800 voix d’écart, c’est très peu. C’est dans la première circonscription que le score a été le plus serré en faveur de René-Paul Victoria qui a été reconduit dans ses fonctions de député de justesse. Une chaise branlante pour le maire qui pensait à une large victoire occultant les effets de la division de la droite locale dans ce scrutin.

Victoire de l’Union des forces de progrès

Jusqu’à la dernière minute, les militants PS, près de 70 rassemblés à la Fédération hier soir pour suivre l’annonce des résultats, y ont cru. A l’écart, dans son bureau, Gilbert Annette a lui-même attendu la dernière minute la confirmation des scores, pour rejoindre ses sympathisants. Des militants qui ont acclamé sans retenu la confortable victoire d’Huguette Bello dans la seconde circonscription, soulignant et se satisfaisant unanimement d’un score sans appel.
Fair-play, Gilbert Annette a adressé ses premières paroles à René-Paul Victoria. « C’est lui le vainqueur ce soir. Je lui adresse mes félicitations et espère qu’il défendra La Réunion notamment face à un certain nombre de réformes négatives ». Ovationné par les militants, Gilbert Annette n’arborait pas la mine d’un perdant. Au contraire. Si ce scrutin marque certes une défaite pour la gauche à Saint-Denis, Gilbert Annette voit avant tout « une grande avancée politique ». En 2002, la gauche, avec la candidature de Michel Tamaya, a perdu face à la droite avec 42% des voix contre près de 49% hier soir pour Gilbert Annette. « Nous avons progressé de façon importante. Les conditions politiques sont réunies pour les Municipales de Saint-Denis, a entonné Gilbert Annette sous les applaudissements. J’invite tous les Dionysiens à se rassembler pour la conquête de la Mairie de Saint-Denis ». Il a ensuite tenu à remercier les milliers d’électeurs qui, sur l’ensemble de l’île, ont fait confiance aux candidats de la gauche. « L’Union des forces de progrès a obtenu 3 sièges sur 5. La gauche est donc majoritaire. C’est une grande victoire pour la Fédération » et implicitement pour le PCR au Port. Gilbert Annette a également félicité « le jeune camarade Le Breton qui a enlevé la 4ème circonscription et le lion de l’Est, Jean-Claude Fruteau » mais aussi les centaines de militants de gauche pour le travail de terrain qu’ils ont engagé sans ménager leurs efforts. La nouvelle couleur politique de La Réunion, teintée de rose et de rouge, marque enfin pour le secrétaire général de la Fédération locale « un choix de résistance, d’opposition constructive face aux projets de l’UMP ». « Je suis certain que nous pourrons enlever, reconquérir la Mairie de Saint-Denis », a terminé Gilbert Annette, notant néanmoins qu’« il manque les voix de certains... ». Celles d’Alain Zaneguy dont le positionnement médiatique n’est pas digéré par le PS.

Stéphanie Longeras

Fin de matinée, commentaire de Gilbert Annette

Le PS compte plus sur la mobilisation des abstentionnistes que sur le désistement


La sensible hausse du taux de participation enregistrée hier en fin de matinée ne peut être que favorable pour la démocratie, sans pour autant être un gage de votes en faveur du PS. Les électeurs qui ont voté pour un candidat qui n’a pas été retenu au second tour retourneront-ils aux urnes ? Si ce n’est pas le cas, les nouveaux votants seront-ils suffisamment nombreux pour peser clairement sur le scrutin ? *

« L’union des forces de progrès, on y viendra »

A midi et demi, Gilbert Annette se posait les bonnes questions sans présager des résultats. Il savait que René-Paul Victoria, qui a une légitimité de maire, serait en tête au premier tour, après il est difficile de prévoir le taux d’abstention. Et le PS compte davantage sur la mobilisation des abstentionnistes - relancés toute la semaine par les militants PS - que sur l’impact du désistement que Gilbert Annette n’a pas tenu pour l’heure à commenter (NRLD : déclaration de Alain Zaneguy), mais qui est sans certitude. Si ce n’est pas à ce scrutin, il affirme néanmoins que « l’union des forces de progrès, on y viendra ». Il ne craint pas, en outre, s’il est élu député, de se retrouver un peu seul sur les bancs de l’Assemblée nationale. « J’ai déjà connu cette situation en 93 lorsque le groupe socialiste ne comptait que 55 députés, rappelle le candidat. Mon seul objectif est d’être là pour porter haut la voix des Réunionnais. Je veux être un porte-parole des réalités réunionnaises ». Et il retient trois réalités à défendre en particulier.

« Je veux être un porte-parole des réalités réunionnaises »

Celle des entrepreneurs qui, face à une concurrence mondiale et européenne difficile, doivent être aidés et entendus. « La Réunion doit se tourner davantage vers ses créateurs artistiques, sociaux, économiques », défend Gilbert Annette. La seconde réalité est celle de « La Réunion laborieuse », celle des ouvriers, des artisans qui travaillent dur, mais qui sont frustrés du manque de reconnaissance de l’Etat. Ils vivent comme une injustice le fait que ce soit toujours les autres qui récoltent le fruit de leur travail. Notant que 60 ans après la départementalisation, les conventions collectives ne sont toujours pas ici appliquées, le candidat PS soutient qu’« une partie des entreprises exploite le chômage, alors que les travailleurs vivent avec le risque de précarisation et voient s’éloigner leur rêve de devenir propriétaires ». Enfin, la troisième réalité que le candidat compte défendre est celle de l’exclusion vécue par la moitié de la population réunionnaise. Il veut se battre pour la mise en place d’un droit opposable au travail pour les chômeurs de plus de 2 ans. « La République française n’a pas le droit d’abandonner cette jeunesse réunionnaise victime de la conjoncture, d’une poussée démographique en décalage avec la croissance économique. Elle doit lui offrir un minimum, au moins un contrat aidé ».
Rendez-vous au QG du PS ce soir à 19 heures 30 pour savoir si Gilbert Annette aura mandat pour porter cette voix réunionnaise dans l’hexagone ou si c’est René-Paul Victoria qui sera mandaté pour porter ici la voix de l’UMP.

SL

* À titre d’exemple, hier à midi, le bureau 81 de l’école élémentaire Les Bancouliers, au Moufia, comptait 114 votants sur 440 inscrits, soit 10 de plus que dimanche dernier à la même heure et 20 personnes qui s’étaient abstenues au premier tour.