
A ceux qui ont la responsabilité de préparer notre île à affronter les effets des changements climatiques dont d’autres ont déjà mesuré les conséquences, j’ai envie de dire, tout en restant à ma petite place…
31 janvier 2011

Notre bonne vieille terre réunionnaise en avait bien besoin. Et de ces pluies, tombées ces jours derniers comme on en n’a pas eues depuis belle lurette, gageons que nous avons été nombreux à nous en féliciter, qu’elles soient venues étaler un coup de vert sur les pâturages de nos campagnes, qu’elles aient ragaillardi les pelouses de nos cités ou qu’elles aient requinqué les sols des forêts ravagées de nos pitons. Sans oublier, évidemment, nos nappes phréatiques qui étaient en train de glisser vers un dangereux état de déshydratation avancée.
La pluie ? J’y pensais fort samedi après-midi quand, derrière la fenêtre vitrée de ma maison, je la regardais qui tombait gros comme ça. Nulle poussière, nulle autre saleté ne pouvaient lui résister. Nos égouts ont sûrement apprécié le décapage tout en douce vigueur et la grande vidange qui leur étaient offerts.
La pluie ? Elle ne nous coûte rien, elle nous apporte beaucoup. Certains de nos radiers ont-ils dû être fermés, la route du Littoral basculée et la circulation automobile ralentie ? Et alors !!! Nous ne serions plus capables, trop habitués à nos bourgeoises manies, d’avoir à accepter la moindre gêne dans notre train-train de citoyens tranquilles ! Et si, au contraire, nous en profitions pour faire l’inventaire des insuffisances de notre réseau routier, celui de nos ravines à endiguer et de nos falaises à raboter ou tout simplement à accompagner de solides filets métalliques ? Et si nous nous disions que, tout le dispositif adopté pour éviter que la route du Littoral soit totalement fermée en ces temps improprement dits mauvais ayant montré une réelle efficacité, il importe qu’on en envisage sa généralisation, voire son exportation vers des pays qui auront eux aussi à connaître nos fameux problèmes ?
Et si, ne souriez pas, nous en profitions pour remarquer que nous ne disposons même pas à la maison d’un bon imperméable ? Savons-nous qu’en Chine, au Danemark, à Fribourg ou bien encore en Alsace ou au Canada, autant de pays pas si sous-développés que ça, l’hiver et sa neige n’empêchent nullement des millions d’hommes et de femmes de tous âges et de toutes conditions sociales de vaquer à leurs occupations en empruntant les voies cyclables que les pouvoirs publics ont aménagées pour faciliter en toutes saisons la fluidité quotidienne de la circulation. Ne souriez pas, je vous dis. Le ridicule tue parfois, avant le jugement de l’Histoire…
Mais il n’y a pas que la pluie qu’on a connue ces derniers jours. Quoique que l’on pourrait en profiter pour se dire qu’il ne manquait pas de sens de l’anticipation ce Maire du Port qui, il y a plus de 20 ans maintenant, lança des travaux pour un important endiguement de la rivière des Galets. Ce qui, rappelons-nous, amena le plus naturellement du monde son collègue de la commune d’à côté et le Conseil municipal de Saint-Paul à sauter dans le train en marche et à voter la bonne délibération. Tout cela permit, d’un coup, d’un seul, de mettre hors menace tout un village de quelque sept mille habitants ainsi que tout le flanc Sud de la zone urbaine du Port avec ses cités, sa centrale électrique et sa zone portuaire, en même temps que toute la Plaine Chabrier put alors devenir l’important site d’activités industrielles et commerciales que nous avons aujourd’hui.
Oui, il n’y a pas que les pluies diluviennes qu’on a eues ces jours derniers.
Sans doute avons-nous, nous qui, vendredi et samedi notamment, empruntions la route du Littoral, oui, sans doute avons-nous remarqué que l’océan, notre océan Indien, a l’air d’être capable de cogner dur quand ça souffle fort un peu plus loin. Sans doute avons-nous alors imaginé une carte du monde et de notre région, avec notre minuscule point de terre au milieu de ces immensités. Que pesons-nous là-dedans ? Que pesons-nous là-devant ? Que pèserions-nous, au pied de la falaise, dans notre auto, sur une route à six voies que l’on nous annonce construite à dix ou douze mètres au dessus du niveau de la mer ? Vous êtes partants, vous, pour une telle « avancée technocratique » ? Ne serait-il pas plus sage que nos édiles optent pour quelque chose qui emprunterait un terrain plus haut, plus loin et plus stable, là où nos terrassiers, aujourd’hui riches de belles expériences, pourraient consolider ce que Dame nature nous a laissé comme creux et failles de diverses sortes ?
J’ai envie ce jour de dire à ceux qui ont la responsabilité de préparer notre île à affronter les effets des changements climatiques que nous devons imaginer et dont d’autres ont déjà mesuré les conséquences, j’ai envie que l’on dise au Président de la République, à son Premier ministre et à son Ministre concerné, au Président de la Région et à ses collègues parmi lesquels certains et certaines que je connais et qui, je le crois, me connaissent, à tous ceux-là et à ceux qui ont vocation à diriger demain la France et notre île, j’ai envie qu’ils entendent qu’il faut savoir mettre certains sentiments de côté. J’ai envie qu’ils fassent leur cette sage vérité qui assure et affirme que l’intérêt général vaut toujours… oui, toujours… qu’on accepte de reconnaître que ceux qui nous ont précédés ont pu avoir de bonnes réflexions et ont pu prendre de justes initiatives. J’ai envie qu’ils sachent qu’il n’est point honteux de poursuivre les bonnes routes.
J’espère et je leur dis cela. Tout en restant à la place qui est la mienne. A ma petite place. Notre petite place…
Raymond Lauret
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Témoignages - 80e année


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