« L’assaut du Capitole » aux USA était une tentative de coup d’Etat de l’extrême droite
Cnews prépare-t-elle l’opinion à des violences de l’extrême droite à partir du 7 juillet ?
4 juillet, par
Avec des projections montrant que le RN aura logiquement la majorité absolue des sièges de députés dimanche prochain, et une ligne éditoriale dénonçant le « coup d’État administratif » visant à empêcher l’extrême droite de gouverner, Cnews fait apparaître comme certain le retour de l’extrême droite au pouvoir en France. C’est la même méthode qui fut utilisée par les partisans de Trump aux USA en 2020. Il fallait faire croire que la victoire était certaine et que tout autre résultat était une fraude. Cela déboucha sur une tentative de coup d’État qui prit la forme de « l’assaut du Capitole ». Que feront les plus radicaux de l’extrême droite en France en cas de défaite de leur parti dimanche prochain. Accepteront-ils le verdict des urnes ? Ne vont-ils pas affirmer que l’élection a été volée et que la violence est donc acceptable pour avoir un résultat conforme à celui souhaité ? Iront-ils jusqu’à lancer une vague de violences en France culminant par une tentative de coup d’État ? La ligne éditoriale de Cnews est inquiétante : prépare-t-elle l’opinion à des violences de l’extrême droite à partir du 7 juillet ?
La télévision pro-extrême droite Cnews se distingue par son usage de la théorie des « faits alternatifs » popularisée par Donald Trump et l’extrême droite des États-Unis. Depuis dimanche soir, les projections en sièges de députés sur la base des résultats du premier tour sont unanimes : le parti d’extrême droite RN et ses ralliés n’a aucune chance d’avoir la majorité absolue. La projection fait état d’un nombre compris entre 230 et 280 au grand maximum. La mobilisation anti-fasciste en France n’était alors pas prise en compte par les sondeurs. Nul doute qu’il semble fortement improbable que le RN ne puisse remporter les plus de 250 élections de députés pour atteindre 289 sièges à l’Assemblée nationale le 7 juillet prochain.
Cnews voit déjà Le Pen au pouvoir
Mais c’est une toute autre projection qui est imposée aux téléspectateurs par Cnews : l’extrême droite RN et ralliés aura entre 250 et 300 sièges au soir du 7 juillet. Autrement dit, d’après ce « fait alternatif », la majorité absolue pour le RN est possible. Les « débatteurs » sur la chaîne Cnews mettent avant tout l’accent sur ceux qui mettent des obstacles pour empêcher l’extrême droite de gouverner après le 7 juillet. C’est la thèse du « coup d’État administratif » annoncée par les chefs du RN. Cela sous-entend que le résultat du second tour est plié d’avance : le RN sera majoritaire à l’Assemblée nationale et aura le poste de Premier ministre, toute autre éventualité ne sera pas logique.
Les « faits alternatifs » ont mené à une tentative de coup d’État à Washington
Cette méthode est exactement la même que celle mise en œuvre par Donald Trump et ses partisans lors de l’élection présidentielle de 2020 aux États-Unis. Soutenu par des médias comme la chaîne Fow News, Donald Trump affirmait sa certitude de la victoire, tout autre résultat ne pouvait qu’être une fraude. Puis il refusa de reconnaître le résultat du vote, affirmant que l’élection avait été volée. Il dénonça les votes par procuration qui n’étaient pas, d’après lui, des votes valables.
Puis, il intervint lors d’une manifestation organisée à Washington le jour de la proclamation officielle du résultat de l’élection présidentielle. Quelques heures plus tard, l’extrême droite montait à l’assaut du Capitole.
Elle prit d’assaut le Parlement des États-Unis pour tenter d’empêcher le processus électoral dont le résultat lui était défavorable. « L’assaut du Capitole » n’était rien d’autre qu’une tentative d’État de l’extrême droite, comme l’était le « Putsch de la Brasserie » d’Adolf Hitler, la tentative de coup d’État de l’extrême droite française qui voulut prendre d’assaut l’Assemblée nationale le 6 février 1934, ou le « Putsch des généraux » à Alger durant la guerre d’Algérie.
Climat de violences comme ligne éditoriale
A force de vouloir faire croire que la victoire de l’extrême droite ne peut être que le seul résultat « logique », Cnews s’adresse à un public déjà convaincu des thèses violentes du RN. Elle souffle sur les braises.
Cnews a abondamment relayé les propos de Madame Le Pen, cheffe de l’extrême droite, affirmant qu’il fallait se préparer à des violences de l’extrême gauche en cas de victoire du RN. C’est l’hôpital qui se moque de la charité !
A l’appui de cette campagne, Cnews s’est illustrée par un traitement biaisé du rassemblement du Nouveau Front populaire organisé le 30 juin dernier, place de la République à Paris. Les images de Cnews n’ont montré que les traces du passage de « casseurs », laissant entendre que ce meeting politique se résumait à des émeutes. Chacun sait que des groupuscules d’extrême droite ont comme spécialité d’infiltrer des manifestations pour provoquer des dégradations. Cette hypothèse probable est censurée par Cnews.
L’extrême droite acceptera-t-elle sa défaite ?
Se pose alors la question de ce que feront les plus radicaux de l’extrême droite en cas de défaite de leur parti dimanche prochain. Accepteront-ils le verdict des urnes ? Ne vont-ils pas affirmer que l’élection a été volée et que la violence est donc acceptable pour avoir un résultat conforme à celui souhaité ? Iront-ils jusqu’à lancer une vague de violences en France culminant par une tentative de coup d’État comme aux Etats-Unis ?
La ligne éditoriale de Cnews est inquiétante : prépare-t-elle l’opinion à des violences de l’extrême droite à partir du 7 juillet ?
M.M.