2010, la pire catastrophe économique depuis des décennies ?

1er mai : l’inquiétude grandit dans le pays

3 mai 2010, par Manuel Marchal

Plombée par le crise de ce qui était son secteur le plus dynamique, La Réunion s’enfonce dans le marasme. Le chômage bat des records, et aucune perspective de reprise ne pointe à l’horizon. Le défilé du Premier mai montre que l’inquiétude grandit.

Il y a à peine deux ans, le secteur du BTP était en pleine croissance. En quelques années, il avait quasiment triplé ses effectifs atteignant plus de 23.000 emplois déclarés à la caisse des congés payés. Ce résultat n’était pas la conséquence d’une bulle spéculative.
En effet, dans la perspective du million d’habitants en 2025, La Réunion doit se doter d’équipements en termes notamment de chemin de fer, de nouvelles routes, mais également de logements. Il est donc indispensable que notre île puisse avoir droit à un outil BTP comportant un nombre important de salariés, avec un niveau de qualification s’élevant constamment. Une stratégie était en place avec le début du chantier du tram-train succédant à la fin de celui de la route des Tamarins, puis le début de la nouvelle route du littoral et avant la fin du chantier de cette dernière le début des travaux de l’extension du tram-train vers l’Est et le Sud. Parallèlement à cela, le rythme de construction des logements sociaux devait s’accélérer avec en perspective l’application du droit au logement opposable pour 2012, une loi qui signifie que l’État, compétent en matière de construction de logements sociaux, devient pénalement responsable de la persistance du mal-logement.

La casse des projets

Du fait du retard pris par le démarrage du tram-train, à cause de recours administratifs, plusieurs projets prévus et financés prenaient alors une importance très grande. La rocade du Tampon, le Pôle océan et le Zénith intercommunal implanté à Saint-Denis devenaient alors des chantiers intermédiaires chargés de faire la soudure entre la livraison de la route du littoral, et le début des travaux du tram-train. Mais plusieurs décisions politiques ont alors plombé totalement cette stratégie, et jeté au chômage des milliers de travailleurs.
Didier Robert donne le signal en jetant aux orties les 110 millions d’euros de la rocade. Plus de deux ans après cette décision, aucun projet n’est sorti des cartons au Tampon.
C’est ensuite la nouvelle direction de la Mairie de Saint-Denis qui arrête les travaux déjà commencés du Pôle océan, et du Zénith de la CINOR. Ce sont pour près de 200 millions d’euros d’investissements qui sont annulés, sans aucune alternative.
La remise en cause annoncée de la défiscalisation dans le texte remplaçant la loi-programme refroidit les investisseurs, qui se tournent vers des dispositifs destinés à relancer la construction en France.

« Plus de 10.000 emplois directs seront supprimés »

La conjonction de ces décisions politiques provoque une très grave crise. Des milliers d’emplois sont supprimés l’an dernier. D’élément le plus dynamique de notre économie, le BTP devient le secteur le plus touché par la récession.
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu le défilé du Premier mai à La Réunion. Et à la fin quasiment du premier semestre 2010, tout est arrêté. Les logements sociaux ne sortent plus de terre. Pire encore, l’élément moteur de la relance est remis en cause. En effet, la nouvelle direction de la Région a inscrit dans son programme la suppression du tram-train, et a même annoncé la remise en cause de la nouvelle route du littoral, remplacée par un très hypothétique viaduc à six voies au-dessus des flots de l’océan.
C’est le Protocole de Matignon qui est menacé, or ce contrat de financement de deux grands projets est l’élément fondateur de tout espoir de reprise. Le gouvernement ne s’y était d’ailleurs pas trompé en faisant remettre à l’équipe du tram-train le Prix du défi relevé par le ministre de la Relance, Patrick Devedjian. Le tram-train est d’ailleurs le seul projet de la Relance sur le territoire de la République capable de démarrer immédiatement.
Mais à la veille du 1er mai, dans un communiqué rendant compte d’une rencontre avec Didier Robert la semaine précédente, l’Intersyndicale du BTP expliquait que « plus de 10.000 emplois directs seront supprimés d’ici la fin de l’année dans le seul secteur du BTP ». Cette inquiétude grandit de jour en jour et elle s’est exprimée samedi.

Manuel Marchal

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