abaissement de leur coût est demandé.

Les difficultés ne s’arrêtent pas aux déplacements. S’y additionne l’accès aux soins médicaux, « 23% des étudiants qui se privent de soins médicaux dont 13% n’ont pas de couverture médicale », note Yannick Payet. S’ils travaillent un jour, ils prendront soin d’eux. On vit dans un monde où « si ou na poin la moné, ou dor a tèr ».

Le collectif déplore qu’aucun atelier de ces États-Généraux ne soit consacré à la Jeunesse. D’où la rédaction d’un projet car ces jeunes, pères et mères ont un idéal pour la jeunesse réunionnaise, la voir s’épanouir dans de bonnes conditions.

Jean-Fabrice Nativel 


Dans le domaine de l’éducation et de l’emploi


Rénovation des filières BEP/CAP
Un bref regard sur la courbe de ceux qui sont les plus touchés par le chômage montre que les diplômés d’un CAP/BEP à La Réunion ont, à peu de chose près, le même taux de chômage que les non diplômés ! Cette filière, qui regroupe la plus forte concentration de jeunes, mérite une profonde rénovation. Cette rénovation devra prendre en compte les métiers, les spécificités, être innovante et adaptée à la situation de notre pays comme les métiers de la mer, de l’environnement, des énergies renouvelables. Il existe des CAP pêche en France et pas ici, alors que nous sommes une île ! Il y a plus de chauffe-eau solaires sur notre seul petit territoire que sur l’hexagone en entier, pourtant il n’y a pas de formation « saloriste » ici !...


Recrutement local
La Réunion connaît une crise de l’emploi sans précédent. Nous avons des milliers de jeunes diplômés sans emploi et encore plus de jeunes non diplômés dans une situation plus grave encore. Nous sommes au bord de l’asphyxie, pouvons-nous nous autoriser le luxe de recruter ailleurs quand la main d’œuvre existe et est sans emploi ? Il est temps d’arrêter cette injustice. Un parent peut-il décemment donner à manger aux autres quand ses propres enfants meurent de faim ? Comme l’a souligné le président en Guadeloupe, comme cela se fait en Guyane, il faut désormais recruter en dehors dans le seul et unique cas où il n’y aucun indigène qui soit en mesure d’exercer le métier désigné.


Création de filières innovantes
Il faut désormais des filières en lien et en adéquation avec les besoins de La Réunion et à tous les niveaux d’étude. Des filières nécessaires mais aussi attractives, et cela dans trois grands domaines :
1) L’environnement : les énergies renouvelables (le solaire, la biomasse, l’éolien, la géothermie,...), la valorisation des déchets, l’écologie (protection, valorisation, connaissance des forêts, étude de la biodiversité...), connaissance des plantes médicinales...
2) L’aide à la personne (plus de filières petite enfance, d’aide aux personnes âgées ou handicapées, connaissance approfondie de ce public).
3) Le développement de la coopération régionale : développer la mobilité et les échanges de connaissance avec les pays de la zone, notamment dans le domaine de l’agriculture et de la pêche.

Dans le domaine de la culture
L’histoire du peuplement, de l’esclavage, de la colonisation, de la départementalisation des DOM doit être connue de tous les Français ! Le monde entier reconnaît Aimé Césaire, mais pas la France, est-ce normal ?
Son nom et celui de tous ceux qui ont contribué à changer le destin politique des DOM actuels doivent être connus de tous les Français, cela participe aussi à la « construction d’une culture, d’une identité et d’un patrimoine commun », comme c’est écrit dans les programmes scolaires. Sans cela, nous ne faisons pas partie de la France. (Nous ne pouvons pas faire partie d’un pays qui occulte notre histoire et nous contraint à connaître le sien).
Autant que les grands auteurs, écrivains, poètes, sculpteurs, peintres, chanteurs... du territoire français, ceux des DOM, eux aussi, méritent d’être étudiés ; les élèves doivent quitter l’école en sachant citer au moins un poème écrit par un domien, reconnaître une œuvre artistique, fredonner un air, avoir en tête un de leurs titres de livres.

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