Les jeunes et le deuxième tour de la Présidentielle

« Au-delà des discours, on attend des actes »

27 avril 2007

Alon Kosé Sérieux de Saint-Benoît est une association récente, créée par Fabrice Grondin. Ce Bénédictin a voulu de cette façon rassembler les jeunes comme lui pour débattre des problèmes qu’ils rencontrent, de leurs difficultés d’insertion. L’adhésion à l’association n’est pas l’objectif, c’est l’envie de débattre et d’agir qui rassemble ces jeunes. Un petit groupe nous livre ses impressions sur le deuxième tour qui se prépare.

Les jeunes de l’association Alon Kosé Sérieux.
(photo EP)

Les jeunes n’ont pas oublié la leçon du 21 avril 2002, et pour le premier tour de la Présidentielle, ils se sont dirigés comme de nombreux citoyens vers les urnes pour faire entendre leurs voix. Ils ont maintenant le choix entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Qu’ils aient voté où non pour ces candidats au premier tour, les jeunes de l’association Alon Kosé Sérieux de Saint-Benoît sont bien décidés à ne pas rater le rendez-vous, conscients des enjeux que recèle cette élection, même s’ils confient être plus intéressés par les législatives. Ils sont en recherche d’emploi, diplômés ou non, ont occupé des emplois précaires, d’autres sont encore en formation ou poursuivent des études à l’Université, âgés de 19 à 27 ans : Fabrice, le Président de la toute jeune association, Tatiana, Jérôme, Armand et Guillaume craignent pour leur avenir. Vont-ils accéder à un emploi stable, à un logement, auront-ils droit à une retraite convenable, etc...? Ce sont les questions qu’ils se posent, et ils attendent évidemment des réponses claires des deux candidats à la Présidence, et au-delà des discours, enfin des actions efficaces.

Peut-on faire confiance à quelqu’un qui traite les jeunes de
« racailles »  ?

Car ces jeunes ne sont pas dupes. Ils ont bien compris que la nouvelle génération est au cœur de cette campagne et que chaque candidat tente de convaincre cette partie de l’électorat. « Les jeunes sont devenus une arme pour ces candidats. Ils les utilisent comme ils veulent. D’un côté, Nicolas Sarkozy les stigmatise, les traite de racaille, mais il sait aussi les mettre en avant dans ses meetings, dans son parti. Ségolène Royal aussi le fait, mais, affirme Jérôme, Ségolène a parlé beaucoup plus des problèmes des jeunes ». Sur ce point, les avis sont partagés dans le groupe de jeunes, mais tous sont d’accord pour dire que « puisque les plus vieux ne croient plus à la politique, les jeunes sont la nouvelle cible ». C’est pourquoi, l’association Alon Kosé Sérieux va redoubler de vigilance entre ces deux tours de l’élection. Les déclarations des candidats et surtout le débat du 2 mai seront examinés à la loupe.
La première préoccupation de ce groupe de jeunes, c’est l’emploi. L’envie de travailler ne manque pas, ils ne demandent que ça. Mais le scénario se répète, les candidatures se succèdent, les entretiens sont difficiles à décrocher malgré des diplômes et un peu d’expérience. Vivre de contrats précaires, ce n’est pas la panacée, comme le confie Fabrice, mais c’est mieux que rien. Alors, quand Ségolène Royal propose de créer des emplois tremplin, le groupe n’y est pas défavorable, à condition que ces emplois soient attribués sans favoritisme. « Dans cette campagne, on veut aborder tous les tabous, l’immigration, l’insécurité, eh bien, parlons donc d’un vrai tabou, le recrutement par copinage. C’est cela que nous dénonçons. Les emplois, même contractuels, sont trop souvent réservés à la famille des responsables », s’insurge Fabrice. Pour Alon Kosé Sérieux, c’est une forme de discrimination qui contribue à démotiver et à provoquer la colère des jeunes.

Travailler plus au détriment de la famille

Mais voilà mieux. Alors que les jeunes sont les premiers touchés par le chômage, l’une des principales propositions du candidat UMP consiste à « travailler plus pour gagner plus ». « C’est un système qui peut bien convenir à un célibataire, estime Jérôme, mais comment un père ou une mère peuvent-ils faire cela sans délaisser leur famille ? Ne doit-on pas penser plutôt en ce moment à partager le temps de travail ? Et puis, à quoi sert-il de travailler plus pour gagner plus si on ne dispose plus du temps pour dépenser ? ». Fabrice rappelle ainsi que les 35 heures ont été « un grand soulagement » pour beaucoup de salariés qui ont bénéficié de temps pour voir leurs enfants, et que ce gain de temps a permis de développer des activités de loisirs, donc l’économie.
L’immigration est aussi au cœur de la campagne présidentielle. Alon Kosé Sérieux regrette qu’une vraie politique de co-développement tarde à se mettre en place. Ces jeunes comprennent que des étrangers soient attirés par un pays comme la France, car « eux aussi veulent vivre mieux », mais critiquent la mauvaise gestion de cette immigration. « Ces clandestins qui perdent la vie en pleine mer, c’est la faute des politiques », souligne Jérôme. Mais même s’il ne faut pas évacuer le sujet de l’immigration du débat de cette élection, ces jeunes craignent que l’omniprésence de ce thème contribue à minimiser les vrais problèmes, comme la dette publique qui va reposer sur les épaules des générations à venir, le financement des retraites, et la précarité.

Edith Poulbassia


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Messages

  • Je suis une jeune bénédictine et occupe un travail précaire et heureusement je vis encore chez mes parents !!! Je suis totalement d’accord avec ces jeunes qui veulent s’en sortir, aujourd’hui c’est difficile !!! Je pense que le programme de Mme ROYALE correspond bien à nos attentes mais moi je me pose une question, est-ce-que vraiment elle tiendra parole ?

    Battons-nous les jeunes, soyons fort, résistons !!!!!


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