Au PCR, une circonscription n’est pas un bien personnel. C’est comme ça depuis 50 ans !

1997 : Claude Hoarau va vaincre Virapoullé dans son bastion électoral et le Parti désigne Huguette Bello dans l’Ouest

10 février 2012

Au Parti Communiste Réunionnais, la prime au sortant consiste à autoriser un député sortant à solliciter un autre mandat à condition que sa réélection permette de renforcer le PCR. Cela signifie qu’une circonscription n’est pas un bien personnel. Député sortant de l’ancienne seconde circonscription aux législatives de 1997, Claude Hoarau avait été défier Virapoullé dans la cinquième circonscription. La victoire de Claude Hoarau sur Virapoullé avait permis au PCR d’obtenir un député supplémentaire, Huguette Bello.

Après Sainte-Suzanne, un nouveau différend apparaît dans les médias. Il concerne le choix du candidat du PCR dans une des circonscriptions issue du redécoupage électoral de l’UMP. Créée en 1988, l’ancienne seconde circonscription est désormais divisée en deux, la commune de Saint-Paul se trouvant répartie sur les deux nouvelles créations : la seconde et la septième.
Au PCR, le principe de la priorité au sortant se traduit par le fait que le Parti a toujours soutenu la candidature d’un député sortant, l’autorisant à se représenter à une élection législative pour poursuivre son travail.
Ce principe ne signifie pas que le député sortant s’autoproclame candidat dans une circonscription de son choix personnel. Sa candidature s’inscrit dans une stratégie, permettre d’avoir un maximum de députés pour augmenter la représentativité du PCR à l’Assemblée nationale.
L’ancienne seconde circonscription est d’ailleurs un lieu d’application exemplaire de ce principe.

Claude Hoarau part défier Virapoullé

En 1996, Paul Vergès est élu sénateur, il démissionne donc de l’Assemblée nationale. Une élection législative partielle a lieu en septembre 1996. Claude Hoarau est le candidat investi par le PCR. Le RPR désigne Margie Sudre, qui était à l’époque secrétaire d’État à la Francophonie et présidente de la Région. Elle bénéficiait d’un soutien total du gouvernement qui comptait mettre tous les moyens pour enlever ce siège au Parti Communiste Réunionnais.
Claude Hoarau l’emporte face à la candidate officielle de Paris. Sept mois plus tard, Jacques Chirac dissout l’Assemblée nationale. Les élections ont lieu en mai 1997 et concernent donc les cinq circonscriptions.
Claude Hoarau est député sortant. Puisqu’il vient de remporter une très grande victoire contre le gouvernement, le PCR lui demande d’utiliser cette dynamique pour aller porter le combat dans la 5e circonscription, là où Jean-Paul Virapoullé est député depuis 11 ans, élu en 1986, réélu en 1988 et 1993.
Dans le même temps, la direction du PCR propose à Huguette Bello d’être candidate dans la circonscription où Claude Hoarau a été élu moins d’un an plus tôt. Comme l’élection est générale, le gouvernement ne pourra pas concentrer tous ses moyens sur le territoire des communes de La Possession, du Port, de Saint-Paul et de Trois-Bassins, ce qui fait que la victoire est déjà quasiment assurée dans cette circonscription.
L’objectif de cette stratégie est clair : utiliser la dynamique de la victoire de Claude Hoarau sur Margie Sudre pour permettre au PCR de gagner ces deux circonscriptions. Seul l’engagement de Claude Hoarau contre Virapoullé dans la 5e circonscription pouvait permettre la réussite de cette stratégie.

Deux députés au lieu d’un

Dès le premier tour, tout était réglé dans la seconde circonscription. Plus de 51% des électeurs avaient voté pour la candidate soutenue par le PCR, seul un faible taux de participation avait obligé d’organiser un second tour pour confirmer l’élection d’Huguette Bello.
Dans la cinquième, Virapoullé était en tête pour quelques voix au premier tour, mais Claude Hoarau allait réussir à renverser la tendance pour l’emporter au second, mettant fin à une série de trois élections de député victorieuses de Virapoullé.
En arrachant la victoire, Claude Hoarau permettait donc le renforcement de son parti qui gagnait ainsi un parlementaire supplémentaire. Si Claude Hoarau se serait représenté dans la seconde circonscription, non seulement Huguette Bello n’aurait pas pu être députée, mais surtout le PCR perdait un siège de parlementaire qu’il était en mesure de gagner.

Le message de Sainte-Suzanne

Les élections à Sainte-Suzanne avaient un enjeu : pour ou contre le respect des principes du Parti Communiste Réunionnais. La solidarité avec un camarade injustement condamné, le respect de la parole donnée et la respect de la discipline du Parti, autant de questions posées à la population qui a tranché les 29 janvier et 5 février. Tout était pourtant clairement défini, dans le prolongement des résolutions du 7e congrès du PCR affirmant que nul ne peut s’autoproclamer candidat.

Pourtant à Sainte-Suzanne, des élus sont allés à l’encontre de ces principes, ils se sont opposés à la direction du Parti Communiste Réunionnais dont ils sont pourtant membres en tant qu’élus du Comité central.

L’ex-premier adjoint de Sainte-Suzanne s’est porté candidat contre le PCR, tout comme l’ex-maire intérimaire. Tous deux se sont donc clairement situés en dehors du PCR. La population a tranché le différend.

Moins d’un an auparavant, l’ancien premier adjoint avait été élu conseiller général de Sainte-Suzanne au premier tour de scrutin avec 64% des voix. Dès le 29 janvier, la sanction est tombée : 29% au premier tour. Quant à l’ex-maire intérimaire, elle n’a pas dépassé 14%. La somme des voix récoltées par les deux opposants aux principes du Parti n’égalait même pas celles soutenant Maurice Gironcel, candidat du Parti Communiste Réunionnais.

Lors du second tour dimanche dernier, la population a amplifié son message, donnant une large victoire à Maurice Gironcel devant une coalition de perdants qui a recherché le soutien de l’UMP et obtenu celui du Front national.

Ce message a-t-il été bien compris ?

Parti communiste réunionnais PCRLégislatives 2012

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