Jean-Louis Borloo en visite à La Réunion

15 questions au ministre

21 décembre 2004

Sa loi votée depuis hier, le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a décidé de venir immédiatement à La Réunion, premier département de la République où il compte expliquer et défendre son plan. À partir des trois volets du plan - emploi, construction de logements sociaux, égalité des chances -, nous soumettons au ministre 15 questions précises, qui attendent des réponses précises.

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Le plan de cohésion sociale voté définitivement ce lundi 20 décembre par le Parlement comporte trois volets principaux : l’emploi, le logement social et l’égalité des chances. Sur ces trois chapitres, nous avons sélectionné quinze questions que nous soumettons au ministre.

L’emploi

1) Les personnes actuellement en CES, CEC ou CIA ne doivent pas, avec la suppression au 1er janvier 2006 des CES et CEC, au bord du chemin. Comment et dans quelles conditions retrouveront-elles une nouvelle activité avec les nouveaux contrats aidés ?
2) Estimant qu’un taux d’environ 9% de chômage est intolérable pour la Métropole, le plan de cohésion sociale veut le ramener, en 5 ans, à une proportion plus acceptable. Le même plan et pour la même durée, compte-t-il réduire de manière significative le taux de chômage à La Réunion ? Quel est l’objectif fixé ? Ramener nos 30/33% de chômeurs au niveau métropolitain ?
3) Les nouveaux dispositifs d’emplois aidés mis en place par le plan de cohésion sociale se veut une étape vers la création d’emplois “ordinaires”. Comment le gouvernement compte-t-il se prendre à La Réunion où le tissu économique est extrêmement fragile ? Comment celui-ci pourra-t-il absorber, en 5 ans, les 50.000 contrats aidés utilisés à La Réunion ?
4) Les communes sont parmi les plus gros employeurs des CES et des CEC Pourront-elles recourir aux nouveaux emplois aidés ? Dans quelles conditions ? Pourront-elles, au bout de 5 ans, offrir un emploi pérenne à leurs employés sous contrat aidés ?

Construction de logements sociaux

5) Un des problèmes clés du logement à La Réunion est celui du coût du foncier : les différentes lois de défiscalisation appliquées à La Réunion depuis 1986 ont fait exploser le prix des terrains. La ministre de l’Outre-mer, Mme Girardin, a devant le Sénat accepté le principe d’une étude d’impact de la défiscalisation notamment sur la construction. Cet engagement sera-t-il tenu ?
En tout état de cause, quels moyens compte prendre le ministre pour ramener le coût du foncier à un prix abordable pour faire face aux besoins du million d’habitants ?
6) L’autre problème essentiel à la construction de logements sociaux est le financement de l’équipement et de l’aménagement des terrains, notamment en réseaux (routier, assainissement...). Les crédits du FRAFU (Fonds régional d’aménagement du foncier et de l’urbanisme) sont épuisés. Comment le gouvernement compte-t-il l’alimenter ?
Et le Fonds d’aménagement des quartiers (FAQ) préconisé à l’unanimité en mai 2003 par la Charte réunionnaise du logement n’a jamais été mis en place. Quand le gouvernement compte-t-il mettre en œuvre cette charte ?

Égalité des chances

7) Le système éducatif réunionnais connaît des retards en personnels et en équipements. Le dernier plan de rattrapage en personnel date de plus de 5 ans. Le ministre va-t-il proposer un plan de rattrapage de 5 ans en personnels et en équipements ?
8) La Réunion recense entre 100 à 120.000 illettrés, tous produits de l’actuel système éducatif. Le gouvernement contribuera-t-il à la lutte des Réunionnais contre l’illettrisme ?
9) Citoyens français, les Mahorais émigrent de plus en plus vers La Réunion, où ils rencontrent de nombreux problèmes (accès à l’emploi, logement...). Dans les années qui viennent, le flux migratoire devrait s’accentuer. Le gouvernement a-t-il l’intention de proposer un plan d’intégration ?
10) Les inégalités de revenus à La Réunion sont connues. Le gouvernement compte-t-il agir pour les réduire ?
11) Il existe un écart entre les coûts de la vie de Métropole et de La Réunion. Cette situation va-t-elle continuer ? Au nom de la mise en œuvre de la cohésion sociale, le gouvernement a-t-il l’intention d’agir ? Va-t-il publier le décret proposant la mise sur pied d’un observatoire des prix et des revenus ?
12) Comment répondre aux inquiétudes créées au sein de la population par le développement de la délinquance et du sentiment d’insécurité ?
13) Comment régler le problème des journaliers communaux ?
14) La cohésion sociale a besoin d’une cohésion culturelle. Comment le gouvernement compte-t-il contribuer à sa mise en œuvre ?

Adapter ou réunionniser ?

15) Ne tenant pas compte des expériences passées, le gouvernement compte-t-il adapter à La Réunion son plan de cohésion sociale en l’aménagement quelque peu ou alors, partant des besoins de la société réunionnaise compte-t-il discuter d’un plan de cohésion de la société réunionnaise ?

J. M.


R.F.O. : propagande ou débat ?

Le service public d’information a invité le ministre à venir s’exprimer. Il n’y a là rien de plus normal. Il dépendra cependant de RFO soit de transformer Jean-Louis Borloo en “Père Noël” -selon l’expression d’une association de chômeurs - ou en ministre responsable.
Jouant “gros doigt”, la station du Barachois peut conduire le représentant du gouvernement à multiplier les effets d’annonce (le dégel des crédits de la LBU, le sursis d’un an pour la suppression des CES et CEC). Elle peut aussi à travers ses questions aider l’opinion publique à mieux comprendre.
Or, ce ne sont pas les sujets de réflexion qui manquent : le plan Borloo ayant une durée de 5 ans - les crédits ont été programmés pour 2005 à 2009 -, que se passerait-il après ? Les communes sont les plus gros employeurs d’emplois aidés ; pourront-elles leur assurer un emploi à la fin des contrats ? Le coût du foncier explose ; quels sont les remèdes du gouvernement ? Etc., etc...
Mais RFO pourrait faire mieux.
S’il est défendu par la majorité, le plan Borloo a fait l’objet de critiques. De la part du Conseil économique et social, des organisations syndicales, des partis de l’opposition, de certains titres de la presse française (“Libération”, “Alternatives économiques”...). Les sujets de débat sont nombreux.
Or, si l’on estime que ce texte va modifier certaines pratiques sociales à La Réunion, RFO se montrerait inspirée en donnant la parole à tout le monde.
Le débat sur la “préférence régionale” organisée en dehors de toute période électorale a montré qu’un échange d’idées est possible sur un thème sensible. Le service public peut-il rééditer une opération identique ? À moins qu’il souhaite, en cette fin d’année, apporter la démonstration que sur certains sujets, le débat entre Réunionnais est interdit et que l’exclusivité des analyses et des commentaires revient à un envoyé de Paris.


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