Sans La Réunion, quelle base pour la France face à la crise humanitaire à Mayotte ?
Aide aux survivants de Chido à Mayotte : le gouvernement français appelle La Réunion au secours
3 janvier, par Manuel Marchal
Depuis deux semaines, c’est de La Réunion que partent la plupart des renforts humains et du matériel pour venir en aide aux survivants du cyclone Chido à Mayotte. Depuis la base aérienne militaire de Gillot à Sainte-Marie, deux Airbus A440 font la navette entre les deux îles. Durant la fermeture de l’aéroport de Mayotte aux vols commerciaux, Air Austral a assuré jusqu’à trois vols par jour pour acheminer Pompiers de Paris et autres secouristes dans l’archipel sinistré par un cyclone. La base navale du Port est le point de départ du « pont maritime ».
Deux semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, La Réunion a accueilli le 31 décembre 2024 une délégation française de haut niveau avec à sa tête François Bayrou, Premier ministre. Cette délégation revenait d’un bref séjour à Mayotte, plus d’une semaine après la visite-éclair du président de la République, Emmanuel Macron, dans l’île sinistrée.
Des ministres en inspection à La Réunion
L’objectif principal de la délégation interministérielle française était de constater à La Réunion le niveau d’organisation et de mobilisation des militaires, de la protection civile et des institutions pour le soutien humanitaire aux survivants de Chido à Mayotte. Emmanuel Valls, ministre d’État aux Outre-mer, a prolongé son séjour de plusieurs jours afin de rencontrer plus longuement la présidente de la Région, le président du Département et des représentants du monde économique afin d’organiser depuis La Réunion la reconstruction de Mayotte.
Il s’agit de mobiliser les compétences à La Réunion pour soutenir la rapide reconstruction de logements et d’infrastructures. Rappelons que l’objectif fixé est de deux ans pour reconstruire afin de tenter à nouveau de se rapprocher des services offerts aux habitants d’un département français.
Pour cela, le seul financement concret est un prêt de 800 millions d’euros débloqué par la Banque des territoires. Il reste à savoir si des sinistrés disposeront des capacités financières suffisantes pour rembourser l’argent emprunté à la banque française, ce qui rend encore hypothétique le déblocage de ces fonds qui serviront à financer notamment la participation d’entreprises et de collectivités réunionnaises à la reconstruction de Mayotte.
Sans La Réunion, Djibouti base française la plus proche pour les secours
Cette séquence de visites de ministres français à La Réunion a rappelé le rôle hautement stratégique de notre île dans la projection de la puissance française dans le monde.
En effet, si La Réunion n’était pas sous la souveraineté de la République française, la base militaire la plus proche de Mayotte serait Djibouti. Or, Djibouti est deux fois plus éloignée de Mayotte que La Réunion. Cela voudrait dire qu’en s’appuyant sur Djibouti, Paris n’aurait pu organiser un pont aérien et maritime aussi important sans engager des fonds bien plus considérables. Ceci pourrait provoquer un débat dans l’opinion publique française compte tenu de la politique d’austérité appliquée et annoncée pour s’accentuer.
Pour réduire le coût de l’opération de secours aux survivants de Chido à Mayotte, le gouvernement français aurait donc dû négocier avec un État étranger la mise à disposition d’une base plus proche de Mayotte comme peut l’être l’Union des Comores avec son aéroport international, ou Madagascar avec le port et l’aéroport d’Antsiranana situés à moins de 500 kilomètres de Mayotte.
La Réunion : porte-avions ancré dans l’océan Indien au service des intérêts immédiats de Paris
Cette visite rappelle également comment fondamentalement La Réunion est perçue par les plus hautes autorités françaises : c’est un gigantesque porte-avions ancré dans l’océan Indien au service des intérêts immédiats de Paris en tant de crise.
En effet, la demande d’aide des autorités françaises aux gouvernements locaux réunionnais et aux entreprises de notre île s’adresse à un pays sinistré par près de 80 ans de néocolonialisme français. Paris veut mobiliser pour la reconstruction de logements à Mayotte alors que plus de 40 000 familles sont dans l’attente d’un logement social. Le chômage de masse est une réalité depuis plus de 50 ans avec près de 180 000 Réunionnais inscrits à France Travail à la recherche d’un travail. C’est un nombre voisin de celui des salariés du secteur privé. La conséquence de cette politique est un important taux de pauvreté. Depuis 80 ans, Paris n’a pas été capable d’assurer aux Réunionnais le respect de droits humains élémentaires tels que celui à un travail payé par un salaire suffisant, ou d’un logement digne pour tous les Réunionnais. Et maintenant, Paris vient solliciter le monde économique réunionnais pour qu’il soit la cheville ouvrière d’une reconstruction de Mayotte en deux ans.
Cette séquence est typique du néocolonialisme français. L’objectif n’est pas de développer La Réunion, mais d’utiliser les forces vives réunionnaises en fonction des objectifs de Paris.
La Réunion rapporte plus à la France qu’elle ne lui coûte
Eu égard au rôle essentiel de La Réunion dans la projection de la puissance française dans le monde, ne serait-il pas intéressant de réévaluer la nature des relations entre nos deux pays sur la base de cette réalité ?
Tout ceci montre en effet que La Réunion rapporte bien plus à la France que les transferts publics que Paris envoie dans notre île et qui sont en grande partie rapatriés en France via les profits réalisés par les entreprises françaises à La Réunion.
Autrement dit, le solde des échanges est en faveur des Réunionnais.
Dans ces conditions, il appartient aux représentants des Réunionnais de s’appuyer sur cette réalité pour que Paris change de politique et accompagne financièrement et institutionnellement le développement de La Réunion. Le projet de loi d’urgence pour Mayotte doit s’accompagner d’un projet de loi d’urgence pour La Réunion. Cela suppose des fonds supplémentaires engagés par Paris pour financer une politique visant le plein emploi à La Réunion, des moyens pour construire des logements et une intervention ferme de l’État pour mettre fin aux abus qui contribuent à la vie chère à La Réunion.
Ce sera la moindre des choses, Paris doit payer le juste prix pour disposer d’une base aussi importante que La Réunion.
M.M.
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