Illustration du projet de société que Paris veut imposer aux Réunionnais

413 milliards d’euros pour des armes mais pas d’argent pour les retraites

8 avril 2023, par Manuel Marchal

Le droit à une retraite digne pour tous est un objectif combattu par le projet de loi du gouvernement sur les retraites. La lutte menée par les syndicats s’inscrit dans celui d’un projet de société car les arguments financiers invoqués par le gouvernement ne tiennent pas. C’est ce que rappelle le projet de loi sur la programmation militaire présenté le 4 avril en Conseil des ministres : 413 milliards prévus entre 2024 et 2030 pour acheter des armes, les entretenir et payer ceux qui en auront la responsabilité, c’est une augmentation de 40 % ! Ceci fait partie du projet de société que Paris veut imposer aux Réunionnais.

Le projet de loi sur les retraites vise à faire face à un problème financier. C’est l’argument du gouvernement pour justifier l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans dès 2027, le recul à 64 ans de l’âge de départ à la retraite et la suppression du volet « retraite » des conventions collectives.
Dès le début de la bataille pour le retrait de ce projet, les syndicats ont souligné que la lutte s’inscrit dans un projet de société. En effet, force est de constater que Paris prive délibérément de recettes le système des recettes en ne tenant pas compte de l’enrichissement exponentiel des privilégiés du capitalisme. Ces derniers bénéficient en effet d’une part toujours plus importante des richesses créées par les travailleurs, au détriment des créateurs de ces richesses.
Le projet de loi du gouvernement vise à rendre le régime général des retraites tellement peu attractif qu’il va obliger les travailleurs qui en ont les moyens à se tourner vers les banques pour avoir une rente complétant la pension. Mais seule une faible minorité peut emprunter la somme nécessaire pour acheter une résidence secondaire afin de toucher un loyer, ou faire confiance à la banque pour gérer un placement financier. C’est d’autant plus vrai à La Réunion.

50 milliards pour des armes de destruction massive au mépris des traités

Dès le début de la mobilisation, les syndicats ont montré que l’argument financier du gouvernement ne tient pas et leurs propositions pour améliorer le système des retraites n’ont pas été prises en considération.
Or, une information vient totalement ridiculiser l’argumentation du gouvernement. En effet, le projet de loi de programmation militaire a été adopté par ce même gouvernement le 4 avril dernier. Le budget de l’ex-ministère de la Guerre va connaître une augmentation de 40 %. Entre 2024 et 2030, ce gouvernement prévoit de faire dépenser 413 milliards d’euros d’argent public pour acheter des armes, les entretenir et payer ceux qui ont la responsabilité de les faire fonctionner. Fait révélateur : alors que la France est signataire du Traité de non-prolifération des armes nucléaires et que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est entré en vigueur depuis le 21 janvier 2001, Paris prévoit de consacrer 50 milliards d’euros pour développer cette arme de destruction massive utilisée par Washington à deux reprises sur des civils en 1945 avec les effets que tout le monde connaît.
Autrement dit, pour Paris, il n’y a aucun problème à satisfaire les intérêts du complexe militaro-industriel français tout en créant les conditions d’un appauvrissement général des retraités, notamment à La Réunion.

Choix de société

C’est une dérive extrêmement inquiétante. Si Paris est engagé directement ou via l’OTAN dans des guerres loin du territoire de la France, quelle menace militaire pèse-t-elle sur ce pays ? Doté depuis plus de 50 ans de l’arme nucléaire et de ses vecteurs, Paris a la possibilité de provoquer en quelques minutes des destructions massives chez n’importe quel pays qui compterait l’agresser. Ceci montre que rien ne peut justifier une augmentation de 40 % du budget militaire, soit près de 200 milliards d’euros en plus pour les armes entre 2024 et 2030.
Par contre, tout justifie un effort conséquent pour lutter contre la pauvreté, l’Objectif numéro 1 des Objectifs de développement durable de l’ONU ratifiés par la France. Avec une infime part de ce qui est prévu pour les marchands de canons et les militaires, nul doute que la pauvreté ne serait plus qu’un souvenir, surtout à La Réunion.
Cette explosion des dépenses militaires traduit un choix de société, au même titre que l’offensive contre les syndicats et les retraites. « La France patrie des droits de l’Homme » risque bien de n’être qu’un lointain souvenir…

M.M.

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