Le PCR et la visite d’Annick Girardin

« Aux Réunionnais de définir et d’assumer leur plan de développement »

31 octobre 2018, par Manuel Marchal

Le Parti communiste réunionnais représenté par son secrétaire aux Affaires internationales, Ary Yée Chong Tchi Kan, et son porte-parole, Yvan Dejean, a rencontré la presse pour faire un bilan de la visite de la ministre des Outre-mer. Ce séjour a permis au PCR de présenter son analyse et ses propositions, en particulier la tenue d’une Conférence territoriale de l’action publique élargie aux syndicats, associations, partis politiques.

Ary Yée Chong Tchi Kan et Yvan Dejean.

Ary Yée Chong Tchi Kan indique d’abord que la durée de la visite de la ministre était inhabituelle. Elle a eu lieu au moment où les indicateurs sociaux, économiques et environnementaux sont alarmants. Le nombre de demandeurs d’emploi dépasse les 183.000. Alors qu’il faudrait construire 7000 logements par an, il n’en sort que 2000. Les prix des matériaux de construction sont très élevés par rapport à ce qui se pratique en France.

Octroi de mer et APE ?

Le PCR rappelle que l’ONF avait tenu une conférence de presse pour réclamer des moyens supplémentaires afin d’assumer leur mission toujours plus complexe dans la protection de la biodiversité. Direction et travailleurs de l’ONF disent que sans ces moyens, l’inscription de Pitons cirques et remparts au Patrimoine mondial est menacée.
Annick Girardin est arrivée au moment où a lieu un débat sur l’octroi de mer qui doit se terminer en 2020, mais personne n’en a les éléments. Les collectivités n’ont pas l’air inquiètes. Aucune étude d’impact des Accords de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays voisins n’a été présentée aux Réunionnais.
« Les hospitaliers ont dénoncé la suppression de l’indexation de leur prime. Cela suppose une menace sur la structure des revenus des fonctionnaires et assimilés », constate le PCR qui souligne qu’ « aucune réponse n’a été apportée sur les problèmes de fond évoqué plus haut ».
Ces problèmes vont donc s’aggraver et en entraîner d’autres qui pourraient paraître secondaires, précise le secrétaire aux Affaires internationales du PCR. Il prend deux exemples.

Hospitaliers et planteurs

Pour les hospitaliers, la ministre annonce que la décision était prise au niveau gouvernemental et que les primes ne seront plus indexées. Pour les hospitaliers, c’est une perte réelle de pouvoir d’achat. A l’annonce d’un recours des syndicats devant le Conseil d’État, la ministre les a mis en garde contre les conséquences en cascade qui pourraient découler de leur initiative, et donc sur l’ensemble des revenus surrémunérés. Elle a donc lancé un défi, que feront les syndicats ?
Pour les planteurs de canne à sucre, ces derniers ont soulevé publiquement la question du statut de Tereos. Tereos est une coopérative de producteurs de betterave qui refuse l’adhésion des planteurs de canne. Pour le PCR, on s’approche de la clarification nécessaire avant la mise à plat de toute la chaîne de valeur ajoutée. Les planteurs comprennent qu’ils sont traités comme des employés de Tereos qui perçoit les aides publiques et distribue le reste aux planteurs selon son calendrier. Tereos est l’interlocuteur d’Albioma, pas les planteurs de canne. Or Albioma vient d’annoncer qu’il remplacera la charbon par du bois importé d’Afrique du Sud ou d’Australie. « Les planteurs ne sont associés à aucune réflexion stratégique concernant leur avenir », souligne Ary Yée Chong Tchi Kan.

Conférence territoriale

Le PCR a été reçu par un conseiller de la ministre samedi matin. « Nous avons mis tous ces sujets et d’autres sur la table », indique Yvan Dejean qui précise que le PCR ne demande pas la démission des élus. Une note a été remise à la ministre, avec pour conclusion : « rien n’est réglé sur le fond, les solutions ne peuvent en aucun cas venir de Paris ».
Le PCR a proposé la tenue d’une conférence territoriale pour que chacune et chacun puissent donner leur opinion. « Il appartient aux Réunionnais de définir et d’assumer leur plan de développement ».
Yvan Dejean précise que la conférence territoriale est prévue par la loi NOTRe. Le PCR souhaite l’élargir à toutes les forces vives : parlementaires, syndicats, mouvement associatif et partis politiques.
La convocation peut être lancée par le préfet, le président du Conseil régional ou un mouvement constitué très large.
Le PCR propose que l’objectif de cette conférence est d’arriver à une feuille de route réunionnaise négociée avec le gouvernement. « Les problèmes sont tellement graves qu’ils devront se régler en au moins une génération », par les Réunionnais eux-mêmes, conclut le porte-parole du PCR.

M.M.

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