Après la première séance spéciale sur les Outre-mer au Sénat

Agir rapidement pour sortir de la crise

5 mars 2014, par Céline Tabou

A l’occasion d’une conférence de presse, le sénateur Paul Vergès est revenu sur la séance spéciale concernant les Outre-mer, au Sénat, le 26 février. L’objectif était alors de « mieux informer l’opinion publique française » des difficultés des Outre-mer et la sous-estimation des problèmes de chaque territoire par le gouvernement.

Paul Vergès a interpellé le gouvernement : « si il y avait 10 millions de chômeurs en France, au lieu des 3 millions actuels, est ce que vous auriez la même politique ? »

Le bilan fait par le sénateur communiste est sans équivoque : « la ruse du renard ». « Pourquoi est ce qu’un renard séduit des poulets, pour mieux les dévorer ». Il s’agit là d’« une image éloquente après avoir vu les ministres » se succéder, a indiqué Paul Vergès.

Le sénateur communiste a tout d’abord expliqué le contenu du discours prononcé à la tribune de la Haute assemblée. Initiateur du débat, il était le premier à intervenir le 26 février.

Sous-estimation des problèmes

Ce dernier a expliqué que les chiffres parlent d’eux mêmes avec 30% de taux de chômage, dont 60% des moins de 25 ans, 52% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté, une hausse constante des demandeurs de minimas sociaux et des inégalités, une économie basée sur 5% de secteur primaire, 15% de secteur secondaire et 80% de secteur tertiaire.

Face à cela, le sénateur a posé plusieurs questions aux représentants du gouvernement : « si il y avait 10 millions de chômeurs en France, au lieu des 3 millions actuels, est ce que vous auriez la même politique ? ». Idem concernant la pauvreté, « si il y avait plus de 25 millions de personnes sous le seuil de pauvreté en France, est ce que vous feriez la même politique négative ? ».

Preuve de la « méconnaissance évidente du monde politique et du gouvernement des Outre-mer », qui continue « une application mécanique de la politique d’intégration en vigueur depuis 1946 ». « La gravité de la situation dans les territoires respectifs » pose plusieurs défis pour le gouvernement et les populations concernées. En effet, « que signifie Outre-mer ? », a posé Paul Vergès. « On enlève le caractère spécifique de chaque territoire », alors que les similitudes entre les départements et régions des Outre-mer sont différentes les unes des autres, a expliqué ce dernier.

« Des rendez-vous vitaux pour nous »

Il faut donc « arrêter avec la politique analogique qui permet de balancer la même politique qu’en France sur des situations très différentes » ne prenant pas en compte les spécificités des Outre-mer. D’autant plus que La Réunion est à un tournant de son histoire. En effet, d’ici 2017, la filière canne va connaître des remises en cause, avec la fin des quotas sucrier et le prix garanti. La Réunion devra alors intégrer le marché mondial et faire face à une compétitivité féroce, mais « quelles sont les mesures proposées par le gouvernement, alors qu’il y a urgence ? » a expliqué Paul Vergès.

De plus, les décisions sur la suppression de l’octroi de mer, dont les petites communes dépendent à plus de 40%, devraient arriver d’ici juillet 2014. D’autres toucheront les aides aux entreprises, la question des Accords de Partenariats Economiques, et l’acte 3 de la décentralisation. Tout cela va peser dans la vie des Réunionnais. Face à ces « rendez-vous vitaux pour nous », « quelle concertation a été mise en place entre le gouvernement et les Réunionnais ? ».

« Le Général De Gaulle disait avec force que, lorsqu’il s’agit d’avenir, il faut voir loin et qu’il faut viser haut », aujourd’hui « ils ont ni l’un ni l’autre » a déploré Paul Vergès. D’autant qu’aucun autre des sénateurs réunionnais n’étaient présents (voir l’article de Témoignages).

 Céline Tabou 

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