Conférence de presse du Parti communiste réunionnais

66 ans après le 19 mars 1946 : la fin d’un modèle

21 mars 2012, par Céline Tabou

Lors d’une conférence de presse à la permanence de l’Alliance à Saint-Denis, Elie Hoarau et Paul Vergès sont revenus sur la date du 19 mars 1946, loi érigeant la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion en département. Cette année, le Parti Communiste Réunionnais a tenu à faire le bilan de 66 années d’un modèle arrivé à son terme.

« Au lendemain de la guerre, La Réunion connait une situation sociale effroyable due au statut colonial et aux années désastreuses suite à la Seconde Guerre Moniale » a expliqué le secrétaire général du PCR. C’est dans un tel contexte que les progressistes de l’époque, Léopold Bissol, Gaston Monnerville, Léon de Lepervanche, Raymond Vergès et Aimé Césaire ont proposé un nouveau modèle pour répondre aux urgences de leurs territoires.

Une loi répondant aux besoins immédiats

Elie Hoarau a expliqué que la France était meurtrie par les épreuves, le gouvernement devait alors tout reconstruire à tous les niveaux : économie, infrastructures, institutions. « Tout était à refaire. Les Réunionnais se sont alors demandé comment faire pour sortir La Réunion de la misère coloniale ». Cette période est alors une opportunité pour trouver des solutions, parmi les voies possibles, « les progressistes considéraient qu’il fallait mettre rapidement fin au régime colonial et faire de La Réunion un département ».
Guadeloupéens, Guyanais, Martiniquais et Réunionnais avaient alors des préoccupations communes, celles de répondre aux aspirations de la population qui avaient « d’effroyables » conditions de vie, hormis les « gros propriétaires fonciers et usiniers, qui se sont violemment opposés à cette évolution et à la fin du statut colonial ». La loi du 19 mars 1946 prévoyait que toutes les lois applicables sur le territoire républicain devaient également être en vigueur dans les « vieilles colonies ». Elie Hoarau explique que « cette loi a apporté des avancées immédiates dans les domaines de la santé et de l’éducation » entre autres, mais son objet premier d’accorder l’égalité sociale n’a pas été appliqué.

40 ans de lutte pour l’égalité sociale

« Pour l’égalité sociale, qui n’a pas été appliquée, il aura fallu des années de lutte et de combat pour l’obtenir à la fin des années 1990. Il aura fallu près de 40 ans de lutte pour que la loi s’applique entièrement mais aussi pour briser le statut colonial ». Tous les pans de la société réunionnaise étaient alors soumis au colonialisme, tant sur le plan économique, que des libertés d’expression, de culture ou encore de la reconnaissance de l’identité et la culture Réunionnaise. « Tout cela a été un combat long et difficile et c’est à l’honneur des communistes de l’époque qui étaient sur la 1ère ligne de bataille pour atteindre l’égalité sociale ».
Aujourd’hui, le modèle établi en 1946 est arrivé à son terme. « On arrive à la fin d’une étape. Il faut tirer les leçons pour pouvoir savoir, ce qu’il convient de faire » a indiqué Elie Hoarau. La loi du 19 mars 1946 a apporté « tout ce qu’elle pouvait apporter de positif, mais cette loi s’avère incapable de régler les problèmes qui sont encore présents aujourd’hui ». La loi de 1946 a « atteint ses limites face » à un taux de chômage 29,7%, 120.000 illettrés et 49% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. « Cette loi d’assimilation et d’intégration n’est plus suffisante, il faut aller au-delà ».

Céline Tabou 

Trouver des solutions

En pleine campagne présidentielle, puis législative, le Parti Communiste Réunionnais appelle à « tirer les leçons pour savoir ce qu’il convient de faire ». « A la veille d’une alternance politique, quelles solutions pouvons-nous proposer pour le développement de La Réunion », a indiqué Elie Hoarau. Ce dernier a rappelé que dans le contexte de 1946, une solution avait été trouvée par les élus de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et de La Réunion pour leurs départements afin de répondre aux exigences du moment. « Mais aujourd’hui, c’est une nouvelle étape dans l’histoire de La Réunion », la question reste à savoir comment les Réunionnais vont-ils l’intégrer dans les prochains jours a conclu Elie Hoarau.
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