Le Nouveau Front populaire dans l’opposition : confirmation par la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre

Faire voter pour le projet réunionnais : travail le plus utile des députés de La Réunion

7 septembre, par Manuel Marchal

La nomination ce 5 septembre de Michel Barnier comme Premier ministre a suscité de nombreuses réactions à La Réunion. L’essentiel montrait une déconnexion entre les besoins des Réunionnais et le travail d’un député pour y répondre. Seul le PCR a rappelé l’utilité d’élus réunionnais dans l’Assemblée nationale française à l’heure actuelle : obtenir le plus large rassemblement possible pour que Paris accepte d’accompagner financièrement et institutionnellement un projet réunionnais de développement. Souhaitons que les députés de La Réunion ne s’enferment pas dans l’assimilation aux partis parisiens. Sinon, c’est la garantie que le mandat des 6 députés « Nouveau Front populaire » ne fera pas avancer la cause réunionnaise d’un centimètre en 5 ans. En effet, la nomination de Michel Barnier signifie que ces 6 députés font partie de l’opposition au prochain gouvernement. A eux de convaincre la représentation française comme surent le faire en leur temps Raymond Vergès et Léon de Lépervanche.

La nomination de Michel Barnier comme Premier ministre a clarifié la situation. Désormais, le Nouveau Front populaire est dans l’opposition. Cela vaut donc aussi pour les 6 députés réunionnais élus sous cette étiquette. A moins qu’ils fassent partie d’un groupe parlementaire qui décide de quitter le Nouveau Front populaire pour rejoindre la majorité constituée par la mouvance présidentielle et les députés Les Républicains.
Les réactions à La Réunion n’ont pas manqué au choix d’Emmanuel Macron. Toutes celles qui furent massivement diffusées ont montré une déconnexion avec les préoccupations de la population. Celles-ci sont les suivantes : chômage de masse, exil de la jeunesse, manque de logement, prix inacceptables, inégalités, salaires trop bas face au coût de la vie sans oublier l’illettrisme.
Il était question de « déni démocratique », de « non respect de la volonté des électeurs », elles émanaient du camp qui prit l’étiquette Nouveau Front populaire lors des élections législatives anticipées. Or, la nomination du Premier ministre s’est faite selon les règles prévues dans la Constitution et dans l’esprit qui préside la 5e République : le chef de l’État choisit son Premier ministre pour qu’il soit soutenu par la majorité la plus large.

Loi française appliquée : coalition LR-Mouvance présidentielle plus forte que Nouveau Front populaire

Le choix de Michel Barnier signifie ceci : la coalition des groupes LR et Mouvance présidentielle est la force la plus importante à l’Assemblée nationale, devant le Nouveau Front populaire. Elle pourrait même être renforcée par des députés toujours LR, mais qui ont préféré trahir De Gaulle pour un plat de lentilles en se ralliant à l’extrême droite. Guidés par le même opportunisme, certains d’entre eux pourraient donc rejoindre la nouvelle majorité. Du côté de l’extrême droite, son député réunionnais a rappelé la ligne : attendre et voir. Cela signifie que le gouvernement Barnier pourrait bénéficier d’une abstention du groupe des parlementaires d’extrême droite.
Donc, le Nouveau Front populaire ne pourra pas empêcher le vote d’un texte porté par le gouvernement, et il ne pourra pas appliquer le programme qu’il a proposé aux électeurs durant la campagne électorale. C’est la conséquence de l’impossibilité d’élargir la majorité relative obtenue le soir du 7 juillet.
Cela vaut donc pour les 6 députés réunionnais élus sous cette étiquette qu’ils ont ralliée.

Le PCR élève le débat

Parmi les réactions à la nomination du nouveau Premier ministre, l’une d’entre elles a été volontairement éclipsée par des médias qui se croient dominants à La Réunion : celle du Parti communiste réunionnais. Pourtant, elle a rappelé la seule possibilité pour les députés réunionnais d’être utile à leur pays : défendre à l’Assemblée nationale l’idée du soutien financier et institutionnel de l’État à un projet réunionnais de développement. Ce projet a pour vocation d’être construit et proposé par les Réunionnais à Paris. Il doit constituer la base d’une nouvelle relation entre l’ancienne puissance coloniale et l’ancienne colonie encore sous le joug du néocolonialisme responsable du sous-développement de La Réunion dans de nombreux domaines.

Dans les pas de Raymond Vergès et Léon de Lépervanche ?

Un tel projet ne peut que transcender les appartenances politiques à Paris. Il s’inscrit dans celui de l’abolition du statut colonial le 19 mars 1946 qui a ouvert la voie à la pleine citoyenneté pour les Réunionnais. A cette époque, deux députés réunionnais, Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, avaient saisi l’occasion pour obtenir l’unanimité de l’Assemblée nationale pour l’abolition du statut colonial à La Réunion.
Il n’en est pas demandé autant que députés de La Réunion élus le 7 juillet. Une majorité peut suffire, la plus large sera le mieux.
Ainsi, en portant un projet transpartisan et en mobilisant leurs collègues, ils ont la possibilité de faire avancer la cause des Réunionnais.

Dépasser l’émotion

C’est la seule utilité aujourd’hui de la présence de députés réunionnais dans une Assemblée nationale française. Car passer son temps à voter contre des textes qui seront de toute façon adoptés, prendre la parole devant les caméras pour s’opposer sans avoir aucune chance d’appliquer le programme du groupe auquel on a décidé d’appartenir, à quoi cela sert-il ?
Plutôt que de perdre du temps à crier au déni démocratique, n’est-il pas plus utile pour la population que ces députés dépassent le moment de l’émotion et fassent la seule chose qui a une chance d’aboutir au cours de leur mandat : faire voter pour le projet réunionnais.

M.M.

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