Après Quartier Français et Foucques, la fuite du capital réunionnais se confirme

Air Austral, compagnie réunionnaise pour combien de temps ?

11 décembre 2012, par Manuel Marchal

Vendredi, la dernière assemblée générale d’Air Austral a pris notamment deux décisions permettant à des groupes extérieurs au pays de participer à la direction de la compagnie qui ne sera alors plus réunionnaise.

Depuis l’arrivée aux commandes d’Air Austral d’anciens cadres d’Air France, l’objectif est clairement affiché : rechercher d’autres investisseurs. La restructuration du capital a donc retenu toutes les attentions des nouveaux dirigeants. Il y eut tout d’abord l’élimination des actionnaires privés réunionnais par le "coup d’accordéon". Par une opération comptable, toutes les actions des investisseurs historiques et du personnel ne valaient quasiment plus rien. L’autre opération a été l’émission de nouvelles actions rachetées par la SEMATRA dirigée par Didier Robert.

Avant la restructuration, SEMATRA n’était pas majoritaire. Après le coup d’accordéon, elle détient tout le capital avec les banques.

Maintenant que les Réunionnais ont été dégagés du capital, c’est l’appel à des investisseurs extérieurs. L’assemblée générale de vendredi a validé la possibilité pour un membre du conseil de surveillance d’assister au débat par visioconférence, explique le "JIR". Ce membre peut désormais être une personne morale, qui n’est pas obligée d’avoir un représentant à La Réunion au moment du Conseil de surveillance.

Voilà qui ouvre la voie à l’arrivée d’actionnaires tellement peu impliqués dans le développement de La Réunion qu’ils n’y résident pas. Ces nouveaux actionnaires viendront-ils uniquement faire de la figuration en laissant à la SEMATRA la majorité des droits de vote, ou ne préparent-ils pas avec les banques un nouveau coup d’accordéon pour expulser cette fois la SEM actionnaire d’Air Austral ?

La perte du capital réunionnais

L’arrivée prochaine d’actionnaires extérieurs à La Réunion dans Air Austral n’est pas là pour rassurer. Car le capital réunionnais est en train de quitter le pays, c’est une tendance alimentée par les derniers gros titres de l’actualité économique.

Il y eut la cession de Quartier Français à Téréos, une coopérative de planteurs de betteraves. Les deux dernières usines sucrières n’appartiennent plus à des Réunionnais. Le groupe Foucques a connu le même sort. Il a été racheté par la Compagnie française de l’Afrique occidentale. La CFAO vient elle-même d’être rachetée par un groupe japonais. Ce dernier est donc devenu le propriétaire de capital réunionnais.

Cette décomposition va-t-elle se poursuivre avec la fin d’Air Austral en tant que compagnie réunionnaise ?

M.M. 

Que sont devenus les "experts" en aviation ?

La prise de contrôle par une société dirigée par un élu n’émeut pas ceux qui dénonçaient auparavant la participation de la SEMATRA au capital d’Air Austral. C’est bien la preuve qu’il s’agissait uniquement d’une prise de position politique contre l’ancienne majorité de la Région.

Depuis l’arrivée des cadres d’Air France à la direction d’Air Austral, la situation de la compagnie réunionnaise s’est dégradée. Pour tenter de sauver les apparences, ils sont obligés de vendre des investissements. Cela ne suffit pas à résorber le déficit lié à la hausse des prix du carburant, qui a été aggravé par une mauvaise gestion : maintien quelques mois supplémentaires des liaisons déficitaires vers l’Océanie et Bangkok, abandon de la liaison vers Marseille aussitôt reprise par une nouvelle compagnie notamment.

Le silence de tous les experts en aviation qui étaient auparavant si prolixes est tout de même lui aussi révélateur. Ils justifiaient l’arrivée à la présidence de Didier Robert. Depuis le changement de président, Air Austral ne cesse de plonger. Qu’attendent donc ces experts pour proposer leur éclairage sur une crise qui s’aggrave chaque jour ?
Air Austral

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Messages

  • "Depuis l’arrivée des cadres d’Air France à la direction d’Air Austral, la situation de la compagnie réunionnaise s’est dégradée".
    C’est une plaisanterie j’espère ? C’est justement le contraire qui se passe, la compagnie et en meilleur santé qu’en dbut d’année ou qu’il y a 1 an. La compagnie a retrouvé la confiance des banques.

  • Au prix de la vente d’un avion...

  • L’avenir d’Air Austral, comme compagnie regionale reunionnaise, ne peut laisser indifferent dans le contexte de la mondialisation capitaliste.
    L’ATR-Fnaut s’est constituee pour poser, a l’echelle regionale, toutes les questions relatives a une politique equilibree des transports de toutes natures et pour engager les citoyens a prendre une part active dans la definition de nos besoins en transports : qu’il s’agisse du plus petit deplacement en bus ou d’un vol long courrier.
    Aussi, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir integrer le message suivant dans votre rubrique Di sak na pou di (introuvable dans le numero d’aujourd’hui).
    Pourquoi ALTERNATIVE TRANSPORTS REUNION ?
    Apres avoir pris connaissance des comptes rendus de notre conference de presse du 4 decembre parus dans la presse de la semaine ecoulee, le bureau d’ATR-Fnaut974 tient ici a remercier la presse pour sa participation au debat, et a apporter la precision suivante :
    L’association ATR-Fnaut n’a aucun obedience politique comme le veulent ses statuts, adoptes d’apres le modele associatif loi de 1901 et tient a rester ouverte aux citoyens de bonne volonte et tous ceux qui veulent agir pour l’amelioration des transports publics et pour un amenagement des transports fiable, multimodal et respectueux de notre environnement.
    Le premier but de notre association est d’agir pour l’interet general, en toute independance : les problemes de transports et de deplacement a La Reunion interessent toute la population et ne sont pas le domaine reserve d’un groupe ou d’un parti politique quel qu’il soit. Notre vocation est donc de rassembler, par dela les appartenances diverses eventuelles de nos membres.
    Concernant le projet regional de nouvelle route littorale en mer, nous reaffirmons notre opposition pour trois raisons principales :
    On a trop vite ecarte les etudes pour d’autres traces plus securisants et gratuits.
    Le viaduc sera expose a des risques climatiques dont personne ce jour ne peut prevoir l’ampleur (cf. communique de l’ONU du 28/11/12 repris par une tv regionale).
    Les dotations globales de fonctionnement de l’Etat et les fonds structurels europeens ne permettent pas de faire face a ce projet monstre, que d’ores et deja Matignon2 ne peut financer : perseverer dans cette voie reviendrait a laisser a nos descendants un ouvrage peu sur doubla d’une facture faramineuse.
    En consequence, nous demandons qu’une expertise independante se prononce sur l’opportunite et la fiabilite du projet en cours.
    Le President, Bruny PAYET
    [email protected]

  • On ne peut pas trop affirmer que quantité de billets sur le web ne bénéficient de cette valeur, ça mute gentiment !

  • Thème intéressant félicitations pour votre intelligibilité.


Témoignages - 80e année


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