Le gouvernement annonce un nouveau rapport

À quand la transparence sur les prix ?

30 mai 2011

À La Réunion, le prix du gaz augmentera demain de plus de 4%. En France, la ministre de l’Économie laisse entendre que le gouvernement pourrait décider d’imposer des baisses de prix aux compagnies pétrolières. Effet d’annonce à un an de la présidentielle ou alors début d’une opération transparence sur les prix ?

Trois jours avant la mise en application des nouveaux prix des carburants et du gaz à La Réunion, Christine Lagarde, ministre de l’Économie, était l’invitée d’Europe 1. Elle a été interrogée sur les prix des carburants en France. Rappelons que le mois dernier, le PDG de Total avait dit sa quasi-certitude que le prix du litre de super allait dépasser 2 euros.
Christine Lagarde a dévoilé qu’elle a demandé à la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes d’enquêter sur la manière dont se forment ces prix. Un premier rapport vient d’être rendu et il sera rendu public, dit la ministre. Elle indique que le brut a baissé, mais qu’il faut pondérer l’écart par la baisse de l’euro. Concernant l’évolution des prix, elle constate que « le gasoil a un peu baissé, mais peut-être pas assez », « que le super n’a pas baissé beaucoup ». Puis la ministre a pris un ton plus incisif à l’égard des compagnies pétrolières : « si nous ne recevons pas les explications appropriées qui justifient le non-respect de l’engagement des pétroliers nous prendrons des mesures ». Interrogée sur la possibilité que ces mesures soient des baisses autoritaires de prix, la ministre a dit « oui, oui, oui ».
Ce n’est pas le premier rapport que le gouvernement demande. Yves Jégo, alors secrétaire d’État à l’Outre-mer, avait demandé à l’Inspection générale des finances et à l’Autorité de la concurrence de mener l’enquête sur la formation des prix des carburants et du gaz dans les DOM.
Le dernier rapport n’hésitait pas à parler de rentes de situation, et démontrait le considérable accroissement des marges des compagnies pétrolières, en particulier à La Réunion.
À un an de la présidentielle, le mécontentement de la population est si important en France que le gouvernement doit agir. Or il est démontré qu’en France, le niveau des marges des compagnies pétrolières est plus faible qu’à La Réunion.
Tout cela est-il un simple effet d’annonce ou le début d’une opération transparence sur les prix. Il s’avère que dans notre île, il existe un Observatoire des prix et des revenus. Il a été décidé par la loi, suite à un amendement déposé par Élie Hoarau contre l’avis du gouvernement lors du débat sur la loi d’orientation sur l’Outre-mer. Il a fallu attendre sept ans marqués notamment par la mobilisation d’un collectif qui réunit des dizaines de milliers de soutiens pour que le gouvernement installe l’Observatoire.
Mais ce dernier n’a pas les moyens d’agir. Suite au mouvement social et aux États généraux de l’Outre-mer, le président de la République avait annoncé une réforme des Observatoires des prix et des revenus, avec une personnalité indépendante à sa tête et de nouvelles possibilités.
À ce jour, l’Observatoire n’a toujours pas la possibilité d’exiger des compagnies pétrolières qu’elles rendent publiques tous les paramètres qui interviennent pour former le prix payé par le consommateur. Ce manque de transparence n’est suivi d’aucune sanction puisque les prix ont considérablement augmenté depuis le mouvement social de 2009.
Si ce mois de juin, le prix des carburants ne connaîtra pas une nouvelle augmentation mais une baisse pondérée non pas par la parité euro/dollar mais par « l’augmentation du fret », tous ceux qui utilisent une bouteille de gaz devront passer à la caisse : +4,33%.
Les propos de la ministre doivent donc être suivis d’effet, en donnant à l’Observatoire des prix et des revenus les moyens de faire la transparence et en sanctionnant par des baisses de prix ceux qui refusent cette transparence.

M.M.


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