La séance inaugurale à la Région Réunion tourne à la grand-messe entre institutions

Assises des Outre-mer : où est la population ?

7 octobre 2017, par Manuel Marchal

La première journée des Assises des Outre-mer a tourné à la grand-messe entre représentants d’un système qu’ils ne veulent pas changer. Les organisateurs de ces ateliers n’ont pas invité la population à s’exprimer. La séance de la Région a tourné à la caricature, avec des institutionnels qui présentaient des projets à un financeur potentiel.

Ces assises ont été une tribune pour la Région. La collectivité a défendu à nouveau un projet de traversée de Saint-Denis en monorail. Première estimation : 500 millions d’euros.

Deux jours après le lancement officiel des Assises des outre-mer à Paris, les deux premiers ateliers décentralisés étaient organisés à La Réunion en présence d’Annick Girardin, ministre des Outre-mer. Celui tenu à la Région sur le thème de la mobilité s’est résumé à une grand-messe entre institutions qui présentaient leurs projets à un financeur. Quant au second sur le thème de la jeunesse, il a eu lieu sans la présence des jeunes.

Les Assises des outre-mer ne sont pourtant pas une initiative qui datent d’hier. Elles étaient annoncées dans le programme du candidat Emmanuel Macron. Initialement, elles devaient se tenir à Paris. Le gouvernement a dû changer de position et organiser des Assises décentralisées dans chaque territoire. L’objectif devait donc être de faciliter la participation des personnes concernées.

Un oral devant une ministre

Mais la tournure des événements hier a montré que la population n’était pas invitée aux Assises. La séance tenue à la Région Réunion sur le thème de la mobilité a tourné à la caricature. Elle était en effet largement consacrée à la présentation de projets qui vont probablement solliciter la participation de l’État. En effet, il est difficile d’imaginer que la Région Réunion pourra se payer un monorail à 500 millions d’euros pour la traversée d’une seule ville, Saint-Denis, alors qu’elle est déjà endettée pour un milliard d’euros pour essayer de construire une route en mer. La même préoccupation existe à la CINOR avec deux téléphériques construits également dans une seule ville, encore Saint-Denis. Le président dionysien de la collectivité s’inquiète du coût de fonctionnement des deux structures. Si cette partie n’est pas assurée, il semble plus raisonnable d’attendre avant de se lancer dans une telle réalisation.

Pour se limiter à ces deux projets, il ont déjà été présentés publiquement. Le gouvernement est donc au courant. À quoi bon organiser une réunion avec une ministre qui se déplace à La Réunion pour une telle opération ?

Rien sur l’emploi

Concernant l’atelier sur la jeunesse qui suivait celui sur la mobilité, il est surprenant de constater que la question de l’emploi n’était pas à l’ordre du jour. La culture et le sport ne sont pas les principales préoccupations des jeunes. La lutte contre le chômage est la priorité. Plus de la moitié des jeunes sortis de l’école à La Réunion sont privés d’emploi. Beaucoup sont obligés de s’exiler à 10.000 kilomètres alors qu’ils ont la volonté de construire leur projet de vie en participant au développement de leur pays.

La création d’emplois est donc la principale aspiration de la jeunesse. Malheureusement, la jeunesse n’était pas invitée à faire entendre sa revendication, car l’atelier sur le thème de la jeunesse s’est déroulé sans les personnes concernées.

L’objectif de la décentralisation des Assises des outre-mer était d’éviter qu’elles se transforment en une grand-messe entre représentants du système qui n’ont aucun intérêt à le changer. Ce qui s’est passé hier, particulièrement à la Région, était pourtant exactement cela. Gageons qu’il soit encore possible de rectifier le tir, faute de quoi les Assises des outre-mer auront bien du mal à changer les choses.

M.M.

A la Une de l’actuImpasse du modèle

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • A voté. Ou n’est pas venu voter ? Sans oublier les PRAF (Plus Rien A Foutre), voilà le résultat et maintenant les décisions se font sans nous, entre gens de bonne compagnie, faisons leur confiance pour nous aider, et n’oublions pas que c’est ça faire de la politique ; s’occuper des affaires de la citée, en étant altruiste, généreux, visionnaire, honnète, tout simplement,non ? Pas un mot sur le train péi, c’est bien dommage. Arthur.


Témoignages - 80e année


+ Lus