Filière canne, fonds structurels, SAR

2006, un calendrier chargé pour l’avenir du pays

22 février 2006

Aux côtés du chikungunya, plusieurs sujets étaient à l’ordre du jour de la rencontre du président de la Région avec la presse : l’avenir de la filière canne, les fonds structurels européens, la décentralisation et l’aménagement du territoire. L’État devra faire face ses responsabilités dans tous ces dossiers. Paul Vergès recommande de voir plus loin que 2007, et de se préparer à tout cela. ’L’année 2006 est l’année des rendez-vous redoutables’, déclarait hier Paul Vergès, président de Région et député européen.

Après son propos sur le virus chikungunya (voir en page 4), le président de la Région, Paul Vergès précisait qu’hier se jouait le sort des canniers réunionnais, tributaires du changement du prix du sucre. "Dans 24 heures [ndlr : aujourd’hui], on connaîtra le point de vue du Conseil des ministres de l’agriculture", déclarait-il indiquant qu’hier le Conseil des ministres consultait le rapport de la commissaire à l’Agriculture, Marian Fischer-Boël. "Cette réforme, c’est 36% de baisse du prix du sucre, sur une période de 4 ans", rappelait Paul Vergès, ce qui met en péril la bonne vie de nos planteurs de canne. Et de déclarer : "Trouvez-moi un seul travailleur qui peut être confiant quand il voit son salaire baisser de 36%. D’où le mot d’ordre : compensation totale de 100%", avant de s’interroger : "Au bout de 4 ans, soit en 2009, est-ce qu’il y aura des aides nationales ?", puisque cette présente réforme sert à clore les subventions européennes selon les souhaits de l’OMC.

17.000 planteurs en moins depuis 1969

Reste à savoir - et nous le savons - si vraiment les planteurs pourront supporter une telle baisse : Non. Et au président Vergès de faire remarquer que 90% des producteurs canniers sont des petits et moyens planteurs. Alors qu’ils étaient 23.000 en 1969, ils ne sont plus que 6.000 planteurs aujourd’hui, et leur filière est mise à mal, d’autant que les souches plantées le sont pour 8 à 10 ans.
Comment vont-ils restructurer leurs exploitations ? En mai, la filière canne est tenue en haleine par la réunion de la commission paritaire planteur/usiniers, dans le cadre de la convention canne. Celle-ci établit le prix de base de la canne à sucre, et la répartition des aides nationales. En juin/juillet, s’ouvre la coupe de canne à sucre. Voit-on disparaître une filière agricole, historiquement et géologiquement importante pour notre pays ?

Bbj


Augmentation de la population de La Réunion

Baisse des fonds structurels européens

Par ailleurs, la Région note un autre grand rendez-vous pour l’avenir de La Réunion. Les fonds structurels européens (FSE) sont revus à la baisse, dès cette année 2006, à raison de 14%.
Pour le DOCUP 2007-2013, c’est Paris qui se verra confier le montant par Bruxelles, et à elle de partager l’enveloppe entre les 4 régions ultramarines. À chacun de défendre ses dossiers. "Notre population 2007-2013 va augmenter de 80.000 habitants. Comment allons-nous rattraper notre retard par rapport à La France ?", demande Paul Vergès.

Bbj


Route du littoral, cap Lahoussaye, route de Cilaos

L’État doit sécuriser avant de transférer

Hier, la Région est revenue sur le dossier du transfert des routes nationales. Or, comme le montrent les récents événements qui ont endeuillé une famille, "nous allons vers des problèmes à résoudre", continue Paul Vergès.
Avec l’acte 2 de la décentralisation, l’État se décharge en effet du lourd dossier des routes nationales sur la collectivité territoriale. La Région Réunion a d’ores et déjà signifié son refus, mais elle est devant le fait accompli car "ce rendez-vous est dans quelques mois avec la Préfecture". La Région sera en effet obligée d’endosser la responsabilité des routes nationales d’ici trois mois.
Les dernières fortes pluies nous montrent aisément la dangerosité de certaines routes. La route du littoral, le cap Lahoussaye, la route de Cilaos sont autant de points à clarifier entre l’État et la Région, notamment en termes d’implication financière de l’État. Et Paul Vergès de lancer :"vous ne pouvez pas nous transmettre une route dangereuse ; mettez-là en état avant".
Pour l’heure, on ne peut compter que sur des mesures d’urgence, mais il faudra mettre en place des solutions pérennes. "Les plus optimistes attendent le Tram-Train", lançait Paul Vergès.

Bbj


La question de l’endiguement des ravines

Aménagement du territoire et changements climatiques

La Région Réunion prépare le Schéma d’aménagement régional (SAR), dans lequel il faudra donc réfléchir aux solutions durables pour pallier ces problèmes du réseau routier. Par ailleurs, et le Premier ministre Tony Blair s’était exprimé récemment sur le sujet en priorité, comment la Région Réunion doit-elle envisager le changement climatique ? "Si le problème, c’est l’eau, quelles solutions trouver ?", demandait en effet Paul Vergès.
Se pose alors la question de l’endiguement des ravines, qui aurait certes pu éviter les contraintes occasionnées à l’Îlet Quinquina (Sainte-Clotilde). "Mais, quel est le coût de l’endiguement des ravines ? La population sait-elle le coût de la construction d’une route ?", poursuit le président. Car, si seule la rivière des Galets est endiguée, protégeant les Possessionnais et les Portois, comment financer l’endiguement de la rivière des Roches, qui, submergée, empêche l’accès à l’hôpital de Saint-Benoît ? Comment financer l’endiguement de la rivière des Remparts qui va droit sur l’hôpital de Saint-Joseph ?
Encore faut-il imaginer les risques de glissement de terrain de Grand-Îlet à Salazie, qui connaît une pluviométrie record à chaque pluie. Après avoir rappelé les leçons de l’histoire, c’est-à-dire le glissement de terrain de Mahavel, qui avait occasionné une dangereuse retenue d’eau, ou celui du village de Grand Sable, qui faisait disparaître des vies réunionnaises, le président Vergès ne manque pas de rappeler pour Grand-Îlet, "c’est tout un village qui est menacé d’un glissement de terrain à cause de la ravine Fleurs Jaunes".

Bbj


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