L’Intersyndicale et la visite ministérielle

2005 : année de résistance sociale

17 février 2005

Mais que vient faire la ministre de l’Outre-mer dans notre île ? À l’évidence, ce n’est pas pour travailler avec les organisations syndicales qui ont pourtant matière à débattre. Puisqu’il est impossible de renouer le dialogue avec le gouvernement, l’Intersyndicale a choisi de publier une lettre ouverte à Brigitte Girardin par voix de presse et de se rassembler, au coté de tous les mécontents de la politique actuelle, samedi matin à 9 heures 30 devant la préfecture, pour lui rappeler que le peuple réunionnais est mécontent et qu’il le fait savoir.

(Page 3)

Visite de courtoisie ? Vacances ? Briefing avec ses colistiers locaux ? Adieux à sa fonction ? L’Intersyndicale CFTC, CGTR, FO, UIR-CFDT, UNSA, US Solidaires et FSU s’interroge sur le but de la visite de Brigitte Girardin. Elle refuse en bloc l’invitation de vendredi soir pour un cocktail dînatoire, proposition "choquante", "indécente" dans un contexte social tendu et préoccupant. Plutôt que d’être reçue avec complaisance autour de petits fours, l’Intersyndicale aurait souhaité une véritable réunion de travail, être entendue. Elle veut que la politique du gouvernement, que Brigitte Girardin représente, prenne en compte les réels besoins de la population, qu’elle redonne à notre société un visage plus humain, qu’elle parle de justice sociale.

Gouvernement légitime ?

À la lecture des mesures engagées par le gouvernement depuis 2002, la fracture sociale, qui interpellait alors le Président Chirac, s’est transformée en une cassure sociale sans précédent depuis l’après-guerre. "La France d’en bas est minorée, négligée au profit du MEDEF et des plus riches", dénonce Axel Zettor, secrétaire général de l’UIR-CFDT. Exonérations fiscales, de cotisations, allégement des impôts... À coté de ces faveurs accordées au patronat, les travailleurs, les précaires, les sans emplois récoltent, eux, les fruits amers d’une longue liste d’attaques qui met en péril l’égalité sociale, les acquis sociaux, l’essence même de la démocratie. Jean-Claude Bénard de l’Union Syndicale Solidaires estime qu’"il n’y a plus de justice sociale", et Paul Junot, secrétaire général de la CFTC que "le gouvernement est le serviteur des multinationales". Face au rapport de force qu’il laisse s’installer, au système de déréglementation qu’il met en place, Dominique Herrbach, secrétaire général de la FSU s’interroge sur la légitimité de ce gouvernement. Il lui reconnaît un mérite : "il sait cristalliser les mécontentements et fédérer une union contre lui".

Lutter pour l’égalité

Alors que les fléaux de la précarité et du chômage enchaînent les uns à occulter leurs droits de travailleurs par crainte du chômage et les autres à batailler pour survivre, l’Intersyndicale se soulève car elle estime qu’il est, par nature, de sa responsabilité de défendre les plus fragiles, de protéger les droits des travailleurs, de mener des négociations collectives pour préserver l’égalité. Armand Hoarau, secrétaire général de l’UNSA note que "cette masse de précarité touche le développement des entreprises locales, comme celui de l’île tout entière". Retards structurels et d’effectifs à La Réunion, remise en cause des 35 heures, transfert des TOS, 220 CEC de l’Éducation nationale sur le bord du chemin en décembre... L’Intersyndicale aurait aimé aborder ces questions et bien d’autres avec Brigitte Girardin. Mais puisque le gouvernement ne souhaite pas renouer le dialogue, que la motion du 5 février est restée lettre morte, que le mépris l’emporte, l’Intersyndicale fait de 2005, une année de lutte, de résistance sociale où toutes les actions seront possibles. Elle appelle l’ensemble des travailleurs, des sans emplois, des mécontents, à se rassembler samedi matin à 9 heures 30 devant la Préfecture, pour continuer la lutte jusqu’au recul du gouvernement.

Estéfany


CGTR Ports & Docks et la visite de Brigitte Girardin

Grève générale et appel à manifester le 19 février

La visite dans notre île de Brigitte Girardin, dont l’arrivée est programmée pour le 18 février, continue à mobiliser au plus haut niveau syndicats et mouvements associatifs qui attendent de pied ferme la ministre de l’Outre-Mer. Ils entendent bien protester contre la casse sociale mise en œuvre par le gouvernement UMP d’une part, et d’autre part, faire le point sur leurs revendications plus spécifiquement réunionnaises.
Hier, c’était au tour de la Fédération CGTR Ports & Docks de tenir une réunion de sa Commission exécutive. Celle-ci a décidé une grève générale le 19 février et a lancé un appel à l’ensemble de ses adhérents afin de participer massivement aux manifestations prévues, notamment au grand rassemblement prévu par l’Intersyndicale devant la préfecture à 9 h 30.
Les travailleurs de l’enceinte portuaire se sentent particulièrement mobilisés car, en plus de la dénonciation de la politique anti-sociale du gouvernement Raffarin, ils veulent surtout dire “non” aux directives européennes qui font planer les plus lourdes menaces sur l’ensemble des professions portuaires.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus