Dans le ’Journal de l’île’ d’hier

Alain Bénard défend l’autonomie

1er mars 2013, par Manuel Marchal

Dans son édition d’hier, le ’JIR’ a offert une tribune à un responsable politique qui préconise l’autonomie. Voilà de quoi faire réfléchir.

L’édition d’hier de notre confrère du "Journal de l’île de La Réunion" fait sa une sur une interview de Didier Robert. Mais dans la page d’à côté, la parole est donnée à un autre responsable politique. Alain Bénard a droit à une large place dans laquelle il fait un plaidoyer pour l’autonomie. Il précise quel contenu il veut donner à ce changement de statut.

Ce choix éditorial du "JIR" fait réfléchir.

En effet, un autre journal a dû subir la répression pour avoir fait la même chose. C’était au début des années 1960, quand Paul Vergès, directeur de "Témoignages", a été poursuivi et déféré devant la Cour de sûreté de l’État pour avoir publié des articles sur l’autonomie. L’autre volet de la répression, ce furent les 43 saisies de "Témoignages".

Paul Vergès avait été mis en prison puis transféré à Paris.

La Cour de sûreté de l’État

Dans les articles de presse visés par la répression, il était affirmé que selon l’esprit et la lettre de la Constitution de 1958, les quatre départements d’Algérie pouvaient évoluer sur le plan institutionnel, selon l’article 72 de la Constitution.

Arrivé à Paris, Paul Vergès fut auditionné par un juge. Ce dernier décida d’être fidèle à l’esprit et à la lettre de la Constitution. En conséquence, il signifia un non-lieu au directeur de "Témoignages".

Cette décision fit jurisprudence.

C’est cette jurisprudence qui fut évoquée plus tard dans l’affaire de l’OJAM, l’Organisation de la jeunesse anticolonialiste de Martinique. Paul Vergès est cité au procès des 18 jeunes Martiniquais inculpés en 1962 d’atteinte à l’intégrité du territoire et déférés devant la Cour de sûreté de l’État. Tous seront acquittés.

C’est encore cette même jurisprudence qui est évoquée en Guadeloupe pour empêcher les militants guadeloupéens du GONG d’être emprisonnés.

Aimé Césaire fut également poursuivi. Il dirigeait un parti, le Parti progressiste martiniquais, qui avait décidé d’adopter l’autonomie comme mot d’ordre.

Mais quand le responsable martiniquais est décédé, Nicolas Sarkozy et François Fillon, président de la République et Premier ministre, ont proposé le transfert de ses cendres au Panthéon. Le 6 avril 2011, l’ancien chef de l’État a présidé une cérémonie dévoilant une plaque en hommage à Aimé Césaire, dans cet édifice dédié à honorer la mémoire des grandes figures de la République.

Hier, c’est Alain Bénard qui a présenté dans le "JIR" les grandes lignes de son manifeste pour l’autonomie.

Cela doit faire réfléchir tous les Réunionnais.

Car pendant des décennies, qui a attaqué les libertés au motif de lutter contre l’autonomie ? Qui a accusé les partisans de l’autonomie d’être des séparatistes ? Ces opposants à l’autonomie, que disent-ils aujourd’hui ?

 M.M. 


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