L’authenticité dans la modernité - 4 -

Administration, terroirs et urbanisme

23 août 2006

Voici la dernière partie des 12 propositions pour l’avenir du Sud proposées par le préfet honoraire Philippe Schaefer. En fait, c’est un appel à des commentaires et des contributions afin d’enrichir ce document.

10 / Parallèlement au remodelage politique du Sud, un renforcement significatif des structures administratives de l’État, de la Région et du Département au profit de cette microrégion s’impose.

S’agissant de l’État, plusieurs de ses services ont fait l’objet d’efforts remarqués de renforcement au plan local comme la DDE, la DAF, la DRIRE, par exemple. C’est loin d’être le cas pour la DASS et surtout la DDTEFP, alors même que la situation de l’emploi et de l’exclusion est particulièrement dramatique dans cette partie de l’île.

Or depuis 2004, le Préfet a toute latitude pour adapter localement l’organisation de ses services... Il s’agit donc d’un acte de volonté !
Le Département s’est doté depuis plusieurs années d’un équipement de qualité dans le Sud, alors que la Région ne dispose que d’une antenne réduite au service minimum...

On peut saluer au passage les efforts consentis dans le Sud par les chambres consulaires, en particulier la CCI dont les locaux font l’objet d’investissements réguliers...

11 / La richesse et la diversité du monde agricole est une des forces et un atout majeur du Sud. Ces terroirs doivent être défendus avec la plus grande fermeté, contre une urbanisation insuffisamment contrôlée, faute jusqu’à présent d’une politique partagée par tous les élus du sud en matière d’urbanisation et d’habitat.

La tache urbaine est par exemple passée de 8700 ha en 1997 à 10000 en 2003, au détriment des espaces agricoles dans la Microrégion Sud.

12 / C’est pourquoi un choix clair s’impose aux élus des grandes villes du Sud en matière d’urbanisme, conforme en outre au Schéma d’Aménagement Régional, mais qu’il conviendra désormais d’appliquer, pour l’avenir, de façon volontariste

- Densification des villes littorales, (exploitation de toutes les " dents creuses ", constructions en H + 6 ou 7), en cessant tout empiètement sur les meilleures terres agricoles.

- Développement d’un urbanisme contrôlé dans les bourgs et les écarts de moyenne altitude, ceux-ci constituant l’avenir de l’habitat à la Réunion.

* * *

La mise en place à la fois d’un grand projet global et cohérent et d’un outil politico - administratif permettant aux élus de la microrégion de tous travailler ensemble ouvrirait la voie à une multitude de réalisations communautaires, à travers des incitations financières spécifiques renforçant l’attractivité du Sud :

- Outre le déploiement renforcé des énergies renouvelables évoqué plus haut, Une puissante et unique Communauté d’Agglomération pourrait contribuer à préserver une richesse très menacée dans le Sud, les cases typiques d’habitat créole, là encore, à travers des incitations financières communautaires, en encourageant également leur fleurissement.

- En lançant de grandes campagnes pour éradiquer les décharges sauvages, informer et former jeunes et adultes à la propreté (une des leçons majeures de l’épidémie en cours à la Réunion.

- Autre illustration, toujours dans un cadre communautaire et en liaison avec l’ONF, l’ouverture de nouveaux sentiers régulièrement entretenus et balisés (canal Saint Etienne, sentier littoral, parcours de la plaine des cafres, Grand Coude - Volcan par exemple) ainsi que des parcours de santé au sein de chaque commune.
Bref, ce ne sont là que quelques exemples, ce document n’ayant pas vocation à dérouler un catalogue de propositions et projets, mais bien au contraire à mettre en avant des priorités.

En fait, ce dont ce sud si attachant a besoin, c’est de retrouver une volonté commune et partagée par tous ceux qui localement ont un pouvoir de proposition et de décision, autour de quelques idées fortes, pour devenir cette terre d’authenticité dans la modernité.

Bien entendu, ce Projet ne demande qu’à être enrichi et amendé. Mais l’essentiel aujourd’hui pour le Sud, c’est l’urgence pour tous les acteurs locaux de s’accorder sur un grand projet global qui soit défendu en commun.
Il n’y a plus un instant à perdre, alors que tout va se négocier avant la fin de l’année entre Europe, État, Région et autres collectivités.

(Fin)

Philippe Schaefer
Préfet honoraire


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