10e commémoration de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions

10 mai : initiative réunionnaise pour la reconnaissance de l’esclavage crime contre l’humanité

11 mai 2015

Hier, c’était la célébration de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Elle se tient le 10 mai, date à laquelle la France a reconnu l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Ce 10 mai a vu l’inauguration d’une Maison des civilisations et de l’unité guadeloupéenne. Le Mémorial ACTe est en effet un lieu pour la réconciliation des Guadeloupéens.

En 2001, les députés ont voté une loi pour reconnaître l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Cette loi créait aussi un Comité pour la mémoire de l’esclavage, ce qui fut fait en 2004. Une des tâches du CPME était de proposer au président de la République une date à laquelle toute la République rendra hommage aux victimes de l’esclavage. C’est le 10 mai qui a été choisi, et la première cérémonie eut lieu en 2006. Depuis cette date, le chef de l’État préside une cérémonie qui se tient dans les Jardins du Luxembourg à Paris, près du Sénat.

Mais le 10e anniversaire du 10 mai a pris cette année un éclat particulier. Le président de la République l’a célébré en Guadeloupe. François Hollande est venu dans cette île pour inaugurer le Mémorial ACTe. Cet équipement culturel n’est pas sans rappeler le projet de Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. Il vise à favoriser la réconciliation des Guadeloupéens en leur montrant d’où ils viennent.

Plusieurs chefs d’État étaient invités à assister au discours du président de la République. Il y avait des représentants de l’Afrique, dont le président sénégalais, et aussi de la Caraïbe, avec le chef d’État d’Haïti. Haïti a été la première colonie à se libérer de l’esclavage. Mais en 1825, la France a obtenu d’Haïti le versement d’une indemnité de 125 millions de francs pour indemniser les esclavagistes. François Hollande s’est engagé à s’acquitter de cette dette réclamée depuis 180 ans par Haïti lors de sa visite mardi à Port-au-Prince.

L’initiative des communistes réunionnais

L’ampleur prise aujourd’hui par le 10 mai amène à rappeler l’origine de cette commémoration. Tout est parti d’une initiative du Parti communiste réunionnais. C’était en 1998, à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Le 23 décembre, les députés du PCR ont déposé une proposition de loi visant à faire proclamer « crime contre l’humanité » la traite et l’esclavage perpétrés, du XVIe au XIXe siècles, « contre les populations africaines, malgaches et indiennes ». Le gouvernement socialiste s’en empare et initie une proposition parallèle. Les 2 textes seront ensuite fusionnés. La nouvelle présentation sera portée par Christiane Taubira.
Nos députés ont dû batailler dur contre l’ancien ministre socialiste Mermaz, en commission des lois et en assemblée plénière, pour faire respecter la vision historique réunionnaise prenant en compte l’océan indien, en particulier, Madagascar et l’Inde. Le texte définitif est adopté au Sénat, le 10 mai 2001. Il donne satisfaction, car il reprend l’amendement du PCR.

À l’origine de cette démarche, le PCR a considéré que l’esclavage correspond aux critères définis par le tribunal international de Nuremberg pour définir le crime contre l’humanité. C’est en effet au lendemain de la seconde guerre mondiale qu’a été créée cette nouvelle catégorie de crime, imprescriptible.

L’importance de l’histoire

Cette initiative a amené une ancienne puissance coloniale à reconnaître que dans le passé, elle a soutenu un crime contre l’humanité. Car l’esclavage était inscrit dans la loi. C’était le Code noir rédigé par Colbert. C’est un autre dirigeant français, le général Bonaparte qui deviendra l’empereur Napoléon, qui rétablit l’esclavage en 1802, prolongeant d’un demi-siècle un crime contre l’humanité que la Convention avait déclaré illégal en 1793. Ces faits montrent l’importance pour les Réunionnais de se réapproprier l’histoire. Ce sont en effet des Réunionnais qui ont empêché l’application de la loi abolissant l’esclavage à La Réunion en 1794. Ce sont deux personnages parmi les plus importants de l’histoire de France qui sont les auteurs de crimes contre l’humanité subis par les Réunionnais : Colbert auteur du Code noir, et Napoléon Bonaparte qui le rétablit en 1802.

Le 10 mai est, comme le 19 mars, une date issue de l’action des peuples de l’outre-mer. Comme l’abolition du statut colonial en 1946, la reconnaissance de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité trouve son point de départ dans l’initiative des communistes de l’outre-mer.

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