Dans 4 jours, les députés voteront pour ou contre la confiance au gouvernement

Austérité confirmée : aucun espoir pour les Réunionnais

12 septembre 2014

Hier jeudi, Manuel Valls a réuni tous les ministres à Matignon dans la perspective du vote de la confiance le 16 septembre à l’Assemblée nationale. A la sortie de la réunion, il a décliné les orientations sur lesquelles les députés voteront mardi prochain. Désormais, les 7 députés réunionnais sont fixés sur le contenu. Par ailleurs, le Premier ministre a rencontré les journalistes pour confirmer que la France ne tiendra pas ses engagements de réduction de déficit. Ses engagements ont été pris avec l’Union européenne, mais c’est la cheffe du gouvernement allemand que rencontrera le Premier ministre pour expliquer les choix de la France…

Le 16 septembre, les députés devront donner leur position sur la politique du gouvernement.

Le 21 août, date de la venue de François Hollande à La Réunion, Manuel Valls avait rassemblé les ministres et secrétaires d’Etat à Matignon. Le lendemain, Arnaud Montebourg publiait dans « le Monde » une tribune libre affichant ses divergences avec le président de la République. Puis il allait encore plus loin dans la critique 72 heures plus tard. Cette séquence allait déboucher par la démission de l’ensemble du gouvernement et une recomposition visant à valider l’orientation social-libérale prise par François Hollande.

Hier jeudi, même format de réunion mais Manuel Valls a fait dès la sortie un compte-rendu à la presse. En voici la traduction officielle par le site du gouvernement :

Compte rendu du gouvernement

« Manuel Valls a ainsi annoncé qu’il prononcera mardi 16 septembre « un discours de rassemblement, un discours de confiance, mais aussi, pardon de le dire dans ce moment-là, d’optimisme, dans tout cas les capacités qui sont les nôtres, la fierté d’être Français ».

Manuel Valls s’est dit « marqué et choqué bien sûr par les événements qui, au fond, tirent le débat public vers le bas », mais il déplore un « France bashing » devenu « insupportable ». « La France, je ne cesse de le répéter, est un très grand pays » a-t-il déclaré devant la presse. Le pays « compte sur le plan économique, nous sommes la cinquième puissance économique mondiale, la deuxième en Europe ».

Pour autant il faut « être lucide sur nos difficultés », « celles que la France et surtout les Français éprouvent, ceux qui sont au chômage, ceux qui sont dans la précarité, ceux qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois, qui n’arrivent pas à payer leur loyer ». Mais le Gouvernement maintient le cap, « celui du sérieux budgétaire, (...) du refus de l’austérité, par la priorité que nous donnons à l’école, à la sécurité, à la justice, à la recherche et à l’université ». « Nous faisons des choix, sérieux, pour préparer l’avenir » a affirmé Manuel Valls.

« 50 milliards d’économies ça n’a jamais été fait, je veux le dire à nos compatriotes », a poursuivi Manuel Valls. « 50 milliards pour diminuer la dépense publique en faisant des économies pour l’Etat, pour les collectivités territoriales – tout en préservant leur investissement – et pour l’Assurance maladie » a-t-il précisé. Des dépenses publiques maîtrisées pour réduire le déficit public mais sans avancer « à marche forcée ». « Faire 3% en 2015 ça serait, oui, rentrer dans une politique d’austérité et mettre en cause - comme le propose d’ailleurs l’opposition – mettre en cause notre pacte républicain » a expliqué le Premier ministre, rappelant que seront maintenues les créations de postes d’enseignants, de policiers, dans le domaine de la justice, des prisons, ou encore à Pôle emploi. « Bref, ce n’est pas une politique d’austérité, c’est une politique sérieuse mais nous avons réévalué évidemment le niveau de déficit, c’est un choix que nous assumons – dans un dialogue avec l’Europe. »

« Il faut s’engager pour la création de l’emploi, pour la préservation de l’emploi, pour l’investissement, chacun doit contribuer à l’effort » a affirmé Manuel Valls, évoquant la première réunion avec les branches professionnelles sur les contreparties au Pacte de responsabilité et de solidarité qu’il juge « positive ».

Le Pacte, ce sont notamment « 40 milliards pour soutenir les entreprises, pas pour faire des cadeaux aux entreprises, mais pour les salariés parce que l’entreprise, ce sont des entrepreneurs, des actionnaires, mais ce sont aussi des salariés ». « C’est un effort majeur que la nation consent, donc chacun attend évidemment des résultats » a reconnu le Premier ministre, « et ces résultats, c’est la croissance, l’investissement pour les entreprises et bien sûr l’emploi et l’emploi des jeunes ».

A 5 jours du vote de la confiance au gouvernement, le Premier ministre a donc confirmé deux points.

Confirmation de l’austérité

Le premier, c’est la feuille de route. Aucune illusion à se faire, ce sera la même politique qu’avant le remaniement. Le gouvernement prévoit des coupes dans les services de l’Etat, dans les subventions versées aux collectivités et dans l’assurance maladie. Au total, ce seront donc 50 milliards de moins. Dans le même temps, ce sera l’application du Pacte de responsabilité et des 40 milliards offerts aux entreprises. Manifestement, le Premier ministre semble officiellement bien optimiste sur les contreparties sociales concédées par les patrons. Lors des premières rencontres avec les syndicats, ces derniers ont déploré l’intransigeance patronale. Les bénéficiaires des 40 milliards ne veulent donner aucune garantie.

C’est la même politique qu’avant le remaniement et elle se situe dans la droite ligne de celle menée depuis 2012. L’immense majorité des Réunionnais n’a donc rien à en attendre, si ce n’est des difficultés supplémentaires.

Les députés savent donc à quoi s’en tenir.

Et les planteurs ?

Second point : les 50 milliards d’économies ne suffiront pas à maintenir le déficit public en dessous de 3% en 2015. Le Premier ministre confirme donc bien que la France ne tiendra pas les engagements pris devant l’Union européenne. Cette dernière a donné deux fois un an de délai supplémentaire au gouvernement pour être dans les clous.

Faute de respecter cette promesse, le gouvernement expose La Réunion au risque de suspension des fonds européens.

Lors de sa rencontre avec les journalistes, le Premier ministre a annoncé qu’il se rendra en Allemagne, à la rencontre de la chancelière fédérale Angela Merkel pour lui expliquer les choix économique du gouvernement. Puisque la promesse a été faite à l’Union européenne, le procédé est curieux. Pourquoi ne rencontre-t-il pas les 26 autres chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne pour discuter de ce même sujet ?

Pas de respect des engagements et tentative de régler le problème avec un partenaire privilégié… A l’heure où les planteurs ont besoin que le gouvernement français arrive à convaincre l’Europe de laisser Paris verser 128 millions d’euros par an à la filière en contradiction avec les règles de l’OMC, cette série de décisions interroge. Est-ce la manière la plus efficace de se donner toutes les chances de réussir une difficile négociation ?

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