Entretien avec Raymond Mollard, Vice-président du Conseil régional délégué à l’Éducation, Président suppléant de la Commission du développement humain .

En mars 2004, à l’occasion des Régionales, vous avez souscrit au projet d’une Alliance. Aujourd’hui, en tenant compte de vos engagements antérieurs et du travail accompli, comment - parvenu à mi-mandat - appréciez-vous ce travail ?

- Je suis, vous le savez, issu du mouvement social où, pendant plus de 30 ans, je me suis investi dans la promotion de l’école républicaine et la défense du service public. A la lumière des valeurs qui soutenaient ce combat, et qui sont bien entendu plus que jamais les miennes, je peux dire simplement que le chemin parcouru est considérable : un lycée H.Q.E inauguré au Tampon à la rentrée 2005, un autre lycée s’ouvrant à Saint-Paul à la prochaine rentrée, des réhabilitations “lourdes” (plusieurs dizaines de millions d’euros) entreprises au bénéfice des établissements les plus anciens, des locaux universitaires flambant neufs (sur plus de 5.000 m2) livrés à la rentrée 2006 sur le Campus du Tampon . Sans compter les aides à la mobilité éducative (voyez le succès du Québec auprès des jeunes), à la recherche universitaire, aux doctorants réunionnais (aide 5 fois supérieure à celle de l’Etat), à l’édition scolaire, aux projets pédagogiques. Ainsi bien sûr que l’aide pour les manuels scolaires accordée à chaque lycéen, dès la rentrée 2004. Et la création (en cours) des espaces numériques de travail, pour l’ensemble des lycées. J’arrête là pour éviter l’effet catalogue ou donner le sentiment de l’auto-satisfaction : bien des choses, sans doute, restent à faire, mais beaucoup a été fait ou est en cours de réalisation...

L’Alliance vient d’organiser une grande réunion publique dans l’Est. Au cours de cette réunion, des participants de cette partie de l’île ont appelé de leurs vœux l’extension du tram-train dans leur région. C’est, de notre point de vue, encourageant pour ceux qui, comme vous, soutiennent le tram-train, mais pensez-vous qu’il soit possible de répondre favorablement à cette demande en dépit du blocage de la CIREST et de la Mairie de Saint-André ?

- La Région est évidemment toute disposée à répondre à cette demande, car elle correspondant au vœu des habitants des communes concernées, à la logique de l’équipement, aux besoins de l’économie. Au cours de cette réunion de Saint-Benoît, nous avons pu mesurer, aux dizaines de questions qui sont revenues sur ce point, l’indignation de salariés, d’étudiants, de pères et mères de famille qui, sans avoir même été consultés par leurs élus locaux, se voient privés de l’accès au tram-train. Quand on est dans l’injustice, on n’a plus qu’un seul but : celui de marcher vers la justice. Nous ferons ce chemin avec eux.

L’Alliance va à la rencontre de la population réunionnaise. Comment la vision d’avenir qu’elle présente peut-elle se conjuguer avec les besoins exprimés de solutions immédiates ?

- En évitant les demi-mesures, le saupoudrage, la démagogie des analyses à courte vue. En privilégiant au contraire une vision prospective sur le long terme : La Réunion du million d’habitants, le logement pour tous, les dizaines de milliers d’emplois à créer, la circulation à fluidifier, les risques naturels à écarter, l’environnement à préserver. En allant dans le sens d’un accroissement des revenus, d’une meilleure formation pour tous, d’une mobilité choisie et facilitée. Notre plan de développement durable l’exprime bien par le triptyque “Ouverture, Solidarité, Excellence”. L’acronyme donne “O.S.E.”. C’est à ce beau programme que nous appelons chaque Réunionnais : « ose, osons, osez »...

La Réunion peut-elle devenir le pôle technologique de l’océan Indien ? Comment impliquez-vous la jeunesse réunionnaise ?

- En déclinant le “E” d’excellence, dont je viens de parler : multiplier les formations à Bac+ 4 et Bac+ 5, ouvrir l’accès aux études doctorales à un maximum de titulaires du DEA, créer des formations en aéronautiques (comme au lycée de Stella), des écoles d’ingénieurs (après l’agro-nutrition, l’informatique, le BTP), favoriser la mobilité vers l’Europe, l’Inde, la Chine, créer un Centre Hospitalier Universitaire et ouvrir une Faculté de médecine, favoriser la création d’instituts de recherche liés à la veille épidémiologique, au plan climat, aux énergies nouvelles, à la mer. En favorisant l’implication solidaire de nos jeunes dans les pays voisins (l’engagement à Madagascar notamment de nos Volontaires du Progrès est, de ce point de vue, exemplaire), tout en accueillant dans nos formations beaucoup plus de jeunes venus de ces pays. Les possibilités sont immenses, à nous d’optimiser les moyens, d’accélérer les opérations, de favoriser pour tous l’initiative, l’imagination, la circulation des personnes et des idées, le goût du défi. « Allons bouger ! », disent souvent nos jeunes. Ils ont 100 fois raison, et nous les écoutons !