Visite de la ministre de l’Outre-mer

ARCP : « Ne faut-il pas appeler à la révolte ? »

27 novembre 2010, par Edith Poulbassia

Pour l’ARCP, la ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard vient vendre du rêve aux Réunionnais et fait fi de l’emploi et du logement, deux préoccupations majeures de la population.

L’ARCP (Alliance des Réunionnais contre la pauvreté) tenait hier sa deuxième conférence de presse en une semaine. La visite de la ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, lundi et mardi prochains, était au centre de cette conférence. Pour l’ARCP, la représentante de l’État s’autorise une escale à La Réunion sans apporter de réponses aux réelles préoccupations des Réunionnais, à savoir l’emploi et le logement.
L’ARCP a dénoncé hier la « propagande gouvernementale » tout en demandant aux élus d’être en phase avec la population. « Il est hypocrite de faire la bise à ces gens et de voir des personnes souffrir dans leur coin », souligne Jean-Hugues Ratenon. Il appelle tous les élus à « se révolter au nom du peuple ». Car la question est posée pour l’ARCP : « Ne faut-il pas appeler à la révolte ? ».
L’ARCP avance que toute la population est aujourd’hui touchée par la politique anti-sociale. La classe moyenne, les TPE… « Il nous faut une solidarité réunionnaise sur l’essentiel, c’est-à-dire l’éradication de la pauvreté ». L’appel à l’union sacrée des associations, politiques, syndicats est donc lancé pour « une manifestation en masse, un grand rassemblement unitaire des Réunionnais sur le mot d’ordre de l’emploi et du logement pour tous ».
Éric Parlier plaide pour une « équation logement-emploi-condition de vie ». Selon ses calculs, la construction de 25.000 logements pourrait créer 37.000 emplois, loger environ 80.000 personnes soit 10% de la population. Une solution donc à « l’état de catastrophe sociale » de l’île.

TNT mais suppression des contrats aidés

Pour Jean-Hugues Ratenon, la révolte est un droit du peuple. Il n’hésite d’ailleurs pas à citer l’article 35 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : “quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs”.
Pour l’ARCP, la ministre de l’Outre-mer ne vient à La Réunion que pour dire aux Réunionnais de « continuer à rêver ». Avec la TNT, la continuité territoriale, l’hommage aux pompiers une fois la catastrophe gérée. Pendant ce temps, les problèmes s’accumulent. Jean-Hugues Ratenon a insisté sur la suppression en « misouk » des contrats aidés. Une baisse de 15% au niveau national, qui se répercute déjà à La Réunion pour les CAE. « Le Pôle Emploi a déjà résigné des centaines de CAE dans les collectivités alors qu’ils étaient déjà signés ou avaient démarré », affirme Jean-Hugues Ratenon.
De plus, la prise en charge de l’État passera de 80% à 70% en 2011. Résultat, selon l’ARCP, une manne financière de 37 millions d’euros pour l’État que les collectivités et les entreprises devront combler pour les 20.000 contrats aidés existants. « C’est l’autonomie financière forcée », analyse Jean-Hugues Ratenon, et avec ceci « une plongée dans la précarité totale ». En 2003, il y a avait 45.000 contrats aidés pour 90.141 demandeurs d’emploi. Aujourd’hui, il y en a moins de la moitié pour 126.750 demandeurs d’emploi. L’ARCP ira demander des comptes au Pôle Emploi lundi prochain.
En attendant, l’ARCP se demande si Marie-Luce Penchard ne pourrait pas, au cours de sa visite, donner un coup de pouce à l’une des promesses électorales du président de Région : créer les 10.000 emplois verts sur 4 ans.

EP

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