Lors de ce rassemblement, le jury devait se prononcer sur la pertinence ou non du projet de la Rocade, en étudiant les avantages et les inconvénients. Après un défilé d’experts sur le sujet, DDE, CCSud, CCIR, service foncier et des transports de la commune du Tampon, les jurés ont pu débattre des enjeux de ce projet, en termes d’impact économique, social, etc...
Le jury citoyen a été présidé par une personnalité étrangère au dossier, en la personne de Guy Fontaine, professeur d’université, afin de recueillir les avis des uns et des autres.
Mais avant tout rappelons ce qu’est le projet de Rocade.

Qu’est-ce que le projet “rocade Sud du Tampon” ?

Pour un coût global de 97 millions d’euros, dont 20 millions à la charge de la commune, la rocade Sud du Tampon est une infrastructure routière prévue au SAR (Schéma d’Aménagement Régional) approuvée en 1995. Située en zone urbaine, cette déviation s’étendra sur 5 kilomètres entre le carrefour des Azalées et l’église du 14ème km.
Le projet prévoit une portion de route 2 fois 2 voies entre le carrefour des Azalées et la RD 3 et un tronçon à 2 voies, sens montant, et une voie sens descendant entre la RD 3 et le 14ème km.
Objectif : désengorger le réseau actuel, qui ne répond plus à la forte urbanisation. De ce fait, cette voie de contournement assurera la desserte du centre-ville et fera partie intégrante de la voie de liaison St Pierre/St Benoît. Elle jouera également un rôle de déviation de la RD 3 dans sa partie urbaine c’est-à-dire en permettant une liaison plus rapide entre les quartiers de Bel Air et de Trois Mares, via la ZAC Badré.

Ce projet date de 1965

Lors de son intervention, Vincent Malfère de la DDE nous apprend que ce projet date de 1965 et qu’en 1979, l’emplacement du tracé a été réservé dans le Plan d’Occupation des Sols de la commune. Enfin, le 7 août 1998, il a été déclaré d’utilité publique. Alors, certains jurés se demandent « pourquoi a-t-on connaissance de ce projet que maintenant ? »
Car il est vrai que ce projet permettra de désengorger certains axes routiers et aussi d’en améliorer d’autres, notamment le secteur de l’université mais il ne faut pas oublier que ce projet engendre aussi des expropriations et qu’il ne résoudra pas le problème de circulation au niveau du 14ème km car la rocade s’arrête dans ce secteur.
De plus, en parallèle, il est prévu, par le Conseil Général, d’aménager la route des 400 qui se situe au Sud de la commune en Route des Flamboyants. Mais selon les experts, même avec l’aménagement de cette route, il est nécessaire de construire une Rocade afin de d’améliorer la circulation dans le Tampon.

« On n’a pas le choix finalement ! »

C’est ce que dénoncent plusieurs jurés. « On a l’impression qu’on n’a pas le choix finalement. Soit on choisit ce tracé qui date de 1965 et qui n’est peut-être plus approprié aujourd’hui. Soit on envisage d’autres solutions, mais là on nous répond que cela va prendre trop de temps et qu’on n’a pas le temps nécessaire car la situation est devenue critique. Alors où est la démocratie ? »
Le jury estime qu’il était du devoir de l’Etat que de leur proposer des solutions alternatives. Ils ont donc l’impression d’être pris pour des « c.... ».
Du côté de l’Université, son représentant estime qu’il est nécessaire de trouver une solution urgente car le campus Sud est en pleine expansion et d’ici 5 ans, ce sont plus de 6.000 étudiants qui auront besoin de parking, d’espaces de circulation, etc...

8 démolitions prévues dans un premier temps

Sur l’ensemble du tracé, 98 propriétaires ont été recensés dont 64 propriétaires, soit environ 120 parcelles concernées, sur la première phase c’est-à-dire entre la Tour des Azalées et la RD 3. Max Rivière, de la DDE du Sud, nous explique que « dans la première phase, il y aurait 8 démolitions à effectuer ». Ces personnes ont déjà reçu un courrier avec une proposition d’indemnisation et en cas de désaccord, la décision de fixation de cette indemnité incomberait au juge. Un arrêté préfectoral de cessibilité a été pris le 1er février dernier concernant le transfert des propriétés, et « pour l’instant, nous en sommes à ce stade ».
D’après Daniel Grondin, responsable du service foncier de la commune du Tampon, sur les 8 démolitions prévues, 2 sont en moyen de se reloger et pour les autres, « la commune pourra leur vendre des terrains communaux à des prix fixés par les services du domaine, ces personnes seront prioritaires sur ces ventes de terrains communaux ».
Un des jurés estime être lésé dans cette affaire puisqu’il a eu un permis de construire en 2000 et qu’aujourd’hui il est exproprié. Du côté de la Mairie, on lui rétorque, « qu’il habite très près de la nouvelle route et que bien sûr après certains ajustements, il s’avère qu’il doit être exproprié ». Néanmoins, la Mairie signale que c’est une exception et que depuis la connaissance du tracé, il ne délivre aucun permis de construire dans les zones concernées.

Résultats mitigés

Après le vote du jury, qui consistait à répondre à une dizaine de questions, on peut dire que les jurés sont conscients de la nécessité d’une nouvelle route et de ses enjeux mais souhaitent davantage de transparence. Lors de ce débat, les personnes concernées ont soulevé plusieurs problèmes notamment au sujet d’une « boucle ou anneau » dans le quartier de la Châtoire dont ils ne comprenaient pas la présence. Ils n’ont d’ailleurs pas eu de réponse à ce sujet. Au sortir de ce jury citoyen, les avis sont très partagés : « une rocade oui, mais avec des aménagements car en l’état, elle n’est pas adaptée », conclut un juré.

La décision finale reviendra au Conseil municipal prochainement qui devra se prononcer en faveur ou en défaveur de ce projet de Rocade Sud du Tampon. Autant se demander à quoi a servi cette séance de jury citoyen ? Autant dire que celui-ci apporte peut-être une caution pour une opération déjà conclue qui échappe aux... concitoyens ?

Sophie Périabe