Georges Tron n’est pas venu pour convaincre

48 heures renforcent les inquiétudes des fonctionnaires

26 août 2010, par Manuel Marchal

L’emploi du temps officiel du secrétaire d’État chargé de la Fonction publique et ses déclarations suffisent à démontrer que l’objectif de Georges Tron n’était pas de convaincre en répondant aux questions posées par la population, et rappelées par le PCR. Concernant les menaces sur la surémunération, la réforme des retraites, l’emploi des jeunes Réunionnais dans la fonction publique, la titularisation de 75% des agents de la fonction publique territoriale et les suppressions d’emplois dans la fonction publique, le secrétaire d’État n’a pas apporté de réponse de nature à rassurer les fonctionnaires.

Cinq questions étaient posées au secrétaire d’État chargé de la Fonction publique. Ces dossiers suscitent une inquiétude qui va au-delà des agents de l’État, des collectivités ou des hôpitaux à La Réunion. Les menaces sur la surémunération, la réforme des retraites, l’emploi des jeunes Réunionnais dans la fonction publique, la titularisation de 75% des agents de la fonction publique territoriale et les suppressions d’emplois dans la fonction publique sont en effet des questions essentielles pour notre pays.
Sur aucune, Georges Tron n’a apporté de réponse susceptible de rassurer. Mais il n’est pas venu ici pour en discuter, et encore moins pour chercher à convaincre sur ses questions qui relèvent pourtant de la compétence d’un membre du gouvernement chargé de la Fonction publique.
L’objectif de la visite du secrétaire d’État à La Réunion n’était pas celui-ci, mais était sans doute davantage lié aux responsabilités qu’exerce Georges Tron dans l’UMP. Une rencontre avec des militants sur le thème "Comment concilier militantisme et défense de l’intérêt général" était en effet prévue, et cela devait sans doute constituer le temps fort de la visite.
Un autre moment important était de répondre aux critiques formulées par Dominique de Villepin sur la politique du gouvernement. Venant d’un ancien ami politique de Dominique de Villepin, la défense des intérêts du gouvernement UMP par Georges Tron a sans doute un écho plus fort que si cette riposte provenait d’un adversaire de l’ancien Premier ministre. Elle a en tout cas été largement relayée par RFO-Télé hier soir, qui en a fait un sujet à part entière de son journal.
Voilà donc résumé les objectifs véritables de la visite de Georges Tron à La Réunion : former des militants de l’UMP, et contrer Dominique de Villepin grâce à RFO. Tout cela est bien loin des préoccupations liées à la situation de la fonction publique à La Réunion, et de la société réunionnaise en général, à quatre jours d’une grande mobilisation contre la pauvreté, et à moins de deux semaines d’une grande journée d’action nationale pour lutter contre la réforme des retraites. Ces 48 heures n’ont qu’un seul résultat : renforcer l’inquiétude.

Manuel Marchal


Surrémunération reste menacée

Georges Tron a beau affirmer qu’aucun projet du gouvernement n’est actuellement en cours concernant la réforme de la surrémunération des fonctionnaires, il n’a pas expliqué pourquoi les études comparatives de prix de l’INSEE sont mises en avant pour faire annoncer dans la presse que la différence des prix entre les DOM et la France est inférieure à celui de la prime de vie chère perçue par les titulaires.
Il n’a pas non plus donné l’assurance que Jean Arthuis et Pierre Méhaignerie ne mèneront pas leur offensive habituelle contre les primes touchées par les fonctionnaires servant en Outre-mer, lors de la prochaine discussion du budget de l’État. Or, c’est une guérilla parlementaire de ce type qui a été le point de départ du démantèlement progressif de l’indemnité temporaire de retraite perçue par les retraités de la fonction publique d’État à La Réunion. En 2008, le gouvernement a décidé de lancer la réforme qui supprimera à terme cette mesure destinée à compenser la vie chère alors qu’avant de prendre une telle décision, il faisait part des mêmes assurances qu’aujourd’hui pour ce qui concerne la surrémunération.


La réforme des retraites s’appliquera à La Réunion

Le gouvernement ne tiendra pas compte des spécificités de La Réunion dans l’application de la réforme des retraites, c’est le message qu’est venu faire passer Georges Tron. Selon lui, les arguments invoqués pour réformer les retraites de cette façon peuvent tout aussi bien se vérifier en France qu’à La Réunion. Or, les conséquences de l’application de cette réforme seront désastreuses à La Réunion, où une part déjà très importante des retraités est au minimum vieillesse, et où le chômage de masse condamne d’ores et déjà de nombreux Réunionnais au revenu minimum à vie.


Toujours l’éviction des jeunes de la fonction publique

Face aux immenses attentes des jeunes Réunionnais concernant l’emploi dans la fonction publique, le secrétaire d’État a annoncé qu’une circulaire destinée à favoriser la promotion des Ultramarins dans la fonction publique de l’Outre-mer a été publiée le 23 juillet. Rien dans cette circulaire ne change fondamentalement les données du problème, c’est le vide. Cette année, sur 500 enseignants venus de France, seuls 59 sont des Réunionnais qui reviennent. La circulaire du 23 juillet est la garantie que cette injustice va perdurer.


Fonction publique territoriale ignorée

C’est la fonction publique territoriale qui constitue la majorité des effectifs de la fonction publique à La Réunion, et 75% de ses agents ne sont pas titulaires. C’est donc un problème considérable. Mais durant 48 heures, le secrétaire d’État à la Fonction publique n’a pas rencontré de syndicat de cette fonction publique, et il n’a pas inscrit dans son agenda un échange avec l’Association des maires. Donc aucune nouvelle rassurante, alors qu’avec la crise, les difficultés des communes ne cessent de s’aggraver.


La Réunion concernée par les suppressions de poste

À la télévision mardi, Georges Tron n’a pas caché que La Réunion s’intègre dans le plan national de suppressions de poste dans la fonction publique. Rappelons que la technique employée est de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux. Elle a déjà provoqué la suppression de 100.000 postes, et l’objectif du gouvernement est de poursuivre sur ce rythme.
Il n’y aura donc pas de traitement spécifique pour La Réunion sur cette question.

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