Audioconférence et visioconférence au programme du séjour d’un ministre en Kanaky-Nouvelle Calédonie

A quoi servent encore les visites de ministres ?

23 octobre 2020, par Manuel Marchal

Cette semaine depuis son lieu de quarantaine en Kanaky-Nouvelle Calédonie, le ministre des Outre-mer échange avec les principaux responsables politiques du pays par téléphone ou en visioconférence. Tous ces échanges n’auraient-ils pas pu avoir lieu sans que le ministre ait besoin de quitter son bureau à Paris ? La crise COVID-19 montre qu’il est possible de se passer de ces coûteuses opérations de communication que constituent les visites ministérielles dans les anciennes colonies intégrées à la République.

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, est arrivé en Kanaky-Nouvelle Calédonie le 8 octobre. Dans ce territoire de la République, les autorités locales ont des compétences plus importantes qu’à La Réunion. Elles peuvent notamment fixer les règles sanitaires s’appliquant aux nouveaux arrivants. S’appuyant notamment sur leur expérience des épidémies, les dirigeants de Kanaky-Nouvelle Calédonie ont adopté une stratégie visant à empêcher le virus de rentrer. Une quarantaine obligatoire de deux semaines en centre dédié est obligatoire pour tout le monde. Ceci a permis à la Kanaky-Nouvelle Calédonie d’être quasiment épargnée avec moins de 30 cas depuis le mois de mars.

20.000 kilomètres pour des rencontres en visioconférence

Cette règle de la quarantaine s’applique à tous, y compris à un ministre du gouvernement français. En conséquence, Sébastien Lecornu n’a pas le droit de sortir. Cela ne l’empêche pas de s’entretenir avec les représentants politiques de la Kanaky-Nouvelle Calédonie, mais à distance.
Sur son agenda de la semaine de 18 au 23 octobre figurent en effet les noms des interlocuteurs et la forme de l’échange : audioconférence et visioconférence. C’est de cette manière que le ministre échangera avec les députés, après le président du gouvernement de Kanaky-Nouvelle Calédonie, avec le président du Congrès, avec les présidents des Provinces et des assemblées de Province.
Au terme de sa quarantaine et s’il s’avère qu’il n’est pas porteur de la COVID-19, Sébastien Lecornu compte se rendre sur le terrain pendant une semaine.
Mais à la lecture de son agenda une question se pose : pourquoi faire ? En effet, durant sa quarantaine, le ministre aura déjà échangé avec les principaux responsables politiques du Pays.

Paris en retard sur le monde ?

Ceci pose une fois de plus la question de l’utilité des visites ministérielles dans des pays aussi éloignés de la France. Pour échanger au téléphone ou en visioconférence, le ministre peut très bien le faire depuis son bureau à Paris. C’est ce qu’avait montré Annick Girardin, ministre des Outre-mer, quand elle accepta de discuter avec un collectif de gilets jaunes qui étaient à la préfecture de La Réunion.
La crise sanitaire a entraîné des restrictions des déplacements. La quarantaine s’est imposée comme la mesure la plus efficace pour empêcher d’alimenter la progression de la COVID-19 dans les pays insulaires. Ceci a donc obligé à travailler autrement sans se déplacer en utilisant d’autres outils pour se rencontrer. La crise de la COVID-19 a montré que d’importantes institutions ont réussi à fonctionner sans obliger ses membres à se déplacer physiquement. C’est ce qu’a montré notamment la dernière Assemblée générale de l’ONU. Pourquoi Paris ne se mettrait-il pas au même niveau de modernité en mettant fin à ces coûteux déplacements ?

M.M.

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